mardi 10 octobre 2017

Menace d'attentat islamiste : deux détenus réincarcérés à Fresnes

Deux islamistes détenus à Fresnes soupçonnés de projeter un attentat

Deux détenus libérables, un Camerounais de 28 ans et un Français de 22 ans, ont été mis en examen vendredi à Paris
"La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a pris le pouls de la réalité carcérale à la maison d'arrêt d'Osny, un établissement assez représentatif du système pénitentiaire actuel," selon France Soir.


Un juge antiterroriste les soupçonne d'avoir envisagé un projet d'attentat depuis leur cellule à Fresnes.
"Les deux hommes ont eu des échanges en détention au cours desquels ils évoquaient un projet de passage à l'acte, qu'ils auraient eu à l'extérieur de la prison, mais sans que ce projet n'ait été encore précisément défini sur le choix de la cible", a révélé TF1-LCI, confirmés lundi par une "source proche de l'enquête".

Selon ce fuitage, "différentes cibles" étaient envisagées. 
Parmi les informations recueillies, des surveillants pénitentiaires, des policiers, une prise d'otage ou encore un mitraillage avaient été évoquées par les suspects, a indiqué une "source proche du dossier" et fort bavarde.

Extraits le 2 octobre de leur cellule de Fresnes (Val-de-Marne), près de Paris, ces deux hommes connus pour leur radicalisation et incarcérés pour des faits de droit commun, ont été entendus en garde à vue pendant quatre jours.
Présentés ensuite à un magistrat antiterroriste, ils ont été mis en examen vendredi pour "association de malfaiteurs terroristes criminelle" et de nouveau placés en détention provisoire, a précisé une source judiciaire, cette fois.

La prison de Fresnes est l'une des trois en France à être dotée d'un "quartier d'évaluation de la radicalisation", destiné à mesurer la dangerosité et le degré de radicalisation d'un détenu avant son affectation dans un lieu de détention. 
Le Camerounais et le Français ont donc été incarcérés à Fresnes parce qu'ils étaient déjà radicalisés : la propagande médiatique suggérant une radicalisation en prison est donc idéologique et partisane.

"Ces deux islamistes radicaux [pléonasme] voulaient monter un groupe de combattants avec la volonté de monter en puissance par le biais de diverses actions, à l'extérieur de la prison, ciblant entre autres des policiers et des surveillants de prison", a précisé une autre "source proche de l'enquête". Qu'elles soient "proches de l'enquête" ou "judiciaires", les sources de la presse sont décidément très nombreuses et loquaces.

Le Camerounais, décrit comme un meneur par l'une des "sources proches de l'enquête", était suivi depuis fin 2016 par les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ce qui n'empêche pas France Info d'évoquer une radicalisation en prison... Les investigations ont montré également qu'il avait été en contact avec un activiste présent dans la zone irako-syrienne où le groupe djihadiste Etat islamique est désormais combattu par une coalition militaire internationale.
Ce Camerounais a avoué aux enquêteurs, sans donner plus de précisions, qu'il comptait commettre un attentat, alors qu'il devait sortir de prison ce mardi, toujours selon une "source proche du dossier." Lors de sa garde à vue, il a également admis être un sympathisant de Daech. 
Le Français devait quant à lui sortir la semaine prochaine.

Des détenus en lien avec une cellule logistique à l'extérieur

L'enquête ouverte par la section antiterroriste du parquet de Paris il y a plusieurs mois s'est précipitée ces derniers jours. 
Les enquêteurs de la DGSI ont procédé à l'interpellation des suspects alors qu'un Réunionnais de 44 ans, en lien avec eux, "projetait de se rendre en métropole pour apporter un soutien logistique aux deux détenus", a ajouté "une autre source proche de l'enquête".

Le Réunionnais a pour sa part été récemment mis en examen à Saint-Pierre dans un dossier distinct pour "apologie publique d'actes de terrorisme, par le biais de messages adressés sur un compte Twitter entre juin et août 2017", puis placé en détention provisoire.

Le milieu carcéral a déjà été le théâtre d'une violente agression [sic] commise par un détenu radicalisé sur deux surveillants à Osny (Val d'Oise)
dans un quartier dédié, supposé accueillir les candidats à la déradicalisation, en septembre 2016, aux cris d'"Allah Akbar", dans ce qui était reconnue comme la première action djihadiste fomentée en prison et visant du personnel pénitentiaire.
En juin 2017, un autre gardien de cette maison d'arrêt du Val-d'Oise a été victime d'une agression (insulté et frappé à trois reprises) "de la part d'un détenu" (jargon du journal Le Parisien), dénonça ce vendredi le syndicat FO. "Son collègue venait de saisir dans la cellule deux téléphones portables avec leur chargeur et les cartes SIM. "Après les menaces, insultes habituelles et quotidiennes, le détenu a asséné trois coups de poing : deux au niveau de l’arcade sourcilière et un autre au niveau de la mâchoire. Il a fallu l’intervention de ses collègues," 'de source syndicale', Jérôme Nobécourt, délégué régional FO pénitentiaire Paris.
Il n'empêche que "la ministre de la Justice s'est montrée ouverte", selon L'Express, dans une interview à La Provence en août 2017, à la possession d'un téléphone portable par les détenus. Au lendemain de la parution de l'article, l'entourage de la ministre de la Justice avait démenti qu'elle ait tenu ces propos. Elle n'aurait, selon son cabinet contacté par L'Express, jamais mentionné l'usage des téléphones portables, évoquant seulement des lignes fixes qui pourraient être installées dans les cellules des détenus.
Les détenus peuvent-ils avoir un portable en prison ? En théorie, c'est non. L'administration l'interdit pour des questions évidentes de sécurité. Mais dans la pratique, les vidéos de condamnés qui se filment dans leur cellule pullulent; début août, un clip tourné dans une prison de Savoie est devenu viral sur Youtube, montrant une ambiance carcérale conviviale et même festive, mais déclenchant l'ouverture d'une enquête judiciaire.
Le mardi 15 août, fête religieuse catholique, un surveillant a encore été agressé par un détenu muni d'une arme artisanale à la maison d'arrêt d'Osny (Val d'Oise).

Alors incarcéré pour un voyage avorté vers les terres du djihad syrien, le 
détenu "discret" (Le Monde) mais agresseur de personnels pénitentiaires en septembre 2016, Bilal Taghi, un "apprenti djihadiste", selon Le Monde, ne présentait "pas de problème particulier", rapporta encore Le Monde, mais avait revendiqué devant les enquêteurs "vouloir tuer un gardien de prison", expliquant qu'"il voulait passer à l'acte immédiatement au nom de Daech", (acronyme de l'EI) "sans attendre de sortir de prison", indiquait à l'époque une source proche du dossier.
Osny, que la garde des Sceaux Nicole Belloubet a visité début juillet, accueille depuis février le premier "quartier d'évaluation de la radicalisation" (QER), destiné (on le rappelle) à mesurer la dangerosité et le degré de radicalisation d'un détenu avant son affectation dans un lieu de détention.
Cette maison d'arrêt compte 961 détenus pour 579 places, soit une densité de 166%. C'est l'un des établissements les plus surpeuplés de France, la moyenne nationale des maisons d'arrêt étant de 142%.

A la différence du fonctionnaire de la préfecture du Rhône qui était absent pendant son astreinte (lien PaSiDupeset qui est ainsi à l'origine de la remise en liberté du tueur islamiste des deux jeunes filles poignardées en gare Saint-Charles de Marseille, le juge a assumé ses responsabilités dans le contexte des deux assassinats par le Tunisien en situation irrégulière mais relâché et de débat sur la banalisation de l'état d'urgence par son inscription dans le droit commun.

 

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