mercredi 2 novembre 2011

L'Unesco accueille l'Autorité palestinienne, en toute précipitation

L'Unesco affiche ses préférences tiers-mondistes
Une acceptation hâtive et prématurée

L'Unesco donne un coup de pouce à l'Autorité palestinienne
L'agence onusienne pour la culture a décidé de faire de la Palestine son 195e "état-membre", bien qu'elle n'en soit pas un !
Une certaine presse en profite abusivement pour lui conférer le statut d'état dans ses commentaires qui présentent l'ONU comme "la première à reconnaître au niveau international l'Etat palestinien", bien qu'il ne s'agissent que de l'Autorité palestinienne: 94 États reconnaissent un "État de Palestine", mais 11 pays s'y refusent farouchement. Ils lui accordent un statut diplomatique particulier et une "représentation" palestinienne. Les Palestiniens n'avaient jusqu'ici qu'un statut de «mission d'observation».
Si cette décision permettait de protéger le patrimoine palestinien, la précipitation de l'UNESCO aurait donné du sens culturel à ses compensations, mais les crédits risquent de manquer.
Les déceptions d'Israël et des Etats-Unis, ainsi que des neuf autres états, sont grandes: elles portent en effet atteinte aux efforts de paix dans la zone.

L'UNESCO a franchi un pas qui entame un peu plus sa crédibilité

L'autorité palestinienne n'a donc pas remporté de victoire diplomatique à Paris, puisqu'elle bénéficiait déjà d'une certaine reconnaissance, d'autant que cette avancée tend les relations internationales.

La Conférence générale de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) a voté en faveur de l'admission de la Palestine comme membre à part entière, 107 voix pour, 52 abstentions et 14 voix contre. " L'entrée de la Palestine porte le nombre d'Etats membres de l'Unesco à 195 ", a dit l'organisation dans un communiqué.
Il convient d'ailleurs de distinguer l'Autorité palestinienne, entité administrative, de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine), organisation composite aux attributions politiques et paramilitaires, créée en mai 1964.
L'amalgame avec le Soudan du Sud, qui a rejoint l'organisation vendredi dernier, est un autre abus.
Le Soudan est dirigé par le général Omar al-Bashir sur coup d'état depuis 1989.Il est chef de l'État, Premier ministre et chef des forces armées. La loi pénale a institué des peines sévères dans tout le pays, telles que l'amputation et la lapidation. En revanche, le Soudan du Sud est un nouvel état démocratique non musulman depuis 2010, après une guerre civile qui a déplacé plus de 4 millions d'habitants du Sud et fait 2 millions de morts.

La Palestine au patrimoine mondial

" C'est vraiment un moment historique qui rend à la Palestine certains de ses droits", s'est félicité le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, Riyad al-Malki, dans sa déclaration politique devant les Etats-membres.
Il a en outre affirmé que "la Palestine est le berceau des religions et des civilisations".

Interrogé à Ramallah (Cisjordanie), le ministre de la Culture, Siham al-Barghouti, a salué "un grand succès" qui va, selon lui, permettre aux Palestiniens de "protéger (leur) patrimoine et (leur) culture". Encore un acteur politique qui ne se soucie pas de financement.

Le processus va maintenant s'élargir
L'Autorité palestinienne a déjà présenté la candidature de Bethléem (Cisjordanie) au patrimoine mondial en février dernier, sous l'intitulé "Lieu de naissance de Jésus: l'Eglise de la Nativité - à Bethléem - et la Route des pèlerinages". L'Unesco rendra sa décision en juillet 2012.
Vingt autres sites pourraient être prochainement soumis dont Jéricho, Hébron (et le Caveau des Patriarches), le mont sacré des Samaritains ou encore la mer Morte.

Certains de ces sites se situent cependant dans des zones disputées par l'Autorité palestinienne et Israël ou par la religion musulmane et judaïque, de quoi attiser une nouvelle fois les tensions israélo-palestiniennes.

Tensions avec Israël, conséquences pour l'Unesco

Etape symbolique dans la course à la reconnaissance d'un Etat palestinien futur,
cette adhésion à l'Unesco révolte les autorités de l'Etat hébreu.

Ils dénoncent "une manoeuvre palestinienne unilatérale qui ne changera rien sur le terrain, mais éloigne davantage la possibilité d'un accord de paix".

Un forcing diplomatique
Alors que la France a voté en faveur de cette adhésion à l'Unesco, l'Allemagne ou encore les Etats-Unis se sont positionnés contre tout vote d'une agence onusienne avant que le Conseil de sécurité de l'ONU ne prenne sa décision le 11 novembre prochain, quant à la demande de reconnaissance de l'Etat palestinien formulée par le président Mahmoud Abbas, le 23 septembre dernier.

La Palestine se prive des crédits nécessaires à la sauvegarde de son patrimoine culturel

Les Etats-Unis, qui devraient opposer leur véto
, ont annoncé lundi qu'ils suspendent leurs versements à l'Unesco, ce qui prive l'agence de 22% de son budget, soit un trou de 70 millions de dollars dès 2011. Deux lois américaines du début des années 1990 interdisent en effet le financement d'une agence spécialisée des Nations unies qui accepte les Palestiniens comme Etat membre à part entière. Cette contribution représente plus du cinquième de son budget.
Le Canada a menacé de faire de même.

Cette avancée est une victoire diplomatique à la Pyrrhus.

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