jeudi 17 novembre 2011

Nucléaire: Hollande propose un marché de dupes à Europe Ecologie

Le vertueux Hollande cède à Areva dans le dos des écolos

Le PS fait sournoisement disparaître quelques lignes de l' accord signé


Le
"contrat de mandature" signé dans la douleur, mardi 15 novembre à 15h30 entre EELV et PS, comportait un point précis : " La reconversion, à emploi constant, de la filière de retraitement et de fabrication du MOX", un type de combustible nucléaire. Cette phrase figure en toutes lettres en page 16 de l'accord, que Le Monde fait fuiter.
Accord PS-EELV, 1e version Le Monde:


Plus qu'une supercherie, une trahison de la parole donnée

Le Monde se donne l'excuse de ses fuites sur l'abandon de la filière MOX par le fait qu'il est également révélé par une dépêche d'agence de presse datant de 19 h 30 mardi et détaillant les principaux points d'accord entre écologistes et socialistes.
Or, cette phrase a tout bonnement disparu de la version finale de l'accord présenté à la presse après son vote par le Bureau national du PS, dont voici le fac-similé.
Accord EELV-PS distribué à la presse mardi 15 novembre Le Monde

Comme on le voit, le texte est tronqué: un paragraphe entier a subrepticement disparu.

Hollande-le-mou n'a pas su résister au lobbying d'Areva

La disparition de ce point d'accord est tout sauf innocente
et porte gravement atteinte à la crédibilité du PS, après qu'il a été distribué par le conseil national du PS.
Le MOX (pour "mélange d'oxydes") est un combustible "recyclé", fabriqué à partir d'uranium ou de plutonium déjà consommé dans des centrales, et une spécialité du géant français du nucléaire Areva qui produit 95% du MOX dans le monde. Il est employé dans 20 réacteurs en France, et notamment pour le réacteur à eau pressurisée (EPR) de Flamanville (même si celui-ci pourrait fonctionner sans) symbolique de la campagne de terrorisme anti-nucléaire menée par Europe Ecologie-les Verts, avec les altermondialistes.
Ce combustible est dénoncé par les écologistes, notamment parce qu'il est beaucoup plus radioactif que le combustible courant.

L'abandon d'une telle filière aurait donc constitué un signe fort d'une volonté socialiste de
réduire fortement la part du nucléaire, mais aussi un très mauvais signal pour le groupe Areva, qui a fait du Mox et de son exploitation l'un de ses paris stratégiques.

Le groupe AREVA confirme "être intervenu" auprès du PS au sujet de l'accord PS-EELV
, pour le
prévenir des "des conséquences économiques, sociales, industrielles, environnementales très graves, qui conduiraient aussi à la disparition du leadership de la France dans le nucléaire civil".

Simple "confusion", selon Le Monde !
Le Monde fait porter sur Michel Sapin la responsabilité de l'ajout du paragraphe sur le MOX dans le cadre des négociations, car il était chargé de superviser le projet de François Hollande. Et Le Monde assure parallèlement que le candidat socialiste lui-même aurait tiqué en découvrant ce passage après la signature de l'accord, et aurait donc refusé qu'il figure dans le texte, et fait part de ce point de vue à Cécile Duflot.
La dirigeante des Verts n'a cependant pas réagi publiquement à ce désaccord supplémentaire. Soucieuse de préserver son accord de parachutage sur Paris avec le PS pour les législatives, Cécile Duflot se retranche derrière la parole donnée par le PS et se refuse à croire officiellement à la trahison.

En fin de matinée,
Pascal Durand, porte-parole d'EELV, a dit "attendre que Martine Aubry appelle Cécile Duflot" pour l'informer de la situation...
" Des textes modifiés après accord, on a rarement vu ça ", a-t-il tonné. L'accord doit être ratifié samedi par le conseil fédéral des écologistes.

Jean-Vincent Placé
,
conseiller politique de Cécile Duflot, ajoutera un peu plus tard : " J'ai eu une discussion avec Michel Sapin. Il y a des passages très précis sur la reconversion de la filière de retraitement du MOX. C'est ce texte qui fait foi ".

En fin de matinée mercredi, le porte-parole du PS,
Benoît Hamon, a indiqué -avec tout le sérieux du monde- que le paragraphe avait été "retiré provisoirement" [sic], afin de "clarifier" une "différence d'interprétation" entre socialistes et écologistes. LOL !! " Ce point ne fait pas l'objet d'un désaccord" entre les deux partis, a assuré le rigolo, mais " d'une différence d'interprétation". Il a promis que les négociateurs PS allaient "en reparler avec leurs partenaires d'EELV". Dans un "débat participatif" probablement juste et respectueux ?

"Hors de question de sortir du nucléaire
"

Ce marché de dupes amène les fanfarons écologistes à jouer l'ignorance, face à l'innocence socialiste.

Sur
Twitter, Cécile Duflot esquivait dans la matinée : " Suis une femme pas compliquée [MDR]: un accord passé est un accord qui engage. Pas d'autres commentaires :-)". Mais cette position ne permet pas de patienter longtemps.

Expert en 'république bananière', Noël Mamère, ancien candidat écologiste à la présidentielle, a aussitôt dénoncé une trahison du PS : "Si le PS, sous la pression d'Areva et du lobby nucléaire, décide de
changer d'avis, cela va changer la donne pour nous et on ne peut pas construire l'avenir et une pacte majoritaire avec des gens qui renient leur parole ".

Mercredi après-midi, après Hamon, le nouveau chargé de la communication de campagne de
François Hollande, Manuel Valls, a assèné que le PS souhaitait " bien évidemment garder la filière Mox ". Et de renchérir :" Nous poursuivrons l'activité de production de combustible et de retraitement ". Un désaveu on ne peut plus explicite de l'accord signé la veille par Martine Aubry et Cécile Duflot. Manuel Valls explique : "Tant qu'il y aura des centrales nucléaires en activité, il nous faudra produire du combustible et le retraiter". Rappelant que pour François Hollande, "il est hors de question de sortir du nucléaire", il ajoute, lisant une déclaration, "si on est favorables à l'EPR de Flamanville, celui-ci fonctionne au Mox, et par ailleurs une vingtaine de centrales nucléaires fonctionnent au Mox". "La filière Mox doit être maintenue, l'usine de La Hague également".

Un argumentaire pour le moins déroutant
: d'une part, l'EPR comme toutes les autres centrales fonctionnant au MOX peuvent
utiliser d'autres combustibles. Ensuite, le PS disait dans la matinée... exactement l'inverse. Interrogé par le site Mediapart, Michel Sapin, chargé du programme pour M. Hollande, expliquait : "Puisqu'on ferme des centrales, on va donc produire de moins en moins de MOX, c'est ce qui est dit dans ce paragraphe
".

L' "impétrant" socialiste putatif à l'Elysée est-il un vraiment bien 'normal' ?

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