dimanche 31 janvier 2016

Taxis : Valls traite avec les auteurs de violences "inadmissibles"

Valls condamne des violences "inadmissibles" de chauffeurs de  taxis, mais les invite à Matignon...

Plusieurs mouvements de mobilisation sociale 
ont convergé ce mardi 26 janvier en France
, et aussi les taxis. 
Forts de leur monopole et d'une réglementation sur mesures,
les puissants taxis traditionnels n'ont pas su évoluer 
Les 5,6 millions d’agents de la fonction publique étaient appelés à cesser le travail et à défiler pour une hausse du pouvoir d’achat. Les deux premiers syndicats de contrôleurs aériens ont aussi participé au mouvement, entraînant l’annulation préventive de 20 % des vols. 
Côté éducation nationale, enfin, un tiers des enseignants des écoles maternelles et élémentaires devaient se mettre en grève, selon leur habitude, d'après le syndicat hégémonique. Les professeurs du second degré ont, quant à eux, été plus nombreux que prévu à débrayer contre la réforme du collège.

Du côté des taxis, des milliers de chauffeurs  ont répondu à l'appel à se mobiliser en France pour protester contre les "dérives" de leurs concurrents du secteur des voitures de transport avec chauffeur (VTC). Des actions se sont notamment déployées à Paris et autour des aéroports de Roissy et d’Orly, mais aussi en régions.

Le déroulé de la journée de mobilisation

En début de matinée, une navette force un passage, un manifestant est blessé
Selon la préfecture de police, 1.200 taxis ont été comptabilisés sur différents sites de protestation, notamment à l'aéroport d'Orly, où quelques dizaines de manifestants ont organisé un filtrage sur l'A106 en installant des plots sur la chaussée, ne laissant passer que les taxis en grève, dans une ambiance surchauffée. Mais, peu après 7 heures, une navette a forcé le passage et percuté un manifestant qui a été blessé à la jambe. Les autres manifestants ont frappé aux vitres du minibus, et ont forcé ses passagers à en descendre.
Le conducteur de la navette a été interpellé, et est entendu dans les locaux de l'hôtel de police à Orly. Il dit avoir accéléré sous l'effet de la panique.

Cette photo a été postée sur Twitter peu avant 9h00  par un journaliste de France TV Info. Depuis, les pompiers sont intervenus pour éteindre les pneus en feu. Le calme est revenu sur le périphérique parisien et la circulation a repris.
Vingt personnes ont été interpellées en Ile-de-France lors des manifestations de chauffeurs de taxi. 19 manifestants ont été arrêtés à la Porte Maillot, après plusieurs blocages du périphérique parisien, et le chauffeur de navette qui a renversé un manifestant est entendu dans les locaux de la police à l'aéroport d'Orly.

A 12h15, des représentants des chauffeurs de taxis seront reçus par Manuel Valls à Matignon, alors que devant le ministère de la Santé, une centaine de grévistes des hôpitaux de Paris manifestent aussi pour protester contre la réforme du temps de travail dans les hôpitaux franciliens. "Hirsch vole le repos des héros", pouvait-on lire sur une pancarte. Dans les grandes lignes, cet aménagement du temps de travail repose sur des suppressions de RTT et instaure de nouvelles organisations pour les 75 000 agents (hors médecins) des 39 établissements de l'institution. Au retour de la délégation reçue par le cabinet de la ministre de la Santé Marisol Touraine, les manifestants devaient rejoindre le cortège des fonctionnaires.


Valls condamne les violences "inadmissibles" lors de la manifestation des taxis
Le premier ministre fait référence à des jets d'oeufs ou des pneus brûlés. "Il y a un droit de manifester. Il faut le respecter, même dans cette période d'état d'urgence. Mais les violences sont inadmissibles: aucune cause ne peut justifier une telle violence", a-t-il dramatisé à la sortie de la réunion du groupe socialiste à l'Assemblée, avant de recevoir à 12h15 à Matignon une délégation d'organisations professionnelles de taxis.

A la mi-journée, le ministère de l'Education annonce un taux de grévistes de 22,32% au collège, 12,24% dans le primaire et 3,66% parmi le personnel non enseignant. Pour le second degré dans son ensemble (collèges et lycées), le taux atteint 13,66%.

Manuel Valls propose l'ouverture d'une concertation avec les taxis, ainsi que la nomination d'une personnalité qualifiée, à l'issue d'une réunion avec les représentants des chauffeurs de taxis qui protestent contre la concurrence des voitures de transport avec chauffeur (VTC).

Les forces de l'ordre viennent pourtant d'interpeller vingt-deux personnes, dont 14 placées en garde à vue, après des incidents au cours des manifestations, selon l'annonce de la préfecture de police de Paris.


Au final, le premier ministre se calme

Qu'a donc promis Valls aux chauffeurs de taxis contre les conducteurs de 
VTC - qu'il n'a pas offert aux éleveurs bretons ? Les représentants des taxis en colère des compagnies hégémoniques étaient moins agressifs à l'issue de la rencontre avec Manuel Valls jeudi soi, après trois jours de mobilisation des taxis et une première réunion avec le médiateur chargé de mener une concertation avec les VTC. Le Premier ministre a repris le dossier en recevant, jeudi soir, l’ensemble des organisations professionnelles de taxis, deux jours après une précédente rencontre où certaines n’avaient pas été conviées. Diviser pour régner?
Après trois heures de discussion, plusieurs organisations professionnelles ont appelé les chauffeurs en grève à lever les barrages, comme l’Union nationale des taxis (UNT) qui a salué l’entrée dans une "phase positive". Mobilisés par solidarité, d’autres syndicats (CFDT, proche du gouvernement, FO, SDCTP) ou associations (Taxis de France), se sont aussitôt montrés ouverts à une levée du mouvement, et ont indiqué vouloir consulter la base avant toute décision. La situation devait donc se dénouer vendredi matin. La préfecture de police de Paris joue le jeu, recommandant aux automobilistes d’éviter les secteurs de la Porte Maillot et de la Porte de Bercy, ainsi que les abords des aéroports d’Orly et de Roissy.

1 400 taxis mobilisés jeudi
Jeudi, pour la troisième journée consécutive, des centaines de taxis ont manifesté en région parisienne contre les véhicules de transport avec chauffeurs (VTC). Les rassemblements, réduits en matinée, ont grossi au fil de la journée, notamment porte Maillot où la CGT recensait 1.600 chauffeurs. En milieu d’après-midi, la police comptabilisait elle-même 1.400 taxis mobilisés, un peu plus que la veille (un millier), mais moins que mardi (2.100). Dans les aéroports, plus de 160 taxis ont bloqué les têtes de station à Orly. A Roissy, un manifestant a été renversé par un chauffeur de VTC, qui a été aussitôt interpellé.

La colère des taxis vise le ministre de l’Economie 
Si Uber, qui, en quelques années,  a ouvert ce secteur protégé à la concurrence avec son application leader du marché international, et reste ainsi leur cible dans les media, c'est Emmanuel Macron qui concentre actuellement la fureur de la profession. En effet, le ministre de Valls s’est fait, jeudi, le porte-parole d’une des idées lancées par Uber, à savoir l’ouverture aux artisans taxis des plateformes de géolocalisation des VTC.  
Mais les taxis conservateurs protestent aussi contre cette avancée
Ce jeudi, pour la première fois, plusieurs organisations professionnelles de taxis avaient commencé par rencontrer le médiateur finalement chargé, à défaut de Hollande ou Valls, de mener la concertation entre VTC et taxis, laquelle était refusée sur le terrain par des centaines de chauffeurs mobilisés encore à Paris, Marseille et Toulouse. 
La réunion avec le député PS Laurent Grandguillaume, qui a débuté vers 12h30 à Matignon, en présence de conseillers du premier ministre, visait à préparer l'entrée en scène de Valls en "poursuivant le dialogue entre les taxis et le gouvernement dans la suite de la feuille de route tracée par le premier ministre mardi", avait indiqué le cabinet de Manuel Valls.

Vers une coexistence
Mais, dans l’intersyndicale à l’origine des rassemblements porte Maillot et dans les aéroports parisiens, la CGT, Sud et la CFDT, sur 13 organisations invitées, ont décliné et menacé de "durcir" le mouvement. 
Et deux autres (FO et FNTI), très mécontents, ont claqué la porte à 15h30. "Rien de concret," même s’il y a "une volonté de faire quelque chose. On ne peut pas attendre", a déclaré Nordine Dahmane (FO). 
Restaient présents, des membres plus modérés de l’intersyndicale, dont l’UNT et Gescop, déjà reçus mardi.

Votée en 2014 pour encadrer la coexistence des deux services, la loi Thévenoud était favorables aux grosses compagnies traditionnelles et prévoyait une application nationale réservée aux... taxis, mais celle-ci n’a pas encore été mise en place. Et surtout, elle n’est "pas appliquée", répètent les taxis, qui dénoncent l’absence de contrôles des VTC, censés travailler uniquement sur réservation préalable. Pour avoir "incité" ses chauffeurs à pratiquer le maraudage, privilège des taxis, Uber a été condamné mercredi à verser 1,2 million d’euros à l’Union nationale des taxis (UNT) dite "modérée" mais surtout proche du PS.

"Manuel Valls a su se montrer convaincant", assure BFMTV


Jeudi soir, les représentants des taxis considéraient que les VTC étaient acceptables. Ils ont décidé la levée du mouvement de contestation contre la concurrence des VTC, malgré un contentieux d'incidents violents d'incidents
A part une poignée d'irréductibles qui campaient encore Porte maillot, à Paris, refusant "les promesses" et les assurances données à la profession dans la nuit par le Premier ministre, les taxis ont repris le travail ce vendredi.
Quel compromis les services de Matignon ont-ils proposé ? 
"Le Premier ministre a d'abord dit sa considération pour la profession", commente Alain Griset, président de l’Union nationale des taxis (la fameuse UNT, qui représente des artisans taxis), en préambule sur RMC. "Puis, il a affirmé la volonté du gouvernement de faire respecter la totalité de la loi. Ensuite, il a dit son engagement à travailler sur le modèle économique, sa volonté d'anéantir cette concurrence déloyale" des VTC et de réparer le préjudice de la profession. Arrivée des courses: les Français vont douiller.
Achoppement sur le rachat des licences: "c'est compliqué, il y a pleins de paramètres"...
Tous les sujets ont été mis sur la table, assure encore Alain Griset, un modéré très en pointe. Même l'épineux sujet des licences payées (parfois plus de 200.000 euros) par la mafia des taxis pour pouvoir exercer la profession. "La question du rachat des licences est sur la table. Oui, c'est une piste. Le Premier Ministre s'est engagé à ce que ce sujet soit abordé et qu'on trouve, parce que ce n'est pas facile, le modèle économique qui permette de sortir de cette situation". Qui finance ? L'Etat ? Quoi qu'en dise Hollande, l'Etat, ce sont les contribuables et ils sont moins de 50% des Français.
Interrogé sur le coût du rachat des licences, Alain Griset souligne que "c'est compliqué"... Va-t-on vers une plus-value des taxis sur le rachat de leurs licences ?
"Il y a pleins de paramètres, dont l'ancienneté. Avec quel argent ? Sur quels critères ? Il y a un travail à faire, et nous allons le faire dans les prochains jours et prochaines semaines", promet-il.

"Création de brigades spéciales pour contrôler les chauffeurs"
L'incapacité des taxis archaïques à s'adapter à l'ubérisation du marché va nous coûter un maximum. Manuel Valls a en effet engagé le budget de la nation, en sorte de pouvoir renforcer les contrôles des chauffeurs illégaux.
L'accord que vante Griset achoppe encore sur un autre point. Les taxis se veulent intransigeants sur "les plateformes (de réservations de VTC) [qui] utilisent 70% de chauffeurs illégaux, insiste Alain Griset. Le Premier ministre s'est engagé à fermer ces plateformes si elles continuent ces pratiques. 
Il a également annoncé la création dans 12 départements de brigades spéciales chargées de sanctionner et d'arrêter les 70% de VTC dans l'illégalité". Sur quel crédit et par quel basculement d'effectifs - en période de mobilisation anti-terroriste maximale - Valls compte-t-il réaliser la quadrature du cercle des taxis ? Les 12 départements concernés sont : Paris, Val-de-Marne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Rhône, Gironde, Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Alpes-maritimes et Nord.

Pour Macron, les demandes des taxis ne sont pas acceptables

Mettant Valls en difficultés, "il ne peut être question de fermer certains plateformes et d'empêcher d'autres professionnels de travailler", a lancé le ministre de l’Économie, appelant à la levée des blocages menés par les taxis en grève. "La solution dans l'agitation et par le blocus, moi, je la considère comme inacceptable", a déclaré  Emmanuel Macron. "Je leur demande la levée des blocus", a-t-il ajouté à Fos-sur-Mersur le thème du renouveau industrielen marge d'une visite d'usine devant laquelle une vingtaine de taxis étaient stationnés à son arrivée dans l'après-midi.

"Ce n'est pas moi qui ai fait la réforme des taxis"
"Il y a des Françaises et des Français qui vont à leur travail, qui ont aussi une vie très difficile et qu'on prend en otage pour simplement que les pouvoirs publics cèdent: ça n'est pas ma philosophie des choses", a martelé le patron de Bercy. 
"Ce n'est pas moi qui ai fait la réforme des taxis, ce sont les Françaises et les Français qui en ayant recours à d'autres services ont simplement dit "on a besoin d'une mobilité parfois différente'", a-t-il expliqué.
Mais, sous la pression de la rue, Valls s'est résolu à recevoir les preneurs d'otages.

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