Les communistes se cherchent un CAO (Camp de l'Accord et de l'Outrance)
Montebourg fait des grâces à l'extrême gauche rebaptisée "gauche de la gauche" |
Les relations entre les communistes et le chantre de la "France insoumise" sont dans un état d'avancement tel qu'une alliance avec certains candidats PS est en préparation.
Et si Jean-Luc Mélenchon était contraint de se passer du soutien du PCF? Machine militante et électorale précieuse et équipe performante de nervis en temps de campagne, le parti totalitaire dirigé par Pierre Laurent n'a toujours pas digéré la déclaration de candidature en solo du chantre de la France insoumise, à tel point que la direction du PCF oeuvre pour un rapprochement avec les candidats socialistes opposés au gouvernement, rapporte ce mardi 1er novembre Europe 1.
Une réunion à huis clos - on a le goût du secret chez les totalitaires- était d'ailleurs prévue ce mercredi 2 novembre, soit trois jours avant une conférence nationale censée clarifier la position du parti, rapporte la radio. Ce que des cadres du PC ont démenti, expliquant ce rendez-vous était en réalité programmé pour le 7 novembre et que la date citée par Europe 1 correspond à une entrevue prévue entre communistes et mélenchonistes.
Pour ce qui est de la réunion avec la délégation de frondeurs, seuls Gérard Filoche (donneur de sperme volontaire) et Marie-Noëlle Lienemann ont confirmé leur présence.
Du côté de Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, on n'a jamais exclu l'hypothèse d'une alliance.
Dès la Fête de l'Humanité, le premier, téléguidé par Emmanuelli, avait évoqué de "véritables convergences" entre son projet et celui de la "gauche de la gauche", ex-"gauche radicale" qui n s'assume plus à l'extrême gauche, alors que l'ex-redresseur de courbe de l'emploi est allé encore plus loin dimanche 30 octobre.
Interrogé par le JDD sur la possibilité d'un accord avec les communistes, l'ancien ministre stalinien de l'Industrie (pompeusement intitulé "ministre du redressement productif" !) a été clair: "pourquoi pas s'ils le souhaitent". "Mon projet a été applaudi à la Fête de L'Humanité comme dans des cercles d'entrepreneurs, devant lesquels je tiens exactement le même langage", a-t-il insisté, jouant la ritournelle de "l'union des gauches", 'marronnier' qui refleurit au printemps, tous les cinq ans. Et le p'tit gas de la Marine en marinière "made in France" de cibler directement Jean-Luc Mélenchon: "Ce qui [le] sépare du reste de la gauche, c'est sa radicalité et son isolement. Il faut unir les Français et non les radicaliser".
Le problème de la gauche, c'est son candidat, selon Montebourg
Si certains n'enterrent pas une alliance avec Jean-Luc Mélenchon, comme l'adjoint communiste de la Ville de Paris Ian Brossat, sensible à son charme, ce matin sur RTL, l'ex-socialiste n'est pas vraiment en odeur de sainteté au PCF.
Au mois de septembre, Olivier Dartigolles, le porte-parole du parti, publiait un long texte sur Facebook pour dénoncer l'attitude de Jean-Luc Mélenchon à la Fête de l'Humanité. Non seulement il avait publiquement taclé Pierre Laurent en lui reprochant de faire "du trotskisme des années 70", mais il avait, en plus, séché son discours. Un véritable affront pour la famille communiste. "Quand on est invité à la Fête de l'Humanité, il semble assez naturel de venir saluer celui qui vous invite. Non?", tacla Olivier Dartigolles.
La tension est encore montée d'un cran entre les deux, la semaine dernière sur Facebook.
"Le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, sort de l'ambiguïté pour soutenir très clairement Montebourg", s'est emporté Jean-Luc Mélenchon, souhaitant aux communistes "un bon voyage avec le PS". Or, comme l'avaient repéré le Lab d'Europe 1, il s'avère que l'ancien sénateur socialiste avait lu un peu trop vite un tweet d'un journaliste du Figaro...
Plus récemment, un ultime épisode est encore venu jeter de l'huile sur le feu. Alors que dans sa course aux parrainages, Jean-Luc Mélenchon se heurte à la réticence d'élus communistes qui attendent servilement les directives du parti, l'ex-candidat à la présidentielle les aurait traités "d'abrutis", selon ses propos rapportés par Le Point. Si le champion de la "France insoumise" a depuis démenti sur sa page Facebook, cette insulte montre à quel point les relations sont tendues entre la direction du PC (favorable à une primaire à gauche) et Jean-Luc Mélenchon qui mise sur le mouvement "au-dessus des cartels de partis" qu'il a créé pour le porter jusqu'à l'Elysée.
Une possible réconciliation ?
Reste que dans les rangs communistes, l'hypothèse Mélenchon n'est pas totalement écartée. "Jean-Luc Mélenchon est une possibilité, mais il faut qu'il fasse le choix du rassemblement, de l'ouverture (...) pour qu'il nous permette d'avoir un fort candidat de gauche qui soit apte à être au second tour de l'élection présidentielle", a précisé Ian Brossat, sur RTL.
"Nous, ce que nous souhaitons, c'est que Jean-Luc Mélenchon et sa nouvelle organisation La France insoumise puissent travailler avec les organisations du Front de gauche, avec l'écologie politique, avec les socialistes en rupture avec la politique gouvernementale. Que tout ce monde là se mette de nouveau autour de la table pour réfléchir à des batailles communes", expliquait lundi Olivier Dartigolles sur les ondes de RFI. L'aveu que le parti serait prêt à le suivre en cas de main tendue. Chose que Jean-Luc Mélenchon se refuse à faire, comme il l'a expliqué ce mardi au Figaro.
"Je suis candidat. Que me demande-t-on? De renoncer à ma candidature pour ouvrir une improbable quête de perfection? Les écologistes sont dans le processus de leur primaire, les frondeurs ont annoncé qu'ils acceptaient le cadre de la primaire PS... De quoi parlons-nous, alors? Je n'ai qu'une chose à préciser sur ce point: le 'n'importe qui sauf Mélenchon', ce n'est pas une ligne politique".
Une pétition appelant les communistes à se rallier à Jean-Luc Mélenchon a recueilli pour le moment plus de trois mille signatures. Assez pour que Pierre Laurent se résigne à le soutenir ? Réponse le 5 novembre.
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