Le facteur sonnera-t-il quatre fois ?
Madame,
L’affaire du Sofitel de New York a mis en lumière votre tenace détermination, votre inoxydable opiniâtreté, votre farouche volonté face au[x] défi[s] humain et judiciaire au[x]quel[s] vous avez été, et êtes encore, confrontée du fait des accusations de nature sexuelle portées contre votre conjoint. C’est du moins ce que l’on a pu lire ou entendre dans la plupart des médias, sous la plume ou au micro d’éditorialistes séduits par votre comportement « exemplaire », tant sur le plan de la « dignité » que sur celui de la « solidarité » avec ce mari en grande difficulté. En un mot comme en cent, « vous imposez le respect », selon ces bons apôtres de la pensée unique.
Difficile de ne pas faire chorus avec les divas médiatiques dans un tel concert de louanges. Et de facto la majorité de nos concitoyens a, sans sourciller, approuvé ces éditoriaux dithyrambiques, émis pour la plupart d’entre eux par vos propres amis du PAF et autres habitués des lambris et dorures de l’Hôtel de Crillon où vous partagez le couvert avec les autoproclamées « élites de la nation », membres comme vous du très huppé club du Siècle. Permettez-moi pourtant d’émettre une musique différente et, je le crains, quelque peu dissonante dans cette belle partition lyrique que l’on pourrait intituler « Ode à une femme de devoir »...
Les semaines passent et l’on découvre avec stupéfaction à quel point votre époux est englué dans les affaires sexuelles les plus diverses, et parfois les plus sordides. Un Strauss-Kahn convaincu d’avoir eu, ici une liaison avec une collaboratrice du FMI, et là d’avoir été « reconnu coupable d’une agression sexuelle », par chance prescrite, selon les termes d’un communiqué officiel du Parquet de Paris. Un Strauss-Kahn par ailleurs toujours poursuivi au civil sur le sol américain au motif qu’il aurait agressé une humble femme de ménage immigrée pour la molester et lui imposer une fellation. Cerise sur le gâteau de l’érotomanie, un Strauss-Kahn désormais cité dans une affaire de proxénétisme hôtelier comme amateur de croustillantes parties fines avec des prostituées et, last but probably not least, ami de personnalités d’ores et déjà mises en examen dans cette affaire.
On peut sans doute vous faire crédit de n’avoir pas suspecté que votre mari, profitant de sa position sociale, ait pu se livrer à des agressions sexuelles, fussent-elles présumées. Mais à l’évidence, vous ne pouviez pas ignorer ses turpitudes érotiques, au moins son goût pour les prestations des prostituées, et son insatiable appétit de « conquêtes » féminines, probablement imposé par une hyperactivité hormonale et un besoin corrélatif de domination par la possession sexuelle. Une étonnante tolérance de votre part qui fait de vous une épouse pour le moins complaisante, convenez-en. Mais peut-être, au-delà de cet amour que avez prétendu éprouver « comme au premier jour », trouviez-vous quelque intérêt à ne rien voir du comportement de votre conjoint, à ne rien entendre des bruits qui couraient ici et là dans les rédactions des médias ou dans les salons de vos amis du Who’s Who, et pas seulement sous la forme d’un venticello d’Air de la Calomnie ?
« Quel intérêt aurais-je eu à subir en silence de telles humiliations » ? m’objecterez-vous. Un intérêt certes pas financier car, héritière du marchand d’art et collectionneur Paul Rosenberg, vous êtes, de notoriété publique, à la tête d’une fortune de plusieurs dizaines de millions d’euros, principalement constituée d’œuvres d’art de très grande valeur. Un intérêt certes pas médiatique car vous étiez déjà, lors de votre mariage en 1991, présentatrice de l’une des émissions préférées des Français (Sept sur Sept) et, de ce fait, très populaire dans la population. Reste l’intérêt politique. Car Dominique Strauss-Kahn était déjà, au début des années 90, l’un des éléphants en devenir du Parti socialiste, promis à une très belle carrière en rapport avec sa remarquable intelligence, ses indiscutables capacités économiques – hélas ! mises au service du libéralisme – et une maîtrise des langues plutôt rare à ce niveau. DSK était même ministre de François Mitterrand lorsque vous l’avez épousé. Et sans doute aviez-vous d’ores et déjà de grands projets pour ce surdoué...
Si je ne doute pas un instant du carriérisme de votre conjoint, je suis en effet convaincu depuis longtemps que vous avez été son aiguillon, le moteur de cette ambition élyséenne qui l’a conduit à disputer la primaire de 2006 puis – il s’apprêtait à le faire – à briguer de nouveau cette année l’investiture socialiste à l’élection présidentielle de 2012. Dominique Strauss-Kahn aurait-il, sans votre détermination et l’irrépressible désir d’Élysée qui transparaissait sous votre apparent détachement, renoncé à son prestigieux poste de Directeur général du FMI pour se lancer dans un nouvel et très incertain affrontement politique lors de la primaire citoyenne ?
Pas sûr. Et vous devez le savoir mieux que quiconque. Il suffit d’ailleurs, pour être assailli par le doute, de se souvenir des piètres prestations de votre champion en 2006 lors des confrontations avec un Laurent Fabius, pourtant définitivement disqualifié dans l’esprit des Français par l’affaire du sang contaminé, et une Ségolène Royal combattive mais réputée moins expérimentée. Or, qu’a-t-on vu lors des débats ? Un Strauss-Kahn timoré, presque absent de la partie, et qui a très vite rendu les armes au point d’être laminé par la présidente de Charente-Poitou (65,69 % contre 20,69 à DSK, et 18,66 à Fabius). Étonnant, non ? Et aucune explication sérieuse de cette déroute, pas même dans la presse où certains éditorialistes se sont contentés d’évoquer la « désinvolture » de Strauss-Kahn. Et si, au fond de lui-même, votre mari avait, plus ou moins consciemment, saboté sa candidature, par crainte du carcan élyséen, par peur d’une présidence castratrice ?
Or, voilà que survient en 2011 une nouvelle opportunité de conquête du Graal élyséen, bien meilleure qu’en 2006 à en croire les sondages. Encore faut-il vaincre lors de la primaire citoyenne ! Un obstacle en apparence plus rude que l’élection présidentielle tant l’image de Strauss-Kahn est désormais associée au très libéral FMI. Et c’est alors que survient, le 14 mai, l’incroyable affaire du Sofitel. En neuf minutes, tous les rêves de palais présidentiel s’effondrent. Pour votre mari bien sûr, mais aussi pour vous-même qui, à son côté, aviez œuvré à ce projet depuis des années bien que vous ayez pu être régulièrement humiliée dans votre vie privée par le comportement de DSK, si l’on en croit vos propres filles. Comme quoi l’ambition exacerbée peut se révéler un puissant ciment du couple.
Personnellement, dès l’annonce de l’arrestation de votre époux, j’ai cru à un acte manqué, à une nouvelle manifestation de refus inconscient de cette présidence aux allures carcérales – si j’ose dire – pour un homme aussi exposé aux exigences de sa libido et par conséquent à un style de vie incompatible avec l’exercice du pouvoir dans la France de 2012. Deux tentatives, deux cinglants échecs ! Le premier pour cause de régime moteur insuffisant, le second pour cause de spectaculaire sortie de route. Par chance, cela s’est produit avant la primaire citoyenne, et même avant que Dominique Strauss-Kahn n’ait officialisé sa candidature.
Si tel n’avait pas été le cas, vous auriez, l’un comme l’autre, porté la terrible responsabilité du scandale qui n’aurait pas manqué de surgir tôt ou tard, soit après la désignation du candidat socialiste, soit après l’élection présidentielle et l’accession probable de votre couple à l’Élysée. En cela, votre attitude commune a été indigne et devrait vous valoir le rejet de tous ceux qui s’identifient à la Gauche, et plus largement de tous ceux qui souffrent du sarkozysme. Serge July, dans un édito sur RTL en date du vendredi 21 octobre, a estimé que, compte tenu de la vie qu’il mène, Strauss-Kahn n’aurait pas dû envisager « plus de 10 secondes » une candidature à l’élection présidentielle. Cela résume parfaitement ce que je ressens et sans doute ce que ressentent des millions de Français floués, trompés, bafoués par votre couple. J’espère que vous en avez pris conscience, vous qui avez été très largement complice, voire instigatrice, de cette pitoyable pantalonnade infligée au peuple de France.
Je vous prie d’agréer, Madame, des salutations dont je vous laisse mesurer vous-même l’empressement. [7 mn, douche comprise...]
Fergus
Madame,
L’affaire du Sofitel de New York a mis en lumière votre tenace détermination, votre inoxydable opiniâtreté, votre farouche volonté face au[x] défi[s] humain et judiciaire au[x]quel[s] vous avez été, et êtes encore, confrontée du fait des accusations de nature sexuelle portées contre votre conjoint. C’est du moins ce que l’on a pu lire ou entendre dans la plupart des médias, sous la plume ou au micro d’éditorialistes séduits par votre comportement « exemplaire », tant sur le plan de la « dignité » que sur celui de la « solidarité » avec ce mari en grande difficulté. En un mot comme en cent, « vous imposez le respect », selon ces bons apôtres de la pensée unique.
Difficile de ne pas faire chorus avec les divas médiatiques dans un tel concert de louanges. Et de facto la majorité de nos concitoyens a, sans sourciller, approuvé ces éditoriaux dithyrambiques, émis pour la plupart d’entre eux par vos propres amis du PAF et autres habitués des lambris et dorures de l’Hôtel de Crillon où vous partagez le couvert avec les autoproclamées « élites de la nation », membres comme vous du très huppé club du Siècle. Permettez-moi pourtant d’émettre une musique différente et, je le crains, quelque peu dissonante dans cette belle partition lyrique que l’on pourrait intituler « Ode à une femme de devoir »...
Les semaines passent et l’on découvre avec stupéfaction à quel point votre époux est englué dans les affaires sexuelles les plus diverses, et parfois les plus sordides. Un Strauss-Kahn convaincu d’avoir eu, ici une liaison avec une collaboratrice du FMI, et là d’avoir été « reconnu coupable d’une agression sexuelle », par chance prescrite, selon les termes d’un communiqué officiel du Parquet de Paris. Un Strauss-Kahn par ailleurs toujours poursuivi au civil sur le sol américain au motif qu’il aurait agressé une humble femme de ménage immigrée pour la molester et lui imposer une fellation. Cerise sur le gâteau de l’érotomanie, un Strauss-Kahn désormais cité dans une affaire de proxénétisme hôtelier comme amateur de croustillantes parties fines avec des prostituées et, last but probably not least, ami de personnalités d’ores et déjà mises en examen dans cette affaire.
On peut sans doute vous faire crédit de n’avoir pas suspecté que votre mari, profitant de sa position sociale, ait pu se livrer à des agressions sexuelles, fussent-elles présumées. Mais à l’évidence, vous ne pouviez pas ignorer ses turpitudes érotiques, au moins son goût pour les prestations des prostituées, et son insatiable appétit de « conquêtes » féminines, probablement imposé par une hyperactivité hormonale et un besoin corrélatif de domination par la possession sexuelle. Une étonnante tolérance de votre part qui fait de vous une épouse pour le moins complaisante, convenez-en. Mais peut-être, au-delà de cet amour que avez prétendu éprouver « comme au premier jour », trouviez-vous quelque intérêt à ne rien voir du comportement de votre conjoint, à ne rien entendre des bruits qui couraient ici et là dans les rédactions des médias ou dans les salons de vos amis du Who’s Who, et pas seulement sous la forme d’un venticello d’Air de la Calomnie ?
« Quel intérêt aurais-je eu à subir en silence de telles humiliations » ? m’objecterez-vous. Un intérêt certes pas financier car, héritière du marchand d’art et collectionneur Paul Rosenberg, vous êtes, de notoriété publique, à la tête d’une fortune de plusieurs dizaines de millions d’euros, principalement constituée d’œuvres d’art de très grande valeur. Un intérêt certes pas médiatique car vous étiez déjà, lors de votre mariage en 1991, présentatrice de l’une des émissions préférées des Français (Sept sur Sept) et, de ce fait, très populaire dans la population. Reste l’intérêt politique. Car Dominique Strauss-Kahn était déjà, au début des années 90, l’un des éléphants en devenir du Parti socialiste, promis à une très belle carrière en rapport avec sa remarquable intelligence, ses indiscutables capacités économiques – hélas ! mises au service du libéralisme – et une maîtrise des langues plutôt rare à ce niveau. DSK était même ministre de François Mitterrand lorsque vous l’avez épousé. Et sans doute aviez-vous d’ores et déjà de grands projets pour ce surdoué...
Si je ne doute pas un instant du carriérisme de votre conjoint, je suis en effet convaincu depuis longtemps que vous avez été son aiguillon, le moteur de cette ambition élyséenne qui l’a conduit à disputer la primaire de 2006 puis – il s’apprêtait à le faire – à briguer de nouveau cette année l’investiture socialiste à l’élection présidentielle de 2012. Dominique Strauss-Kahn aurait-il, sans votre détermination et l’irrépressible désir d’Élysée qui transparaissait sous votre apparent détachement, renoncé à son prestigieux poste de Directeur général du FMI pour se lancer dans un nouvel et très incertain affrontement politique lors de la primaire citoyenne ?
Pas sûr. Et vous devez le savoir mieux que quiconque. Il suffit d’ailleurs, pour être assailli par le doute, de se souvenir des piètres prestations de votre champion en 2006 lors des confrontations avec un Laurent Fabius, pourtant définitivement disqualifié dans l’esprit des Français par l’affaire du sang contaminé, et une Ségolène Royal combattive mais réputée moins expérimentée. Or, qu’a-t-on vu lors des débats ? Un Strauss-Kahn timoré, presque absent de la partie, et qui a très vite rendu les armes au point d’être laminé par la présidente de Charente-Poitou (65,69 % contre 20,69 à DSK, et 18,66 à Fabius). Étonnant, non ? Et aucune explication sérieuse de cette déroute, pas même dans la presse où certains éditorialistes se sont contentés d’évoquer la « désinvolture » de Strauss-Kahn. Et si, au fond de lui-même, votre mari avait, plus ou moins consciemment, saboté sa candidature, par crainte du carcan élyséen, par peur d’une présidence castratrice ?
Or, voilà que survient en 2011 une nouvelle opportunité de conquête du Graal élyséen, bien meilleure qu’en 2006 à en croire les sondages. Encore faut-il vaincre lors de la primaire citoyenne ! Un obstacle en apparence plus rude que l’élection présidentielle tant l’image de Strauss-Kahn est désormais associée au très libéral FMI. Et c’est alors que survient, le 14 mai, l’incroyable affaire du Sofitel. En neuf minutes, tous les rêves de palais présidentiel s’effondrent. Pour votre mari bien sûr, mais aussi pour vous-même qui, à son côté, aviez œuvré à ce projet depuis des années bien que vous ayez pu être régulièrement humiliée dans votre vie privée par le comportement de DSK, si l’on en croit vos propres filles. Comme quoi l’ambition exacerbée peut se révéler un puissant ciment du couple.
Personnellement, dès l’annonce de l’arrestation de votre époux, j’ai cru à un acte manqué, à une nouvelle manifestation de refus inconscient de cette présidence aux allures carcérales – si j’ose dire – pour un homme aussi exposé aux exigences de sa libido et par conséquent à un style de vie incompatible avec l’exercice du pouvoir dans la France de 2012. Deux tentatives, deux cinglants échecs ! Le premier pour cause de régime moteur insuffisant, le second pour cause de spectaculaire sortie de route. Par chance, cela s’est produit avant la primaire citoyenne, et même avant que Dominique Strauss-Kahn n’ait officialisé sa candidature.
Si tel n’avait pas été le cas, vous auriez, l’un comme l’autre, porté la terrible responsabilité du scandale qui n’aurait pas manqué de surgir tôt ou tard, soit après la désignation du candidat socialiste, soit après l’élection présidentielle et l’accession probable de votre couple à l’Élysée. En cela, votre attitude commune a été indigne et devrait vous valoir le rejet de tous ceux qui s’identifient à la Gauche, et plus largement de tous ceux qui souffrent du sarkozysme. Serge July, dans un édito sur RTL en date du vendredi 21 octobre, a estimé que, compte tenu de la vie qu’il mène, Strauss-Kahn n’aurait pas dû envisager « plus de 10 secondes » une candidature à l’élection présidentielle. Cela résume parfaitement ce que je ressens et sans doute ce que ressentent des millions de Français floués, trompés, bafoués par votre couple. J’espère que vous en avez pris conscience, vous qui avez été très largement complice, voire instigatrice, de cette pitoyable pantalonnade infligée au peuple de France.
Je vous prie d’agréer, Madame, des salutations dont je vous laisse mesurer vous-même l’empressement. [7 mn, douche comprise...]
Fergus
(source Agoravox)
C'est classe, bien écrit, ca résume bien, nouvel angle de vue en mettant d'avantage en lumière le rôle de Anne, mais c'est quoi le but de cette lettre ouverte ?
RépondreSupprimer...J'ai pas tout compris...