jeudi 7 janvier 2010

Philippe Seguin n’est plus

Avec lui s’en va un peu de la dignité en politique
Philippe Séguin avait incarné une haute idée du service public.

Il y avait consacré sa vie. Reste une génération de carriéristes fielleux : des Royal, des Cambadélis, des Mamère ou des Hamon, des vaines prétentions à la bassesse, de l’indigence intellectuelle au vide moral et du populisme à la haine.

Philippe Séguin, c’était quelqu'un

Né en avril 1943 à Tunis, il n’a pas connu son père, mort à 22 ans au champ d’honneur. Il est lui-même mort jeudi matin dans les honneurs, comme Premier président de la
Cour des comptes. Il a succombé à une crise cardiaque à son domicile du XVe arrondissement parisien et son décès vers 7h20 a été constaté par les pompiers appelés sur place.

Pupille de la nation, Philippe Séguin avait accédé à l'ENA par son seul mérite, pour entrer au secrétariat général de l'Elysée sous la présidence de Georges Pompidou, puis au cabinet du premier ministre Raymond Barre dans les années 1970. Il sera député des Vosges de 1978 à 1986 et maire d'Epinal (1983-1997). Philippe Séguin fut notamment ministre des Affaires sociales et de l'Emploi dans le gouvernement de Jacques Chirac entre 1986 et 1988 et président de l'Assemblée nationale de 1993 à 1997. Philippe Séguin fut l'un des inspirateurs de la campagne présidentielle de Jacques Chirac en 1995, avant de prendre quelques distances avec l'ancien chef de l'Etat.

Considéré comme un grand républicain, célèbre pour sa voix caverneuse et ses emportements
, Philippe Séguin a aussi été le président du Rassemblement pour la République (RPR, père de l'UMP), de 1997 à 1999, date à laquelle il en avait démissionné de manière retentissante, en pleine campagne des Européennes en 1999. Nicolas Sarkozy et Alain Madelin achevèrent la campagne.
Candidat à la mairie de Paris en 2001, il fut battu par Bertrand Delanoë. Depuis 2004, il était premier président de la Cour des comptes, c'est-à-dire chargé de contrôler l'ensemble des budgets publics.

Sa droiture et son libre arbitre

  • En 1981, il se mobilise à l'Assemblée nationale pour l'abolition de la peine de mort et sera -avec Jacques Chirac- l’un des rares députés d'opposition à soutenir cette réforme emblématique du Président François Mitterrand. Le PS actuel s’enorgueillit en revanche d’une politique d’obstruction systématique.
  • En 1992, la carrière politique de Philippe Séguin prend un tournant : il s'engage pour le « non » au traité de Maastricht. Fidèle à la tradition gaulliste, il estime que le traité européen est une menace pour l'indépendance de la France. C'est alors qu’en distinguant de la majorité de son camp qu'il a acquis sa stature de leader de premier plan.

    Aussitôt connu, son décès a provoqué
    de nombreuses réactions

    Le regard de Ph. Séguin, homme ombrageux, de haute stature et de forte corpulence, laissait paraître aussi bien de profondes blessures qu’une immense malice et de petits sourires silencieux. Homme de culture porté sur le cinéma, le sport et l'histoire, il était aussi un admirateur de
    Napoléon III, premier président de la République élu au suffrage universel puis empereur des Français (1852-1870), dont il écrira une biographie. Il est par ailleurs l'auteur de plusieurs ouvrages politiques, dont « Itinéraire dans la France d'en bas, d'en haut et d'ailleurs » (2003). Mais il était également grand amateur de football.

    Le chef de l'Etat s'est recueilli une quinzaine de minutes ce soir au funérarium du cimetière des Batignolles (Paris XVIIe) où repose la dépouille mortelle du premier président de la Cour des Comptes, foudroyé par une crise cardiaque. Il avait été précédé dans ce petit cimetière parisien par l’ancien Président de la République, Jacques Chirac, et par l’actuel Premier Ministre, François Fillon, resté sur place une vingtaine de minutes.

    Sa disparition provoque un vif émoi dans toute la classe politique, qui regrette la perte d'un « exceptionnel serviteur de l'État »
  • Dans l’opposition

    - Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, a dit avoir apprécié "ses engagements gaullistes et son ouverture d'esprit, au-delà de nos différences politiques". "Ces dernières années, grâce à son travail admirable à la Cour des comptes, il était devenu pour la République un sage, dont la voix était une référence et une boussole".
    - Le député PS, François Hollande, a jugé sur i>télé que M. Séguin "avait une indépendance de pensée et de caractère. Il n'était pas soumis à son parti, à l'humeur du temps: il disait ce qu'il pensait, ce qui était très rare dans la vie politique française". Comme premier président de la Cour des comptes, "il a montré, y compris dans les derniers rapports qui ont été faits, une grande intransigeance, donc c'est une perte pour la République".
    - Bertrand Delanoë, maire PS de Paris et natif de Tunis comme lui, dit avoir eu "l'occasion d'éprouver la droiture de cet acteur politique pendant la campagne municipale parisienne de mars 2001", perdue par M. Séguin. "J'en conserve le souvenir d'un adversaire toujours attaché à la dignité et à la loyauté de l'échange démocratique".
    - Le collectif Banlieues Respect a salué dans un communiqué un homme à la "forte personnalité et beaucoup de courage", qui "n'avait pas hésité à critiquer en tant que président de la Cour des comptes, les retards dans le versement des subventions aux associations et le désengagement de l'Etat dans ces quartiers sensibles".
    => L’extrême gauche se tait, de Mélenchon à Buffet, et c’est ce qu’elle peut faire de mieux.
    Désirdavenir Royal n’a pas encore desserré les lèvres.
  • Dans la majorité

    - Nicolas Sarkozy a noté que "tous ceux qui l'ont connu (...) garderont le souvenir d'un homme particulièrement attachant, d'un homme à l'intelligence rare, d'un homme au tempérament chaleureux et généreux, d'un homme entier et absolument passionné. Passionné par le sport et l'histoire politique dont il était l'un des plus fins connaisseurs. Passionné surtout par la France, sa République et son Etat, il a consacré toute sa vie, toute l'étendue de ses talents et la force exceptionnelle de ses convictions à la chose publique."
    - Le Premier ministre François Fillon, très ému, a dit perdre "un ami et la France perd l'un de ses plus grands serviteurs et l'une des ses plus belles voix politiques. Une voix tonitruante, profonde, toujours féconde, une voix aussi parfois tourmentée". "Philippe était fier et inclassable mais il était fidèle aux valeurs du gaullisme, comme on est fidèle à une épopée qui exige de tout donner", il "avait la passion de la France".
    - Jacques Chirac a souligné qu'à "Epinal comme à l'Assemblée nationale, au gouvernement, comme à la tête de la Cour des comptes, Philippe Séguin aura toujours su batailler pour faire triompher ses fortes convictions, en ayant toujours à coeur d'améliorer la situation des plus fragiles et de renforcer le poids et la grandeur de notre pays. Avec lui, les mots de République, de Nation et d'Etat prenaient tout leur sens".
    - Le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer a dit de son prédécesseur que "c'était un homme d'une immense valeur, respecté et estimé de tous, avec bien sur son caractère entier, parfois colérique, mais extraordinairement attachant, un homme bon et honnête". Il fut "un grand président de l'Assemblée nationale. Il a profondément modifié le travail de l'Assemblée, il a créé la session unique".
    - Jean-Louis Debré, président du Conseil Constitutionnel, a estimé sur i>télé que Philippe Séguin avait été "un excellent et remarquable président de l'Assemblée (...), un excellent président de la Cour des comptes, parce qu'il était passionné". "Il avait des amitiés, des convictions mais il voulait rester libre et indépendant". Il avait "une haute idée du combat politique, il respectait ses adversaires comme ceux-ci le respectaient".
    - Alain Juppé, maire de Bordeaux, a avoué sur Europe-1 avoir "eu parfois des divergences fortes, (...) mais cela ne diminuait pas la très profonde estime que j'avais pour lui, parce que c'était un homme d'une très grande intelligence, qui avait le sens de l'Etat, beaucoup de hauteur de vue, une très grande exigence morale". "Il avait très certainement la stature, la compétence, l'intelligence, le caractère pour assumer les plus hautes fonctions".
    - Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur, a salué "la mémoire d'une des plus grandes figures du gaullisme social". "Attaché au rayonnement de l'université et de la recherche française en Europe et dans le monde, il a notamment oeuvré pour améliorer l'organisation de la recherche française", a-t-elle souligné, rappelant "le soutien qu'il lui a apporté tout au long de la réforme des universités".
    - Nadine Morano, secrétaire d'Etat à la Famille, a jugé que "la Lorraine perd un compagnon fidèle et dévoué, les gaullistes un chef de file convaincu et intransigeant, la France un homme d'Etat et un monument". "Philippe Séguin s'est toujours démarqué par son exigence, son caractère et son charisme, au-delà des clivages politiques", a-t-elle souligné, rappelant qu'il fut "l'un des premiers à avoir soutenu l'abolition de la peine de mort en 1981".
    - Roger Karoutchi, député UMP et ancien proche collaborateur, a jugé sur France Info que "la République est orpheline ce matin d'une de ces plus grandes voix, et d'un de ses plus grands défenseurs". Philippe Séguin "était décrit comme méditerrannéen, avec un caractère très fort, c'est vrai", mais il était "un homme de conviction, il n'y en a plus beaucoup, un homme de rigueur".
    - L'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua a estimé sur RTL que Philippe Séguin "aurait pu encore avoir un rôle de tout premier plan. (...) mais c'était un homme qui n'avait pas une ambition personnelle, il avait une ambition pour la France, il voulait servir." Il "aurait été certainement un excellent Premier ministre et il avait l'étoffe d'être un chef de l'Etat".
    - L'ex-président Valéry Giscard d'Estaing a jugé sur France Info qu'il "était très actif à la tête de la Cour des comptes où il avait introduit un langage nouveau. On l'avait entendu s'exprimer sur des sujets sensibles avec beaucoup d'honnêteté (...) C'est un homme de talent, un esprit libre, ce qui est rare (...) Il appartenait à la culture du gaullisme social". Par ailleurs, il a "marqué très fortement" la fonction de président de l'Assemblée nationale, où il a prononcé des "discours remarquables".

    Les obsèques auront lieu lundi dans un lieu encore indéterminé, a-t-on appris auprès de la Cour des comptes.
  • 1 commentaire:

    1. Philippe Seguin est mort ce 07/01/2010….. (keg)

      Philippe, reçoit mon hommage discret de compagnon de galère et en guise de respect, je me permets de dénoncer tous les hypocrites qui viennent chanter ta gloire, en mettant en avant ta qualité de « Pupille de la Nation », car tu étais effectivement « sous-Pupille de la Nation de 4éme catégorie de 39/45 », par décret, depuis 2000 et 2004.
      Un parmi les 120 000 « oubliés », dont la souffrance a été ignorée, même si toi, tu t’en es mieux sorti que tes compagnons, « sous-Pupilles de 39/45 », répartis parmi les 15 catégories existantes…….., moins bien lotis

      Lettre ouverte et indignée aux hypocrites,
      politiques, parlementaires, gouvernants,
      médias et autres …. élus


      Tels des charognards, vous vous jetez sur la dépouille à peine froide de celui que vous reconnaissez à grands renforts médiatiques et dont vous utilisez médiocrement mais prioritairement la qualité de « Pupille de la Nation » ou comme vous dites si bien « d’enfant de la République ».

      Vous vous souvenez brutalement de ce qu’est un « Pupille de la Nation » …….
      La suite sur http://www.marcfievet.com/article-adieu-philippe-seguin-toi-le-sous-pupille-de-la-nation-de-4eme-categorie--42570876.html

      Kelly-Eric Guillon
      « sous-Pupille de la Nation de 4éme Catégorie de 39/45 » par décrets, depuis 2000 et 2004 »

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