Les syndicats convoqués mardi matin pour la reprise des négociations, en présence du premier ministre, se font-ils mener en bateau ?
Toujours dans le flou et non chiffré, le projet de loi sur la réforme des retraites a déjà été rédigé et envoyé au Conseil d'Etat
Ce 6 janvier, Marc Fesnau, ministre auprès du premier ministre, en charge des Relations avec le Parlement a annoncé que le projet de loi était quasiment rédigé: seuls subsisteraient quelques blancs. Cette confidence du centriste (MoDem) risque de jeter de l'huile sur le feu des négociations qui reprennent ce matin au ministère du Travail, sous la tutelle, cette fois, de Muriel Pénicaud, jusqu'ici tenue éloignée des discussions, tant son empreinte sur la loi Travail, passée à coups de 49.3 sent le soufre.
Le ministre des Relations avec le Parlement, Marc Fesnau, a lâché cette bombe lundi 4 janvier : le projet de loi sur la réforme des retraites est déjà rédigé et envoyé au Conseil d'Etat.
Le ministre a lâché sur Sud Radio qu' "un texte est parti au Conseil d'Etat afin d'amender, corriger, apporter des compléments et de l'étoffer", a-t-il expliqué, révélant ainsi le désarroi de Macron cornérisé par les syndicats et en quête d'idées pour débloquer la situation qu'il a lui-même verrouillée.
Seuls quelques membres du gouvernement étaient au courant de la procédure qui s'est déroulée la semaine dernière.
Les syndicats sont maintenant aux cent coups, à la veille du mardi 7 janvier, jour attendu de la reprise des contacts officiels et médiatisés concernant la pénibilité et le travail des seniors, et alors que l'intersyndicale opposée à la réforme Macron est déjà mobilisée pour une journée de grèves nationales le jeudi 11.
Yves Veyrier, secrétaire général de FO monte au créneau : "C'est bien la démonstration que ces discussions n'ont rien à voir avec le texte de la réforme qui, sans doute, devait être déjà écrit avant les vacances", rapporte le Parisien.
Les syndicats se sentent trahis
Comme à FO, la CFE-CGC dénonce le cynisme de Macron.
En charge du dossier des retraites, Pierre Roger oppose une détermination renforcée: "S'ils espèrent, avec cette annonce, passer le message aux gens qu'il ne sert plus à rien de manifester, ils se trompent. Cela ne changera rien à notre détermination contre un projet qui n'est même pas financé et va avoir pour conséquence à terme la baisse des pensions !".
Si les organisations syndicales ne contiennent pas leur colère, c'est également parce que la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav) va recevoir le texte du projet de loi avant eux.
Le gouvernement se défend de tout mépris à l'encontre des syndicats.
L'envoi du texte en Conseil d'Etat ne "signifie en aucun cas que les négociations qui s'ouvrent ne serviraient à rien. Le texte n'est pas figé", tente d'expliquer une source gouvernementale anonyme.
Il est toujours possible de rédiger "une lettre rectificative", pour modifier ou compléter un projet de loi, avant sa présentation en Conseil des ministres, le 24 janvier prochain, et son examen par l'Assemblée nationale, en février, se justifient les manipulateurs.
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