samedi 16 novembre 2019

Délocalisation d'administrations: l'arbitraire

La liste des villes retenues est dévoilée

Le gouvernement avait annoncé la délocalisation de plusieurs administrations. Vendredi 15 novembre au matin, une première liste des villes concernées a été dévoilée.

Des fonctionnaires basés à Paris envoyés en région. Le plan de relocalisation des administrations commence à se déployer. La ville de Guérande (commune tirant prospérité et sa renommée des marais salants proche de La Baule, ancrée à droite depuis 1945, en Loire-Atlantique), 16.000 habitants, va bientôt accueillir une trentaine d'agents parisiens du ministère de l'Education nationale. "C'est un potentiel de clients pour nous et pour les autres. C'est très bien", s'enthousiasme un commerçant anonyme.

Un redéploiement sur la base du volontariat

L'objectif affiché est de redynamiser les villes en perte de vitesse économique ou démographique. Le but serait aussi politique, en donnant à croire que ce redéploiement rapprochera le service public des citoyens. Ces derniers ne sauront pourtant bientôt plus où s'adresser : ainsi le régime des retraites des fonctionnaires de l'Etat, des magistrats et des militaires est-il d'ores et déjà géré à Nantes, mais le Régime de Retraite additionnelle de la Fonction publique (RAFP) l'est à Bordeaux: un rapprochement du citoyen mal-aisé depuis Strasbourg...

Au total, 6.000 agents devraient être transférés d'ici la fin du quinquennat vers la banlieue ou la province. 
Au ministère de l'Economie, 1.500 agents vont quitter la capitale. "Nous devons la qualité, la simplicité, la proximité et l'efficacité du service public à nos concitoyens", raconte le premier ministre Edouard Philippe. 
Ce redéploiement devrait se faire sur la base du volontariat, mais à défaut, de gré ou de force.

Et comment les villes volontaires seront-elles départagées? 
Est-ce trop demander que de connaître les critères ? 
Le 20 janvier... 1994, un certain Jean-Paul Delevoye (député RPR du Pas-de-Calais) interpellait déjà le ministre de l'Intérieur - Charles Pasqua - qui, à Caen, le 28 octobre 1913, à l'occasion de la troisième rencontre régionale sur l'aménagement du territoire venait d'"espérer proposer au Premier ministre, d'ici à la fin 1993, la délocalisation de plusieurs ministères et services ministériels", déclarant qu'il serait très honoré d'être informé de l'état des réflexions engagées à cet égard.

La Seine-Saint-Denis a déjà été particulièrement privilégiée en matière de délocalisations industrielles et d'administrations avec la reconversion de ses nombreuses friches. 
C'est dans le '9.3' que la Coupe du monde de 1998 qu'a été saisie l'occasion à la fois de l'implantation du stade de France et de l'incitation la jeunesse désoeuvrée à l'effort physique, une volonté clairement politique de pacification d'une banlieue à problèmes. Le bas prix du foncier dans le département a fait le reste. 
Le Comité du tourisme a cherché "ce qu'il pouvait faire visiter aux délégations dans le secteur du stade de France" et a eu l'idée de mettre en valeur ses usines, explique Daniel Orantin, son directeur. En 2016, l'industriel allemand Bosch avait été encouragé à relocaliser de Turquie à Drancy (PCF jusqu'en 2001) l'assemblage des chauffe-eau, notamment commercialisé sous la marque ELM Leblanc. C'est aussi bien l'installation de l'agence de publicité BETC dans les anciens Magasins généraux de Pantin, PCF jusqu'en 2001 également, un paquebot de béton brut et de verre posé au bord du canal de l'Ourcq, malgré sa criminalité : désormais, la capitale envoie ses "bobos" dans l'ancienne ceinture rouge.  
Dès le milieu des années 2000, grandes firmes tertiaires et entreprises publiques commencent à y délocaliser leurs activités. Dans Paris, l'homme d'affaires Xavier Niel, fondateur et actionnaire principal d'Iliad, groupe de télécommunications français, maison mère du fournisseur d'accès à Internet Free et de l'opérateur de téléphonie mobile Free mobile, mais également copropriétaire du groupe Le Monde est à l'origine du projet Station F qu'il a établi à la halle Freyssinet, bâtiment ferroviaire construit des années 1920 dans le 13e arrondissement de Paris
Dans le 9.3, deux quotidiens nationaux ont fixé leurs sièges: L'Humanité à Saint-Denis, et Le Parisien-Aujourd'hui en France à Saint-Ouen-sur-Seine. En matière de culture, il est facile de trouver une échappatoire à l'économie souterraine: la Seine-Saint-Denis dispose du Nouveau théâtre de Montreuil (centre dramatique national depuis 2000), le Centre national de la danse à Pantin depuis 2004, le Centre national des arts de la rue et de l'espace public, Grand moulin, à Noisy-le-Sec ou l'Académie Fratellini à Saint-Denis). 
Parmi les chantiers les plus emblématiques du "Brooklyn parisien", Pantin (93), ainsi qualifiée par le New York Times, les Grands Moulins de Pantin réinvestis par BNP Paribas ou l'ancienne centrale thermique de Saint-Denis reconvertie en Cité du cinéma par Luc Besson. 
Plusieurs sociétés de productions ou prestataire de services audiovisuels ont leurs bureaux à La Plaine Saint-Denis, tels Endemol, TSF, JLA Productions,  LMA, DMLS TV, Dubbing Brothers...
Et la moitié des studios de cinéma français est implantée dans le département. La liste est longue à la Plaine-Saint-Denis : TF1 (Vendredi tout est permis, Le Grand Concours des animateurs ou Qui veut gagner des millions ?), France 2 (N'oubliez pas les paroles !), M6 (Les Reines du shopping), etc...
La Plaine Saint-Denis dispose du centre commercial Le Millénaire et de nombreux équipements majeurs: outre le Stade de France ou le Conservatoire national des arts et métiers et l'annexe du Musée des arts et métiers, la future Maison des Sciences de l'Homme Paris Nord et l'IUT de l'Université Paris XIII, l'école d'ingénieur CESTI Supméca, l'Ecole européenne des métiers de l'Internet ou la Médiathèque Don Quichotte.
On peut citer l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). L'université de Paris XIII a trois Instituts universitaires de technologie dans le 9.3: l'IUT de Saint-Denis (Paris-Nord), l'IUT de Villetaneuse et l'IUT de Bobigny). 
Et plusieurs projets sont lancés, tels que le stade nautique olympique et le village olympique en cas de succès de la candidature parisienne pour 2024. Edouard Philippe a dévoilé 23 mesures pour améliorer les services publics dans le département le plus pauvre de métropole, dont la création d’une prime de 10.000 euros pour fidéliser les fonctionnaires qui resteront cinq ans sur place.
Le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) est le 2e en France en termes d'affaires traitées.
L'exemple de Guérande ne paraît pas dissuasif, mais la délocalisation d'un contingent de fonctionnaires marqués à gauche, comme à Niort, ou de militaires, comme à Istres, peut avoir une incidence décisive sur de prochains scrutins locaux.  Au redécoupage électoral succédera la colonisation de terres mal-pensantes par l'envoi de pionniers formatés. 

2 commentaires:

  1. Faudrait déjà penser à faire bosser les barnababs jilés jaunes qui sont payés à glander depuis des décennies et qui se défoulent tous les samedis à faire chier ceux qui bossent....

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  2. Commentaire délirant !

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