Elle fait son marché de campagne.
Son propre fils Thomas, Ă©levĂ© par des nounous comme les trois autres, rĂ©vĂ©la que ce nâest pas sa mĂšre, Sa Cynique MajestĂ© Royal, fĂ©ministe imbue de sa personne, qui fait les courses de la maison, mais son pĂšre. Pourtant la candidate rose est allĂ©e faire campagne entre le rayon surgelĂ©s et les caisses d'un supermarchĂ© parisien. Tout est artificiel et fait pour tromper lâĂ©lecteur naĂŻf. Et se leurrer elle-mĂȘme. Elle a tellement besoin de subterfuges pour croire Ă sa victoire, que son entourage lâa menĂ©e avenue d'Italie devant un magasin ⊠Champion ! Elle ne connaĂźt manifestement pas âet ne connaĂźtra jamaisâ lâexistence mĂȘme des magasins Ed ou Lidl, jugĂ©s ni assez bien, ni assez symboliques par lâentourage de la championne socialiste. Trop de dĂ©paysement pourrait lui faire perdre ses marques.
Quelle aventure ! Dame Royal sâest donc quelques instants mĂȘlĂ©e au peuple indigĂšne de France. Quel changement avec Boulogne-Billancourt ! Pourtant, la candidate socialiste se retrouva vite encadrĂ©e par une demi-douzaine d'employĂ©es et par la chef du village, dĂ©lĂ©guĂ©e syndicale CFDT âjustement, mais ça sâest trouvĂ© comme çaâ, une meneuse sympathisante qui dirigeait le petit comitĂ© d'accueil ad hoc d'une visite tenue secrĂšte (!), nous dit-on, jusqu'au matin de lâexcursion en terre de mission. Pour la couleur locale, Reuters met en toute impartialitĂ© une touche militante Ă son compte-rendu : « Toutes portent la veste rouge et blanche de l'enseigne - les couleurs du PS - sur laquelle se dĂ©tache un slogan digne d'une campagne prĂ©sidentielle: "Vous rendre chaque jour la vie plus facile". RĂ©cupĂ©ration, comme dâhab ! Mais surtout rĂ©cupĂ©ration du slogan dâun grand groupe capitaliste. La cynique susnommĂ©e fait son recyclage⊠Concession au merchandising ? A la globalisation ? En un mot, illustration de la cohĂ©rence des propos de Dame Royal.
GuidĂ©e par la chef de village syndicaliste, Marie-sEGOlĂšne dĂ©couvre (câest Reuters qui le souligneâŠ) les caisses automatiques pour les clients ayant moins de dix articles. La misĂ©rabiliste nâa pas osĂ© affirmer que la caisse moins de dix articles est rĂ©servĂ©e aux salariĂ©s pauvres qui nâont pas les moyens de onze articles. ModĂ©rĂ©e, elle sâest sincĂšrement inquiĂ©tĂ©e d'une sociĂ©tĂ© oĂč on "enlĂšve de la prĂ©sence humaine". Remarque particuliĂšrement appropriĂ©e au commerce de grande distributionâŠ
Une dame ĂągĂ©e anonyme et pas militante, qui se trouvait justement lĂ avec son panier rouge en mains et la question appropriĂ©e en mĂ©moire, l'arrĂȘte prĂšs du rayon fruits et lĂ©gumes (dĂ©tail important pour lâauthenticitĂ©) pour lui parler des prix qui ont augmentĂ© "Ă des proportions incalculables" surtout sur les produits "pour les personnes ĂągĂ©es et les enfants". Avenue dâItalie, autant le savoir, les personnes ĂągĂ©es ont droit Ă leurs produits spĂ©cifiques. Comme les chiens, les chats et les diabĂ©tiques ou les obĂšses ? Et pourquoi les enfants plus particuliĂšrement ? La candidate est-elle en campagne contre la chertĂ© des petits pots pour bĂ©bĂ©s ? A-t-elle jamais changĂ© les couches de son pĂšre aimĂ© ? Mais, bon ! Elle ne peut retenir cette remarque jaillie du fond de ses tripes : "Et ce n'est pas pour ça que les salariĂ©s sont payĂ©s plus cher hein?" Cosette nâa pas oubliĂ© ses lectures de Victor Hugo et de EugĂšne Sue, les compagnons de son enfance douloureuse. Situation fabriquĂ©e par ses amis dĂ©tenteurs dâun BTS de journalisme ? Ou peut-ĂȘtre par son entourage de fins psychologues sociaux dĂ©nichĂ©s Ă lâEHESS?
Lâamateurisme de la candidate exploratrice de terres inconnues Ă©clate au grand jour. A l'accueil, celle qui a quatre enfants mais âdĂ©couvreâ les supermarchĂ©s s'enquiert par automatisme socialiste des suppressions d'emplois engendrĂ©es par le passage aux caisses automatiques. "Pas du tout!", lui explique une employĂ©e prise au dĂ©potĂ©. "Au contraire, on en a formĂ© d'autres (caissiĂšres) et repris d'autres. Il y a eu des Ă©volutions de carriĂšre", assure-t-elle face Ă une candidate qui fronce le sourcil, sa visite ayant pour but de dĂ©noncer "la logique de rĂ©gression" de la grande distribution qui mĂ©canise certains postes de travail. Elle est tombĂ©e sur une rĂ©actionnaire ! La chef de village va payerâŠ
ConvoquĂ© sur place, le directeur des ressources humaines de l'enseigne, Marc Veyron, tente d'ouvrir un dĂ©bat participatif avec Royal. "C'est un beau magasin mais il y a beaucoup Ă faire sur l'emploi. Je viens surtout voir les caissiĂšres", assĂšne bille en tĂȘte la dĂ©licieuse candidate du PS, qui retrouve la mĂ©moire et sâassocie le PRG et le MRC pour faire nombre et se donner de lâimportance !
DeuxiÚme tentative polie du DRH suspect quelques minutes plus tard. "On n'a pas pu échanger", se plaint le responsable du grand capital. "Un autre jour", répond, hautaine et cassante, Sa Souriante Majesté Royal en tournant les talons. Ce « un autre jour » est-il lourd de menace ?
Un peu plus loin, Barbara Brasset, une caissiĂšre depuis 1999 et souffrant d'une maladie professionnelle - une tendinite au poignet gauche- depuis 2001 s'est mise en pause pour dialoguer avec la candidate.
Mais prĂ©alablement Ă son face-Ă -face, le seul de toute la campagne prĂ©sidentielle, le dialogue avec les travailleuses, si opprimĂ©es soient-elles, ne devant pourtant pas prendre le pas sur le travail des photographes, Sa DĂ©magogue MajestĂ© Royal range gracieusement, sous l'oeil des photographes, les courses d'une dame dĂ©boussolĂ©e par la foule des journalistes. Dans un sac transparent, elle empile tranquillement fraises garriguette (de Pologne) et baguette tradition. Et pas de Chabichou ? Cette vieille dame est une rĂ©fractaire et une ingrate. En attendant, la presse dĂ©vote donnera Ă croire Ă ses lectrices, mĂ©nagĂšres de plus de cinquante ans, que la candidate serait donc des leurs et ne rechignerait pas Ă faire les courses, si ce nâĂ©tait une tĂąche trop dĂ©valorisante pour une personnalitĂ© de cette envergure.
Entre les packs d'eau (de source de SĂ©go-Ă©colo), de lessive (Royal, qui lave plus rose que blanc) et de lait en poudre (aux yeux), Barbara soulĂšve tous les jours "une grosse charge". Les clients font cependant leur part en les soulevant jusquâau tapis roulant qui les achemine... Pour sept heures de travail par jour du lundi au samedi "avec le vendredi de repos", elle gagne "980 euros net". "Le Smic pile poil", souligne Ă contrecĆur la candidate au langage naturellement jeune et branchĂ© du VII° arrondissement de Paris. Croit-elle aussi que ça fait âpopulaireâ ? Quant Ă elle, Barbara, elle gagnerait mieux en termes de salaire âet de qualitĂ© de vie ?â- en travaillant le dimanche. Tel est le nouveau dĂ©bat auquel la socialiste se refuse de participer⊠Elle a oubliĂ© ses fiches ?
Sâadressant Ă la Royal promotrice blanche de âla rĂ©publique du respectâ, une indigĂšne de la tribu Champion se livre : "C'est un mĂ©tier que j'adore mais ce qui nous incommode le plus, c'est l'incivilitĂ© des clients" qui demandent toujours plus de sourire mais passent Ă la caisse sans interrompre leur conversation tĂ©lĂ©phonique. "Pour certains, on est des machines". Reuters ne nous communique pas les solutions de lâexploratrice socialiste en rĂ©publique indigĂšne. Il faut bouger la bouche Ă sa place. La solution ? Le changement , le vrai⊠Câest-Ă -dire un peu de prĂ©vention et beaucoup de dĂ©magogie dans lâEducation Nationale oĂč, depuis la ligne de touche, le prof est devenu un observateur FSU des IUFM: « lâenfant est au centre du projet » !⊠Lâenseignant nâenseigne plus, il Ă©duque : lâarbitre de touche est devenu Ă©ducateur Ă la place des parents. OĂč est le vrai changement ? Aucun.
Dans les bureaux du magasin, face Ă six employĂ©s, la candidate de gauche rappelle pourquoi elle a fait lâexpĂ©dition de lâavenue dâItalie et rĂ©sume les enjeux de lâ Ă©lection prĂ©sidentielle de dimanche en faisant lâamalgame des pratiques des supermarchĂ©s, des stations-services ou des gares. La Poste est omise ? Face Ă une "sociĂ©tĂ© de sĂ©curitĂ©", qui supprime des emplois de service (la caissiĂšre lui a pourtant dĂ©clarĂ© le contraire âvoir plus haut !) pour mettre plus de vigiles (en a-t-elle rencontrĂ©s Ă Champion ?), elle veut incarner une sociĂ©tĂ© oĂč la "prĂ©sence humaine" sera renforcĂ©e : elle est venue, en passant, elle a fait acte de prĂ©sence, mais point de dialogue, ni donc de prĂ©sence HUMAINE. "C'est un vrai choix de sociĂ©tĂ© qui est lĂ ". Elle aurait pu aussi bien envoyer une cassette vidĂ©o. Incarnation dĂ©sincarnĂ©e : câest nouveau ; il fallait le faire, Royal lâa fait.
Car elle sâest Ă nouveau montrĂ©e Ă son pool de presse et a fait pour cette cliente anonyme ce quâelle nâa jamais fait pour ses enfants : elle a rangĂ© des commissions dans un cabas ! Mais elle nâa pas Ă©changĂ© Ă mesure des rencontres. Elle a parfois commentĂ© Ă certains arrĂȘts, mais sans engager aucune conversation. La technique du dĂ©bat participatif est âvalableâ ici comme ailleurs, en toutes circonstances : on Ă©coute les interventions successives et on dit ensuite ce quâon a Ă dire, en rapport ou non ! Mais pas de dialogue, jamais de contradiction : elle dĂ©teste la contradiction; elle casse les contradicteurs. Alors, elle avait toute prĂȘte une synthĂšse de tout ce quâelle voulait dire de toute façon dans cette situation prĂ©parĂ©e. Elle dĂ©livre donc le message pour lequel elle a Ă©tĂ© briefĂ©eâŠ
Câest Ă©couter sans entendre, pour imposer ensuiteâŠ
Votre conclusion résume parfaitement la méthode Royal et le gros mensonge de la démocratie participative "royaliste"...
RĂ©pondreSupprimerLa dĂ©mocratie participative de SĂ©go est un leurre Ă gogo. Elle Ă©coute, peut-ĂȘtre, mais n'entend surement pas.
Julien