Le journal Le Monde se consacre à la défense du parti présidentiel...
Humiliée, LREM se décharge sur cette presse pour nier la réalité
Magazine Capital (groupe Prisma) |
Le parti communiste se félicite d'avoir obtenu plus d'élus que le parti du président au premier tour des municipales et Macron est entré dans une colère noire (si le CRAN permet...).
Plus de 1.000 candidats PCF contre moins de 300 pour les LREM ont été élus conseillers municipaux au premier tour.
Les sites ou pages Facebook communistes affirment que le Parti communiste (PCF) "a remporté plus de mairies" que le Rassemblement national (RN), qu’Europe Ecologie-les Verts (EE-LV) et que La République en marche (LREM) a fait trois fois moins. Ainsi le le blog communiste du pays de Morlaix cite-t-il un texte du blog Perspective communiste, lui-même tenu par un "militant communiste du Grand Lyon".
Sur Twitter, ce blog militant publie un graphique tendant à démontrer que "le PCF est le troisième parti en termes d’élu.e.s municipaux", depuis le 15 mars dernier, derrière Les Républicains (LR) et le Parti socialiste (PS). Avec 1.072 élus, le PCF se situerait largement devant le RN (498), LREM (268) et EE-LV (183).
Le Monde et le PCF omettent de citer Les Républicains arrivé premier !
Le graphique est dû à un journaliste de La Croix, Laurent de Boissieu et son site France politique où il analyse les résultats des élections depuis bientôt vingt ans.
A CheckNews (Le Monde), il confirme que les chiffres sont authentiques. S’il n’est pas l’auteur de l’infographie, Laurent de Boissieu explique qu’elle reprend bien ses tableaux qu’il a compilés en se fondant sur les chiffres bruts publiés par le ministère de l’Intérieur. Bien que ses hauts-fonctionnaires se disent constamment au travail (à l'instar du bringueur Christophe Castaner, un coureur de cocktails politiques, sans masque en période de confinement), "cette année, ils n’ont pas publié de récapitulatif, j’ai donc dû m’y coller", souligne-t-il.
A noter qu’il s’agit du nombre de conseillers municipaux élus sur une liste en fonction de sa nuance politique fixée par le ministère de l’Intérieur, dont le patron apparent est un proche de Macron : "Dit autrement, un membre du PS élu sur une liste PCF figure parmi les 1.072 PCF, tandis qu’un membre du PCF élu sur une liste conduite par un PS n’y figure pas [dans le décompte des élus du PCF]. Logique !
Comme il peut y avoir des élus communistes sur d’autres listes, notamment celles divers gauche [DVG], on est plutôt en dessous de la réalité qu’au-dessus."
Mais c'est sans compter non plus les "SE" (sans étiquette) qui se sont dissimulés pendant la campagne mais qui sortent du bois dans l'entre-deux tours et revendiquent leur appartenance au parti du président...
"Vérifier et corriger"
Parce que c'est nous, ce n'est pas LREM ! |
Par ailleurs, pour compter le nombre de maires réélus au premier tour, et non plus les conseillers - on s'écarte donc de la polémique soulevée par Le Monde -, La Croix préfère ne pas utiliser ces données brutes fournies par Beauvau : "Les nuances politiques utilisées par le ministère de l’Intérieur sont trop imprécises – il y a des PCF en liste homogène ou tête de liste d’union de la gauche – voire erronées pour pouvoir être utilisées. C’est pourquoi le PCF travaille à partir des remontées de ses fédérations et de l’Association nationale des élus communistes et républicains (Anecr). A ma connaissance, les autres partis n’effectuent pas ou ne communiquent pas sur ce travail."
La République en Marche a voulu avancer masquée; il ne faut pas maintenant que LREM se déclare lésée par les difficultés d'identification de ses candidats qu'elle a elle-même crées.
Comme à chaque élection, Laurent de Boissieu demande donc à chaque parti de lui communiquer sa liste d’investiture pour "vérifier et corriger les nuances du ministère de l’Intérieur", pourtant bien placé en l'espèce pour étiqueter les candidats qui, comme Macron à la présidentielle, se sont glissé dans le nid des autres.
Si une liste est considérée comme "divers gauche" par le ministère de l’Intérieur, mais que la tête de liste a été investie par le PCF, il comptabilisera logiquement le maire comme communiste. "Les partis m’apportent pour cela une aide plus ou moins fine. Le PCF est l’un des plus précis car ses données vont de Montreuil [Seine-Saint-Denis, plus de 100.000 habitants] à Bonneuil-en-Valois [Oise, à peine plus de 1.000 habitants].
Les partis moins caporalisés sont généralement moins précis que le PC: les ententes locales contre nature sont mal maîtrisées par les états-majors parisiens. C’est pourquoi, afin de réaliser mes cartes des maires élus au premier tour, j’ai été contraint d’utiliser des seuils différents en fonction des familles politiques (5.000 ou 10.000 électeurs). Pour pouvoir comparer le nombre de maires par parti politique, il faut donc retenir un même seuil."
Si on considère le seuil le plus bas retenu par le journaliste de la Croix, soit les villes de plus de "5.000 électeurs inscrits", il est également exact de dire que le PCF a obtenu (bien) plus de maires élus au premier tour que LREM : "Je compte 45 PCF élus ou réélus au premier tour contre six LREM." Côté RN, sept maires ont été élus ou réélus au premier tour, et quatre pour EE-LV.
LREM est un mouvement composite
Un tel écart en faveur du PCF s'explique par l'absence d'implantation locale du parti présidentiel, par ailleurs composé de néophytes, notamment de la société civile, et inconnus des populations. Le poids de LREM lors des derniers scrutins nationaux ne représente pas grand chose dans la France profonde: Macron et ses parlementaires élus ne sont pas intégrés. Ils sont hors-sol !
"Il y a trois effets qui jouent en faveur du PCF et en défaveur de LREM.Le premier, c’est que le PCF, contrairement à LREM, a historiquement des bastions locaux, par exemple dans les Hauts-de-France, la Seine-Maritime, les héritages de la "ceinture rouge" en banlieue parisienne ou du "Midi rouge" dans les Bouches-du-Rhône.Le deuxième, c’est que le premier tour des élections municipales profite généralement aux maires sortants. Cela peut d’ailleurs être un peu corrigé au second.Enfin, le troisième tient au fait que LREM, nouveau parti avec peu de sortants [qui ne seraient pas des renégats socialistes ou juppéistes], a privilégié [a été contraint, pour exister, à] des alliances locales.
A l’issue du second tour - pour arranger l'exécutif - il faudra donc plutôt analyser par blocs d’alliance. Prenez l’exemple d’Edouard Philippe : s’il est réélu au Havre, on ne pourra pas le compter LREM, parti auquel il n’appartient pas, mais bien dans la majorité gouvernementale, puisqu’il en est même le chef en tant que Premier ministre." Un aménagement: une carabistouille macronienne suggérée par sa presse.
Le second tour doit avoir lieu le 28 juin prochain, si la situation sanitaire le permet. Les fact-checkers de la presse à genoux ne manqueront pas de prolonger activement la tambouille électorale servie à Macron.
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