lundi 16 mai 2016

Harcèlement sexuel: les journalistes du SNJ révèlent des pressions de Baupin

Mediapart publie un courrier du député écologiste exigeant le retrait de l'enquête

Dénoncé pour des faits de harcèlement et d'agressions sexuels,
 l'écologiste 
Denis Baupin demande le retrait "immédiat" de l'article à l'origine du scandale.


Dénonçant "un climat d'intimidation" dans lequel l' "enquête douloureuse" a été menée et qui aurait commencé bien avant la parution de l'article, puis par courrier reçu ce jeudi par Mediapartle site trotskiste d'information réplique en publiant la lettre de l'élu écologiste dans son intégralité.

Dans courrier adressé par l'intermédiaire de son avocat, Denis Baupin somme Mediapart de censurer l'enquête fleuve à l'origine de l'affaire qui agite le monde politique depuis lundi et alimente la presse en période creuse de la Pentecôte. 
"Cet article comporte des imputations diffamatoires", écrit dans son courrier daté du 9 mai, Me Emmanuel Pierrat, avocat chevènementiste spécialisé dans le droit de l'édition et les media et de la ...liberté de la presse. Il y exige la "suppression immédiate" de ce "reportage litigieux". "Par surcroît, je vous demande de me faire part des mesures que vous entendez prendre pour réparer le préjudice de Monsieur Denis Baupin", ajoute le conseil du député écologiste, se payant le luxe d'une arrogance indécente. 
Cet avocat franc-maçon est connu pour son engagement en faveur du mariage homosexuel, comme défenseur de Jean-Luc Romero et pour des chroniques dans Têtu, un ex-magazine gay.
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Une première "injonction de ne rien publier", dès le début avril


Le patron de Mediapart, Edwy Plenel, n'a pas tardé à répondre que cette "sommation totalement attentatoire au droit de la presse" était rejetée:

"Ce courrier sans précédent (…) contredit le souhait du député et de son entourage que la justice fasse son office puisque M. Baupin exige la suppression de l’enquête qui l’a mise en mouvement", écrit-il.
Edwy Plenel fait valoir que le député, invité par la rédaction à apporter ses contradictions aux témoignages le mettant en cause avant la parution de l'article, s’y est "farouchement dérobé". Denis Baupin avait demandé à Mediapart de s'autocensurer avant même la parution de l'enquête:
"Non seulement l’ex-vice-président de l’Assemblée nationale a ignoré toutes nos demandes d’entretiens et refusé de répondre à toutes nos questions, mais, de plus, il nous a fait parvenir, (…) dès le 8 avril, une injonction de ne rien publier", poursuit Edwy Plenel, qui publie ce courrier également dans son intégralité.
"Un contexte de pression explicite de Denis Baupin"


Edwy Plenel dénonce en outre les pressions exercées par l'homme politique sur sa rédaction avant la parution de son article:
"C’est donc peu dire que cette enquête douloureuse, tant il fallut de courage aux femmes concernées pour sortir enfin de leur silence, fut menée sous tension, dans un contexte de pression explicite de Denis Baupin, via son avocat", s'insurge Edwy Plenel. Une preuve éclatante, selon lui, du "fardeau oppressant que les victimes ont eu à soulever pour briser l’omerta".
Et de conclure: "Il est inédit qu’un responsable politique exige d’un journal qu’il se censure".

Le SNJ dénonce une tentative d'étouffer l'affaire Baupin
"Mediapart : un député fait fi de la liberté de la presse !
Que s'est-il passé dans l'esprit d'un élu de la nation pour qu'il s'attaque directement à un principe démocratique fondateur de notre République : la liberté de la presse ? Par deux fois, Denis Baupin, via son avocat, a tenté de faire l'omerta sur une enquête menée à son encontre pour des faits de harcèlements et d'agressions sexuelles.
Tentative de censure, à priori [... et] intimidation et l'excellente réponse (2) de notre confrère aurait dû être suffisante." Ainsi débute la dénonciation de l'ancien adjoint à la mairie PS de Paris par le syndicat. 
Marqué à l'extrême gauche, le Syndicat national des journalistes a dénoncé dimanche une tentative du député écologiste Denis Baupin d'étouffer l'enquête du site de presse trotskiste.

Le SNJ publie sur son site deux lettres de l'avocat de Denis Baupin au directeur de Mediapart, Edwy Plenel.
"Il apparaît qu'une journaliste de la rédaction de Mediapart recherche activement des témoignages (...) aux fins de tenter de remettre gravement en cause (la) probité" de Denis Baupin, écrit Me Emmanuel Pierrat dans la première, datée du 8 avril.
Le SNJ confirme que l'eurodéputé Baupin (ci-contre) met en demeure Edwy Plenel de s'abstenir de publier "tout élément susceptible de porter atteinte à l'honneur et à la considération" de son client.

Dans sa réponse, également publiée par le SNJ, Edwy Plenel oppose une fin de non recevoir à cette "sidérante sommation""relevant de pratiques d'ancien régime".
Un mois plus tard, après la publication des témoignages de huit femmes, parmi lesquelles des dirigeantes de l'ancien parti de Denis Baupin, Europe Ecologie-Les Verts, mettant en cause le député, Me Emmanuel Pierrat a de nouveau écrit à Mediapart.

Dans la deuxième lettre, datée du 9 mai, il demande, on le sait, la "suppression immédiate" de l'article de la journaliste (trentenaire passée par l''AFP et l'Humanité) Lénaïg Bredoux intitulé "Des femmes dénoncent les harcèlements et agressions sexuelles du député Denis Baupin" et publié le même jour sur le site de Mediapart. En totale concertation avec Edwy Plenel, le SNJ qualifie de "litigieux" ce reportage comportant selon lui des "imputations diffamatoires" et menace Mediapart de poursuites. La journaliste de Mediapart a déjà eu son heure de gloire en 2012 avec une enquête sur les compromissions d'officiels et d'intellectuels français avec le régime de Ben Ali avant le "printemps arabe".

Ces menaces sont restées sans effet et les témoignages à visage découvert de plusieurs des femmes citées par Mediapart ont au contraire renforcé l'impact du reportage, qui a conduit Denis Baupin à démissionner de son poste de vice-président de l'Assemblée nationale.

Dans un communiqué, le SNJ exprime sa "stupéfaction de voir un élu de la nation se comporter de façon aussi peu civique" et apporte son soutien à Mediapart.

Le Parquet de Paris a pour sa part ouvert le 10 mai une enquête préliminaire pour "recueillir les témoignages des victimes présumées (...), vérifier les dates et lieux de la commission des faits allégués" et "entendre tout témoin utile".

Ancien assistant de Dominique Voynet, Denis Baupin est le père d'un fils, né de son union avec l'héritière de Jacques Bravo, ex-maire du IXe de Paris, après treize années passées au poste d’adjointe à ses côtés, Pauline Véron, adjointe à la maire de Paris dont la maire travaillait à l'Assemblée nationale. Il a aussi deux enfants d'Emmanuelle Cosse, avec laquelle il s'est marié le 20 juin 2015

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