mercredi 3 juillet 2013

Montebourg ironise sur le "très beau travail" de Batho

Montebourg rend "hommage" Batho: ça ne mange pas de croissants !

Au bal des hypocrites, Montebourg n'est pas à l'orchestre

Najat Vallaud-Belkacem a accablé Delphine Batho, ministre de l'Environnement renvoyée comme une malpropre pour avoir amèrement regretté l'amputation du budget de l'écologie. Elle a pris en revanche la défense d'Arnaud Montebourg, l'employeur de son mari, Boris Vallaud, bien qu'il s'en soit pris à tout le monde, entrepreneurs et jusqu'à son premier ministre, qu'il a injurié devant témoins sur sa gestion de la France. La porte-parole du gouvernement a néanmoins eu le front d'assurer que le ministre du Redressement productif "n’a jamais contesté publiquement un arbitrage rendu par le Premier ministre".
Hollande et Ayrault auraient été les seuls à ne pas savoir apprécier l'excellence du travail de la bannie.

Le ministre de l'esbrouffe improductive a encore fait du zèle en flattant la ministre tombée en disgrâce. Se démarquant du Premier ministre et donc du chef de l'Etat, il a en effet adresse un "message de courage et d'affection" (sic) à son ex-collègue, évincée du gouvernement mardi.
Montebourg n'a pas manqué d'audace devant les caméras mercredi, à l’issue du Conseil des ministres:
il ne manquait que les fleurs. Toujours ministre malgré ses désaccords publics avec Jean-Marc Ayrault fin 2012 au sujet de Florange, il a été le seul à voir en Delphine Batho une "excellente collègue", qui a "fait un très beau travail". "C’est une amie par ailleurs. Je veux lui adresser un message de courage et d’affection". Le couple exécutif aura apprécié cet accès isolé de complaisance.

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a d'ailleurs justifié l'éviction de la ministre. 
François Hollande "a dit (...) qu’il y a une règle, et les règles elles s’appliquent" à tous les membres du gouvernement, qui ne doivent pas critiquer la ligne politique budgétaire choisie, a-t-il souligné devant la presse à l’issue du Conseil. Cette règle est "celle, dans un gouvernement, du respect des engagements autour du Budget, qui est un acte essentiel", a-t-il insisté. L’ambiance a néanmoins été "tout à fait studieuse," a-t-il encore ajouté en langue de bois: cette éjection est un non-événement ! 

Le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon enfourche le thème de l'hégémonie socialiste.
Côté cour, l'élu d'extrême gauche a estimé mercredi que le président François Hollande "aux abois" a montré "un visage autoritaire, machiste et violent" en l'encontre de Dephine Batho, une jeune ministre exposée, car sans réseau. Et d'espérer que cette décision accélèrera "l’indispensable recomposition politique (...) dont le peuple a besoin".
"François Hollande avait déjà divisé la gauche politique, puis les syndicats. Il divise à présent son gouvernement. Et du même coup son parti, comme il va le voir bientôt. Il s’en mordra les doigts", commente Jean-Luc Mélenchon dans un communiqué au lendemain du limogeage de la socialiste. "Il croyait faire un exemple sans frais. Mais Madame Batho n’est pas la faible femme qu’il croit", prétend-il et "son expulsion correspond à un moment politique qui lui donne un sens très large", estime l’Eurodéputé, pour qui "les socialistes et les Verts savent dorénavant qu’ils n’ont d’autre espace que celui de la soumission aveugle et silencieuse au dogme de l’austérité" et que "toutes leurs convictions y seront sacrifiées".

"
Seuls Hollande et sa cour de technocrates peuvent croire que les préoccupations de carrière sont les seules motivations du grand nombre des socialistes et des écologistes. Cela ne passera pas", martèle l’ancien candidat à la présidentielle, pour qui "François Hollande, aux abois, montre un visage autoritaire, machiste et violent". "Sa décision va révulser. Puisse-t-elle accélérer l’indispensable recomposition politique sur des bases saines et honnêtes dont le peuple a besoin", se réjouit l’ancien sénateur de l’Essonne.Côté jardin des Verts radicaux, mardi soir, le député-maire de Bègles, Noël Mamère, proposait sur RTL une "réunion de crise" d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) après l'"éviction" de la socialiste. "Il faut que notre parti avec les ministres organise au plus vite une réunion de crise pour savoir si nous devons rester dans ce gouvernement", a-t-il estimé. 
A l'inverse, Pascal Canfin, l’un des deux ministres écologistes qui, avec Cécile Duflot, campent au gouvernement, annonçait sur Europe 1 qu’ils feraient mardi soir avec Pascal Durand, numéro un d’EELV, "l’analyse politique de la situation".
Mais
Barbara Pompili, co-présidente du groupe des députés Europe Ecologie-Les Verts (EELV), a confirmé mardi soir à la presse que "les Verts ne quitt(ent) pas le gouvernement", malgré l'amputation du budget de l'environnement et l'éviction de sa ministre. En quittant la réunion en cours des dirigeants EELV au ministère du Logement dirigée par l’écologiste Cécile Duflot, Barbara Pompili a ajouté dans une formule malencontreuse que "la question de la sortie du gouvernement a été évacuée assez vite". "On attend notamment de rencontrer Jean-Marc Ayrault. J’espère qu’on va le rencontrer assez vite. On a besoin d’avoir des éléments qui nous rassurent sur ce que veut faire ce gouvernement par rapport à l’écologie", a-t-elle prétendu.Pascal Durand, secrétaire national de EELV, a déploré qu'avec le débarquement de Batho l’écologie serve "encore de variable d’ajustement". "A partir du moment où elle exprime un désaccord, je regrette que l’on mette fin à ses fonctions immédiatement, et qu’on ne laisse pas l’espace à un débat", a-t-il déclaré sur BFM Business. "On va arriver au troisième ministre de l’écologie en une année. C’est le seul ministère qui a tourné de cette manière, le seul ministère qui manifestement sert de variable d’ajustement". Il a demandé au président François Hollande et au Premier ministre "des engagement clairs et des actes pour que l’écologie soit définitivement prise en compte dès le budget 2014", a-t-il précisé à l’issue d’une réunion des ténors du part.

"Deux poids, deux mesures"

Le co-président des députés écologistes, François de Rugy, a évidemment déversé son lisier, estimant que "sanctionner les bons élèves quand certains cancres n’ont jamais de sanction", comme Arnaud Montebourg, par exemple, "c’est quand même assez fort de café" équitable. "Cela donne l’impression qu’il y a deux poids deux mesures, quand on parle d’écologie et d’autre chose", a-t-il commenté. 

Interrogé sur le successeur de D. Batho, Philippe Martin
, qui avait été mandaté il y a quelques mois pour faire le lien avec les écologistes, il a déclaré : "On le connaît bien, mais la question c’est : quelle sera sa marge de manoeuvre". "Il faut qu’il ait une parole forte". Rugy n'attend donc pas des actes.
Le député EELV
Sergio Coronado a fustigé "la violence de la décision" et "un fonctionnement de caserne". "Je ne crois pas qu’on ait besoin de cela en ce moment", a-t-il observé. 
Pour la co-présidente du groupe écologiste Barbara Pompili, qui ne semble pas revendiquer un ministre écolo à l'environnement, ce qui importe "ce n’est pas le casting, mais l’orientation écologiste du gouvernement". "On disait à Delphine Batho qu’il fallait qu’elle s’engage plus, qu’elle 'l’ouvre plus', malheureusement elle l’a ouvert, un peu trop tard. La vie politique est injuste mais nous, ce qui nous importe ce n’est pas le casting mais l’orientation écologiste de ce gouvernement", a-t-il déclaré dans les couloirs de l’Assemblée, sans regrets pour Batho.

L'opposition tacle

L’ancien ministre de l’Écologie
Jean-Louis Borloo a dénoncé la politique du gouvernement qui consiste à " faire porter la responsabilité au ministre" qui "défend sa mission. "La méthode qui consiste à amputer aussi violemment cette politique avec plus de 7% de baisse de son budget faisant porter la responsabilité au ministre en charge qui défend sa mission relève plus de la faiblesse et de l’inélégance que de la fermeté", souligne le président de l’UDI dans un communiqué. "Depuis la composition de ce gouvernement, j’ai dénoncé le démantèlement du grand ministère de l’Écologie, ministère d’État, avec l’amputation des transports, du logement et de l’urbanisme, c’est-à-dire les trois quarts des sujets environnementaux notamment en matière d’émission de CO2", rappelle le député du Nord.
En conséquence, dit-il, "ce ministère affaibli n’a pas pu défendre les économies d’énergie dans les bâtiments, les transports doux comme le Canal Seine-Nord, les autoroutes ferroviaires et a constaté impuissant la mise en berne des énergies renouvelables comme si la présence d’écologistes au gouvernement était une caution qui autorisait l’abandon de ces politiques".

François Fillon, ancien Premier ministre, a dénoncé le "deux poids deux mesures" de ce limogeage de Delphine Batho, alors que le président François Hollande laisse "divaguer sur la place publique" d’autres ministres comme Arnaud Montebourg ou Cécile Duflot. Le renvoi de Mme Batho du gouvernement est "un épisode désolant. Manifestement, François Hollande et Jean-Marc Ayrault sont plus prompts à sanctionner leur ministre de l’environnement que M. Montebourg ou Duflot", a affirmé F. Fillon
lors d’un meeting à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) . Selon lui, " il y a les membres de la majorité que le président et le Premier ministre craignent. "Celui qui divague le plus, c’est Montebourg qui a réussi l’exploit de nous fâcher avec tout le monde: les industriels, les investisseurs étrangers, les chefs d’entreprises français, la Commission européenne, l’Allemagne de Mme (Angela) Merkel. Lui, il peut continuer, il restera à son poste car il doit peser sans doute dans la majorité,"  a-t-il ajouté. "La pauvre Mme Batho a sûrement eu tort de dire que son budget était mauvais mais je remarque ce deux poids deux mesures", a-t-il fait valoir.

L'épisode Batho devrait être
l'occasion d'une évaluation de ce que Montebourg a fait de ses 17% et ce qu'est devenu son poids politique réel.

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