mardi 2 janvier 2018

L'Etat agressé via ses policiers : la police réclame une sévérité sans faille à Macron

Des syndicats demandent le rétablissement des peines planchers contre ceux qui s'attaquent aux forces de l'ordre

Les syndicats de police réclament une audience à l'Élysée
Manifestation de policiers devant le commissariat
de Champigny-sur-Marne
Plus que les violences, les images de Champigny-sur-Marne ont provoqué la révolte des serviteurs de l'Etat. 
En effet, sur les réseaux sociaux, la séquence filmée du passage à tabac de cette jeune policière, jetée au sol et frappée à terre par des barbares du Val-de-Marne, sous les cris de joie de ses bourreaux, a été largement étalée, alors qu'elle était de service pendant que les Français faisaient la fête, le soir de la Saint-Sylvestre.

Certes, il y a eu, le lendemain, le tweet du président Macron qui a fermement condamné ce double "lynchage" de la jeune femme et de son supérieur, un capitaine de police, également agressé, ce soir-là.
Sans parler de la double agression, dont ont été victimes  des policiers qui interpellaient un voleur présumé de scooter  à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), lundi.

Le ministre de l'Intérieur a renchéri mardi : "Cette société de la violence ne saurait continuer à exister", s'est-il promis, appelant à briser "une mécanique infernale" dans certains quartiers "populaires", pour ne pas dire "zones de non-droit".

Et d' ajouté: "J'étais à Champigny hier. Lorsque l'on voit ces grandes barres, on se dit qu'il y a un aspect totalement inhumain qui ne peut générer que de la violence.
Ce sont des réformes de fond qu'il faut mener, de politique de la ville, a estimé cet ex-socialiste qui a soutenu les gouvernements Hollande pendant cinq années. 
Les ministres de la Ville de Hollande, François Mamy, Najat Vallaud-Belkacem et Myriam El Khomri ne se sont toujours pas fendus d'un seul mot de compassion. Pas plus que les actuels, Ferrand et Mézard. Et ses ministres de l'Intérieur, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, Bruno Le Roux et Thomas Fekl ont-ils prononcé le moindre mot de soutien à leurs hommes ?
"Ce que nous réclamons, nous? D'abord que le politique ne réagisse pas seulement quand le mal est fait mais quand l'acteur Mathieu Kassovitz, par exemple, tient des propos scandaleux contre les policiers. Il faut poursuivre systématiquement ceux qui tiennent un discours de haine anti-flics", s'indigne Jean-Marc Bailleul, numéro un du syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI, ex-Snop). Comme beaucoup, il doute de la sincérité de ce "provocateur" qui a lâchement tourné casaque, en se fendant d'un indécent tweet lundi pour dénoncer l'agression de Champigny.
Selon le commandant Bailleul, secrétaire général du syndicat des cadres de la sécurité intérieure, "il faut punir ceux qui filment et mettent en ligne les images de policiers agressés, car cette mise en scène scandaleuse et insuffisamment sanctionnée participe de la banalisation des attaques contre les porteurs d'uniformes." Mais on s'interroge sur les motivations réelles de ce syndicaliste SCSI-CFDT monté au front, escorté d'Alternative CFDT, tous deux proches du pouvoir : respecter la souffrance des policiers ou censurer l'information. La pudeur est-elle antithétique de la vérité ? 

Jean-Marc Bailleul met aussi en cause la banalisation des violences anti-institutionnelles jusque dans les rapports officiels, "comme si l'on pouvait se satisfaire d'un millier de voitures qui brûlent en un soir et de multiples agressions, en se contentant de parler d'un léger pourcentage de hausse!"
"Promettre comme l'a dit le président de la République de retrouver les agresseurs est une bonne chose, mais ce n'est pas suffisant. Il faut des sanctions exemplaires. Nous demandons le retour aux peines planchers pour les auteurs d'agressions physiques ou verbales à l'encontre des policiers", déclare pour sa part Frédéric Lagache, numéro 2 du syndicat Alliance. Ces peines quasi automatiques infligées aux récidivistes pour de faits graves, en principe, auraient, assure-t-il, "un effet dissuasif" sur les voyous.
Son collègue Patrice Ribeiro, patron du syndicat Synergie-Officiers, le réclame, de son côté, avec force: "Nous voulons être reçus désormais par le président Macron, comme le fit François Hollande en son temps."
Comme lui, le commandant Ribeiro n'hésite pas à dire qu'"il faut que la peur change de camp et, pour cela, que la réponse pénale soit à la hauteur". Or, l'USM s'y oppose...

La question de la légitime défense est à nouveau posée

Faut-il revoir les règles de la légitime défense, comme le demande une partie de la droite ? "Mais elles viennent déjà d'être simplifiées, en conformité avec le droit européen. Dans l'affaire de Champigny, les conditions du recours aux armes étaient réunies. Les fonctionnaires attaqués ont fait preuve d'un grand sang-froid qu'il faut saluer", souligne le patron de Synergie.

Directeur de l'Observatoire de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) 
- un département de l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ), établissement public administratif, placé sous tutelle du premier Ministre et dirigé par Cyrille Schott (67 ans, ex-membre du cabinet du Président de la République, François Mitterrand, qui le fit préfet) - Christophe Soullez rappelle que "le nombre de violences à dépositaire de l'autorité publique enregistrées a triplé en 30 ans (de 10.000 en 1995 à plus de 32.000 en 2016)". Selon lui, "le nombre de policiers blessés en mission est passé de 4.197 en 2008 à 5.767 en 2016. Avec une hausse notable entre 2015 et 2016 du nombre de policiers blessés par arme: 687 en 2016 contre 430 en 2015."

La question de la réponse pénale appelle quelques nuances. "Sur les années 2013-2015,
lorsque la victime était dépositaire de l'autorité publique, l'auteur (majeur d'agression) a fait l'objet à 75 % de poursuites, contre seulement 47 % des cas s'il n'y a pas cette circonstance aggravante", assure le criminologue. L'USM prétend en revanche que les peines planchers n'ont pas eu d'incidence.

Autre signe de sévérité accrue:
les infractions ayant donné lieu à condamnation pour des atteintes aux personnes dépositaires de l'autorité sont passées de 6.003 en 2005 à 10.669 en 2015. "Mais encore faut-il que les peines prononcées soient appliquées !", corrige-t-on à Synergie, où l'on rappelle que 100.000 peines au total n'ont pas été exécutées.

Dans un tel contexte, à quoi la police de sécurité du quotidien (PSQ) voulue par Beauvau peut bien servir 
?
Pour bien des professionnels, cette réforme tient du "cosmétique". Patrice Ribeiro résume: "La PSQ, c'est valable dans des quartiers pacifiés." Et nous en sommes encore bien loin, mais Collomb a justement prétendu que  les festivités "se sont bien passées" en France et "les gens ont pu jouir de la nuit de la Saint Sylvestre de manière pacifiée"... 

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