Quand Ségolène Royal invente une exception française: intox ou ignorance ?
La ministre de l'Ecologie a besoin d'une cure de désintoxication
Ce qu'elle raconte n'est pas parole d'évangile... |
Selon elle, la France serait le seul pays au monde à proposer l'école maternelle gratuite.
"Ce qui est important c’est de garder le socle. C’est quoi le socle ?" interroge-t-elle dans ce "débat participatif" dont elle a le secret, avant d'apporter sa réponse très personnelle. " C’est aussi de sécuriser les structures d’accueil, par exemple la garde de la petite enfance, les écoles maternelles gratuites - ce qui est unique au monde hein, les écoles maternelles françaises gratuites, c’est unique au monde."
L'intox ne passe pas plus que le plug anal de la place Vendôme
Depuis qu’elle a décidé de moduler les allocations familiales en fonction des revenus, la majorité doit se défendre de sa volonté de mettre à mal la politique familiale française. Une escouade de ministres polémistes s'est répandue sur les plateaux de radio et de télévision et Ségolène Royal a donné de sa personne, vendredi matin, au cours de la Matinale d’i-télé.
La marotte familiale de la ministre de l’Ecologie, du temps où elle a été ministre déléguée du sujet (2000-2002), c'est ce socle ce socle, "ce qui est donné à la naissance", "un congé parental de longue durée", mais aussi "sécuriser les structures d’accueil, par exemple la garde de la petite enfance, les écoles maternelles gratuites - ce qui est unique au monde hein, les écoles maternelles françaises gratuites, c’est unique au monde."
VOIR et ENTENDRE la nouvelle bourde Royal (à partir de 2’25") :
DESINTOX: après douze ans, ses fiches ne sont plus à jour...
Nataliste, la politique familiale française est plutôt avantageuse aux bénéficiaires et l’accès à l’école publique et gratuite en France est probablement l’un des plus larges au monde, mais en faisant de l’école maternelle gratuite une exception française à l’échelle planétaire, Ségolène Royal n’avait donc franchement pas besoin d’aller jusqu’au coup de bluff.
La prise en charge scolaire des jeunes enfants avant 7 ans est inégale à travers le monde. Mais, dans la plupart des pays développés, elle est généralisée. Et "dans la majorité des pays de l’OCDE, au moins une année de pré-scolarisation est proposée à titre gratuit", souligne dans une note de février 2013 l’Organisation de coopération et de développement économiques, qui regroupe 34 pays, dont la plupart des Etats membres de l’UE, les Etats-Unis, le Japon, l’Australie ou encore le Canada.
La préscolarisation est ainsi gratuite aux Pays-Bas pour les enfants de 4 à 5 ans, en Angleterre et en Ecosse pour ceux de 3 à 4 ans. Et surtout, "certains pays ont étendu ce droit pour inclure des enfants encore plus jeunes : la France ne fait pas mieux qu'Israël, le Mexique, le Portugal ou la Suède qui offrent des services gratuits d’éducation ou d’accueil pour tous les enfants de 3 à 6 ans.
La préscolarisation est ainsi gratuite aux Pays-Bas pour les enfants de 4 à 5 ans, en Angleterre et en Ecosse pour ceux de 3 à 4 ans. Et surtout, "certains pays ont étendu ce droit pour inclure des enfants encore plus jeunes : la France ne fait pas mieux qu'Israël, le Mexique, le Portugal ou la Suède qui offrent des services gratuits d’éducation ou d’accueil pour tous les enfants de 3 à 6 ans.
L’OCDE parle de "services gratuits d’éducation ou d’accueil", et ce n’est pas un hasard : les philosophies peuvent varier d’un pays à l’autre, comme le rappelle l’Institut français de l’éducation (IFE), dans une note publiée en avril dernier et intitulée "Petite enfance : de l’éducation à la scolarisation". Marie Gaussel, chargée d’étude et de recherche au sein de l’IFE, distingue deux approches : l’une "globale", qui "privilégie le développement social et le développement de la personne sans exclure des apprentissages plus structurés (mais rudimentaires) pour la lecture l’écriture et le calcul", et plutôt appliquée en Europe centrale et nordique ; l’autre "plus scolaire (pré-primaire)", dans les pays anglophones et en France, selon laquelle "l’enfant est un individu à former", et "l’école est là pour lui permettre d’acquérir des compétences le préparant à la scolarité primaire et à sa vie d’élève".
Toutes les écoles maternelles du monde n’ont donc pas les mêmes exigences éducatives, mais là encore, la France n’est pas seule à proposer une approche "pré-primaire" gratuite. De toute façon, la philosophie même de la prise en charge dès le plus jeune âge contredit l’idée d’un accès payant aux écoles, car, comme le rappelle Marie Gaussel, "les programmes préscolaires sont importants pour faire face aux disparités éducatives qui engendrent rapidement des inégalités entre les enfants, inégalités qui persistent tout au long de la scolarité. Dans la plupart des pays, on considère donc qu’il est nécessaire de proposer ces programmes en priorité aux enfants issus des groupes défavorisés." De son côté, l’OCDE souligne que "les politiques d’accueil des jeunes enfants font souvent partie intégrante des mesures de lutte contre la pauvreté ou d’équité éducative" et que "de nombreux gouvernements des pays de l’OCDE considèrent l’accueil des jeunes enfants comme un investissement public".
Résultat : près de 80% des enfants de 4 ans sont inscrits dans des programmes d’éducation ou d’accueil de jeunes enfants au sein des 34 pays de l’OCDE. Un pourcentage qui monte à plus de 95% dans treize pays. Dont la France, évidemment.
La préscolarisation au sein de l'OCDE
Taux de scolarisation dans l'enseignement préprimaire et primaire à l'âge de 4 ans / Répartition des élèves prescolarisés en établissement public (données 2010)
Taux de scolarisation à 4 ans
Part des élèves préscolarisés dans des établissements publics
Canada
20
Part des élèves préscolarisés dans des établissements publics
40
60
80
100
Pays-Bas
France
Mexique
Belgique
Espagne
Danemark
Japon
Italie
Norvège
Allemagne
Suède
Moyenne OCDE
Russie
Etats-Unis
Royaume-Uni
Australie
Canada
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):