Le nucléaire assure 25% et 85% des besoins énergétiques des pays respectifs
La presse française d'opposition salue la déclaration de la chancelière allemande Angela Merkel de sortir l'Allemagne du nucléaire, mais adopte un angle plus polémique et partisan qu'écologiste et environnemental, en accordant une portée politique à cet effet d'annonce pour dans dix ans. Elle compte en effet que la promesse politique de la chancelière sortante aura un impact direct sur la campagne présidentielle française.
Bien que le lobbying anti-nucléaire allemand soit très actif depuis de nombreuses années déjà et sachant pourtant que les Français restent attachés à cette technologie de pointe initiée par le Général De Gaulle, des éditorialistes français accordent une portée "historique" à cette annonce allemande de sortie du nucléaire pour 2022, estimant que cette option pourrait plonger dans l'embarras le président Nicolas Sarkozy, fermement pro-nucléaire malgré la catastrophe de Fukushima et dans l'attente de sources de substitution.
=> Le premier ministre, François Fillon, a affirmé que la France "respectait la décision allemande", mais que ce n'était "pas le choix" fait par le gouvernement français, qui juge que cette énergie constitue une "solution d'avenir".
=> "La France a fait depuis un demi-siècle le choix du nucléaire, qui produit aujourd'hui 80 % de l'électricité en France", a dit pour sa part le ministre de l'industrie, Eric Besson. "Ce choix reste pertinent, parce que la France a acquis ainsi une forte indépendance énergétique ; elle dispose ainsi d'une électricité 40 % moins chère que dans la moyenne des autres pays européens. Les ménages allemands par exemple paient leur électricité deux fois plus cher", a-t-il ajouté.
=> Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, s'est également montré "totalement défavorable" à une telle décision pour la France. "85 % de notre énergie est produite par le nucléaire (...). C'est aujourd'hui un élément majeur de la puissance industrielle de la France", a-t-il affirmé sur RTL.
=> Ainsi, selon Hubert Coudurier dans Le Télégramme, "en confirmant le geste qu'elle avait eu au lendemain de la catastrophe de Fukushima, la chancelière Angela Merkel plonge la France dans l'embarras". Le journal, radical et laïc, se situe plus à gauche que Ouest France, au point d'avoir déconseillé de voter pour la socialiste Marie-sEGOlène Royal à la présidentielle de 2007.
=>"L'accident de la centrale japonaise de Fukushima...a rappelé au monde le risque atomique", note Dominique Quinio dans La Croix, journal progressiste, bien que la catastrophe ne soit pas nucléaire, mais tellurique.
=> Outre que Didier Louis, qui n'a pas peur des mots, qualifie cette décision de "big bang" et "d'historique" dans le Courrier picard, la dirigeante allemande "a donné un sacré coup de pied dans le nucléaire !", selon Jacques Camus dans La République du Centre, de Centre gauche. Elle fait ainsi "endosser à l'Allemagne un rôle précurseur dans la construction d'un nouveau modèle énergétique" et "relance avec acuité, au-delà des frontières germaniques, le débat sur le nucléaire."
=> Mme Merkel "pose donc un vrai défi économique et écologique à la France en divergeant de sa politique énergétique, à majorité nucléaire", renchérit Xavier Panon dans La Montagne. "Le débat présidentiel (français) sera agité par ces atomes crochus, porteurs d'un choix de société", poursuit-il.
=>"L'annonce allemande constitue un choc et changera profondément la donne de la campagne de 2012", prédit Jacques Guyon dans La Charente Libre. "Peut-on, parce que nous avons mis tous nos oeufs dans le même panier continuer à prétendre que nous sommes seuls à avoir raison?", s'interroge-t-il.
"Le pari allemand nous concerne tous"
Le nucléaire assure 25% des besoins énergétiques en Allemagne et 85% en France: le problème ne se pose donc pas dans les mêmes termes.
ECOUTER la chronique du 31 mai 2011 de Jean-Louis Gombeaud sur RTL.
"Le pari allemand nous concerne tous"
Le nucléaire assure 25% des besoins énergétiques en Allemagne et 85% en France: le problème ne se pose donc pas dans les mêmes termes.
ECOUTER la chronique du 31 mai 2011 de Jean-Louis Gombeaud sur RTL.
=> Dans le genre hypocrisie, Angela Merkel n'a donc rien à envier aux Grünen ou au PS, car l'Allemagne devrait acheter une partie de son énergie à l’étranger: de l'électricité nucléaire française ! Dans la série « faites ce que je dis mais pas de ce que je fais », la chancelière allemande les bat tous, si c'est possible.
Mais la presse française entre en surchauffe
Convaincue d'aller dans le sens de l'Histoire, elle s'aligne sur le dernier qui a parlé. Les commentaires sont faciles et vont bon train, après avoir fait campagne contre les éoliennes ou le gaz de schiste, sans un mot sur le réalisme des sources d'énergie alternative et sans une proposition recevable.
Le PS, bien que divisé, reste très attaché au nucléaire, mais, à lire la presse dans l'air du temps, la promesse Merkel ne gênerait que la majorité.
"Pour les lobbies de l'atome...c'est jour de deuil", ironise Michel Lépinay dans Paris Normandie et "pour le gouvernement français, c'est aussi bien sûr une très mauvaise nouvelle" puisque "la décision allemande pourrait peser lourd sur le débat politique en France", alors que "depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, l'UMP brandit sans cesse, sur tous les tons, l'exemplarité germanique". Après ce revirement allemand, la France risque également de se faire "distancer" dans la course aux énergies renouvelables.
"Au-delà du choix politique et politicien", assure Bernard Le Solleu dans Ouest-France, "Merkel prend une décision majeure pour l'économie la plus puissante d'Europe". "Quoi qu'en disent les patrons d'EDF et d'Areva, ce changement de cap à Berlin aura des conséquences au sein de l'Union européenne", commente l'éditorialiste de Ouest-France, relevant que l'Italie, l'Autriche, la Belgique et la Suisse "se détournent" également du nucléaire. Et si en France "le lobby nucléaire s'est attaché à décrédibiliser l'initiative d'outreRhin... S'arrêter là serait une erreur", martèle Rémi Godeau de L'Est Républicain. "Car le pari allemand nous concerne tous."
Omissions de la presse de gauche
Angela Merkel semble avoir les faveurs de l'opposition, mais en octobre 2010, alors que le débat sur l'intégration des musulmans battait son plein depuis la sortie de l'ouvrage polémique de Thilo Sarrazin, elle affirma que « le modèle multiculturel allemand [Multikulti] a totalement échoué ».
Fin 2010, entre autres débats, celui sur le prolongement de la durée de fonctionnement des centrales nucléaires divisait le Cabinet Merkel et la majorité.
Sa dernière déclaration sur le nucléaire est donc de nature politicienne et peut être remise en question par son successeur. La présidente du groupe nucléaire français Areva, Anne Lauvergeon, n'exclut pas un retournement de situation d'ici à cette échéance. Interrogée sur le caractère "irréversible" de cette mesure, la présidente d'Areva a fait valoir que "d'ici à 2022, il peut se passer beaucoup de choses".
Anne Lauvergeon a souligné qu'elle s'attendait à "une réaction allemande spécifique" après la catastrophe de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima en mars, soulignant que la situation du nucléaire au Japon "n'a pas d'équivalent dans le reste du monde".
Benoît Hamon, porte-parole du PS, plaide évidemment pour que la question soit tranchée, en France, par un "arbitrage du peuple français" au moment de l'élection présidentielle. Malgré un projet adopté à l'unanimité, le PS se divise sur le sujet: Tartine Aubry veut sortir du nucléaire mais elle refuse de se lier en livreant son calendrier, tandis que Flamby Hollande, lui, estime que l’on ne peut pas se passer du nucléaire, mais amateur d'eau tiède, il préfère "aller vers une réduction de la part du nucléaire". Son échelonnement ? Reporté aux calendes grecques. Mais Hamon-le-benêt demande aux électeurs de trancher !...
Les Français auront le temps de méditer l'information de la présidente d'Areva. Pour Mme Lauvergeon en revanche, "c'est une décision totalement politique. Il n'y a pas eu de référendum ni d'appel à ce que pensait l'opinion publique, même si les sondages montrent l'émotion des Allemands". Sur BFM Radio Anne Lauvergeon a encore souligné que la fermeture déjà effective de sept réacteurs en Allemagne a "entraîné un renchérissement significatif des coûts de l'électricité en Allemagne, avec des conséquences pour la base industrielle installée".
=> Lien agence de presse: "Nucléaire: l'Allemagne double ses importations d'électricité française" (4 avr. 2011)
Gros consommateurs de charbon de mauvaise qualité – donc très polluant – les Allemands pourront toujours continuer à l'extraire de ses mines de l’ex-RDA ou près de Leipzig et Cologne… C’est une énergie peu chère, mais l'Allemagne en consomme 200 millions de tonnes par an et c'est au mépris de la cause environnementale, mais c'est avec la bénédiction des Verts. Un modèle pour nos propres illuminés et la presse hexagonale toujours prête à critiquer le gouvernement en place.
Plus avec France Info
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