mardi 10 octobre 2017

Journée d'action unitaire des fonctionnaires : forte mobilisation attendue

Les 5,4 millions d'agents du service public se mobilisent en nombre mardi 10 octobre

A l'appel de tous leurs syndicats, une première depuis dix ans

Concertation des syndicats de fonction publique sans la CFDT: 
Groison (FSU), Mailly (FO) et Martinez (CGT) comptent sur forte mobilisation, mardi 10 octobre 2017
Des enseignants aux soignants (dont les médecins des hôpitaux) et des ministères aux collectivités, ils protestent contre des mesures "inacceptables" du gouvernement. 
Les neuf fédérations syndicales de la fonction publique - CGT, CFDT, FO, UNSA, FSU, Solidaires, CFE-CGC, CFTC et FA (Autonomes) - lancent ensemble un appel à une journée de grève et de manifestations dans les trois secteurs de la fonction publique (Etat, hospitalier, territorial) pour exprimer leur "profond désaccord" avec les mesures annoncées par le gouvernement.

Les motifs sont multiples : suppressions de 120.000 postes d'ici à la fin du quinquennat, gel des rémunérations, rétablissement du jour de carence, remise en cause de leur statut... 

Le premier ministre Edouard Philippe leur a opposé lundi une fin de non recevoir
affirmant "assumer pleinement les mesures prises", considérant que les fonctionnaires ne sont "pas du tout déconsidérés" et jugeant démaguogiquement qu'ils sont "même essentiels dans le fonctionnement de notre pays".

La mobilisation promet d'être "forte", selon les syndicats

Près de 130 manifestations et rassemblements sont prévus dans 90 départements.
A Paris, le cortège partira à 14h00 de la place de la République pour rejoindre celle de la Nation. 

Représentent environ 20% de l'emploi, cette grève des fonctionnaires se traduira par des fermetures de crèches, d'établissements scolaires - où le service minimum, prévu par la loi, ne sera pas toujours assuré - et de nombreux services publics.
Selon la Fédération CGT des Services publics, première dans la fonction publique territoriale, il n'y aura notamment pas d'accueil périscolaire ou de restauration scolaire dans nombre d'écoles, essentiellement dans le secondaire.

Côté enseignants, "un sur deux au moins sera en grève dans les écoles primaires", a indiqué lundi la secrétaire générale de la FSU, Bernadette Groison.

Dans le transport aérien, 30% des vols ont été annulés préventivement en raison de la grève des agents de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC qui emploie majoritairement des fonctionnaires). 

En revanche, il ne devrait pas y avoir de perturbations à la SNCF et à la RATP, ou dans les anciens secteurs publics mobilisés comme Orange ou La Poste en signe de solidarité, sauf sur le RER B qui est une ligne du réseau express régional d'Ile-de-France, qui relie Paris à l'aéroport Charles-de-Gaulle 2 TGV.

Fait inédit depuis 2009, une dizaine de syndicats de praticiens hospitaliers (médecins, pharmaciens, dentistes) se sont joints à l'appel du secteur hospitalier (infirmiers, aides-soignants).

Des appels à la mobilisation "solidaire" ont aussi été lancés dans le privé (banque, chimie, agroalimentaire ou commerce).

Les fonctionnaires demandent reconnaissance et respect 

En désaccord sur les moyens de peser sur les réformes sociales d'Emmanuel Macron, ce qu'a confirmé la réunion de l'intersyndicale lundi soir, les grandes centrales syndicales soutiennent unanimement le mouvement des fonctionnaires. 

De Philippe Martinez (CGT) à Laurent Berger (CFDT) en passant par Jean-Claude Mailly (FO), leurs leaders prendront part aux défilés mardi à Paris ou en région avec le souci de "ne pas parasiter" les revendications des agents publics avec la contestation contre la réforme du Code du travail.
Seule l'Union syndicale Solidaires - dont les trotskistes de SUD, la FAT (dans les transports), la FASP (dans la police) ou le SNJ dans la presse) - a clairement appelé à une "convergence" du public et du privé, contre le risque d'une "régression sociale généralisée". Lors d'un entretien avec le journal Sud Ouest, le 26 novembre 2007, François Hollande, alors secrétaire national du Parti socialiste, déclara que "le syndicalisme que l’on doit combattre est celui de SUD"...

Lundi, Martinez et Berger ont souligné le "besoin de reconnaissance" des agents du public. "Ils ont le sentiment qu'ils ne sont qu'un coût, alors qu'ils sont une richesse", a relevé le leader de la CFDT.

Jean-Claude Mailly a souligné le "malaise" dans les hôpitaux, avec des agents "en perte de sens", et des situations qui deviennent "impossibles à gérer" dans un contexte budgétaire contraint.

Le gouvernement a décidé de reporter unilatéralement un rendez-vous salarial, initialement fixé mardi. Il devrait se tenir autour du 16 octobre.
"On attend que le gouvernement entende ce que disent les neuf fédérations de fonctionnaires et que, le 16 octobre, soit vraiment prise la mesure de cette expression", a prévenu Groison, petit soldat de la CGT.

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