jeudi 5 mai 2011

Comme chez les profs, des "préfets fantômes"

Des hauts fonctionnaires sans fonction

Retraite confortable assurée

En France, des dizaines de hauts-fonctionnaires bénéficient du titre de préfet alors qu'ils n'en exercent pas la moindre fonction. Ce qui leur permet de toucher une confortable retraite. Plusieurs politiques célèbres bénéficient de ce très statut convoité.

Une enquête de France Soir révèle ce jeudi cette étonnante exception française. Selon le quotidien, ces « préfets fantômes » - plus officiellement appelés « préfets hors-cadre » ou « préfets chargés de mission » - sont « plusieurs dizaines » qui n’ont jamais exercé la fonction mais qui bénéficient de tous ses avantages....

Cette pratique d'emplois fictifs avec l'agréement de la gauche vertueuse, abolie par le général de Gaulle, mais relancée par François Mitterrand, serait aujourd'hui monnaie-courante.
Rien qu'entre 1982 et 1995, une soixantaine de promotions auraient ainsi été attribuées, en Conseil des Ministres, dont « une quarantaine par pur copinage », en guise de récompense (Gilles Leclair, coordonnateur des services de sécurité intérieure,jusqu'en octobre dernier, est aujourd'hui en poste comme Préfet délégué pour la défense et la sécurité de la zone Sud) ou pour amadouer des élus récalcitrants. Un quota de faux préfets est même autorisé, ce qui explique qu'au fil des ans s'est constitué ce corps de préfets fantôme qui rien de mieux à faire que d'attendre la confortable retraite qui va avec...

Faire la part des choses: cas spéciaux

=> La fonction de commandant de police étant incompatible avec un mandat de conseiller régional, Bruno Beschizza, élu UMP de Seine-Saint-Denis et secrétaire général de Synergie (deuxième syndicat d’officiers de police), a été nommé sous-préfet hors cadre pour lui permettre de siéger au conseil régional d'Ile-de-France.
=> Michel Fuzeau, 55 ans, a été promu préfet hors cadre et nommé conseiller pour les affaires intérieures au cabinet du Premier ministre, François Fillon, à compter du 1er septembre 2008.
=> A noter encore qu'être "hors cadre" pour certains, tel le préfet de la Manche, Jean Charbonniaud (janvier 2009), c'est être privé d'affectation par décision gouvernementale.
Autre exemple: Paul Girot de Langlade, 63 ans, préfet hors cadre depuis septembre 2007.Il était toutefois directeur du cabinet du préfet d'Indre-et-Loire à sa sortie de l’ENA en 1985.
=> Enfin, on peut être préfet hors cadre et avoirété préfet en exercice: Pierre Breuil a ainsi effectué une carrière préfectorale de Briançon et Provins en Haute Loire, la Haute-Savoie où il a dû faire face à la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc (24 mars 1999). Préfet hors cadre en juin 1997, il est a nouveau Préfet des (Alpes-Maritimes) en 2002.

Des princes de la République, sans royaume

Cumul des emplois
Le principal attrait du titre réside dans le droit à une pension de base de retraité de 4.000 euros par mois, alors même que ces hauts-fonctionnaires n'ont jamais exercé à proprement parler la fonction de préfet. En général, les intéressés sont aussi parlementaires ou élus, ce qui leur permet de cumuler plusieurs pensions.

=> Parmi ces heureux bénéficiaires, France Soir cite Michel Delebarre (1946, 65 ans), ancien ministre socialiste et député-maire de Dunkerque, nommé préfet hors-cadre en 1983 (gouvernement Mauroy).
En 2005, il a été reconnu coupable du placement sur écoutes de Jean-Edern Hallier et condamné dans le cadre de l'affaire des écoutes de l'Elysée.

=> Ou encore l'actuel président du Conseil régional de PACA, un apparatchik du PS. Un peu avocat, il est surtout ancien député-maire et ancien ministre, Michel Vauzelle (1944, 66 ans), nommé hors-cadre en ...1985, par le gouvernement Laurent Fabius.
Il est au centre d'une autre polémique: la chambre régionale des comptes de PACA a en outre révélé le paiement, entre 1998 et 2002, de 79 nuits passées par Michel Vauzelle à l'hôtel Sofitel Vieux-Port par le Conseil régional, alors que celui-ci bénéficiait déjà d'une chambre d'hôtel payée par l'assemblée.
Ces socialistes vertueux, on comprend bien pourquoi, sont opposés au recul de l'âge de départ à la retraite...

=> L'ancien ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux (1958, 53 ans), bénéficie également de ce titre; mais, lui, n'a pas pour l'heure fait valoir ses droits à la retraite et devra attendre 67 ans !
Autre différence qui le distingue dans l'amalgame qui est fait des prefets fantômes cités par la presse, Brice Hortefeux fut nommé préfet en 1995 et chargé d'une mission de service public relevant du gouvernement, puis chargé de mission au cabinet du président du Sénat entre 1998 et 1999 (Christian Poncelet). Enfin, il a été ministre de l'Intérieur (juin 2009-février 2011) et patron des préfets !

La vérité est à la fois moins simple et plus accablante
Pour cela, revenons sur le cas Michel Delebarre. Cet ancien ministre socialiste cumule les fonctions de député, de maire de Dunkerque, de président de la communauté urbaine de cette ville, et de président du Syndicat mixte de la Côte d’Opale. En plus de toutes ces casquettes, ce homme-orchestre a de surcroît coiffé par deux fois, en 1983 et 1999, celle de préfet hors cadre, sans affectation territoriale. Ce type de "poste" présente donne peu de travail, on l'a compris, mais lui a ouvert droit à une retraite à compter du 28 avril 2011. Un simple avant-goût des pensions qui lui sont promises, puisqu'à presque 65 ans, Delebarre n’a pas encore liquidé ses autres retraites, alors qu'avec la sexagénaire Aubry (61 ans, le 8 août, jour de la carline, sorte de chardon !) il a combattu la loi fixant l'âge de la retraite à 67 ans pour les autres.
S’il le faisait aujourd’hui, il percevrait, après 16 ans et demi de mandat à l’Assemblée nationale, une pension d’au moins 5 000 euros mensuels, qui s’élèvera à 5 250 euros à la fin de la législature. S’y ajouteront ses retraites de maire, de président de communauté urbaine, d’ancien vice-président et président du Conseil régional du Nord Pas-de-Calais... Plus les bonus que lui vaudront éventuellement les autres fonctions qu’il a exercées (directeur de cabinet du premier ministre Pierre Mauroy (1982-84), membre du bureau exécutif et du secrétariat national et président du Conseil national du PS, etc...)
Par comparaison, rappelons que, selon l’INSEE, le montant moyen brut des pensions en France s’élevait, en 2009, à 1 196 euros
=> Autre cas intéressant
Nicole Notat n'est pas préfète hors classe, mais cette militante (1947) cumule des retraites qu'elle doit à son activité syndicale: institutrice à la retraite, ex-secrétaire générale de la CFDT, ex-présidente du conseil d'administration de l'UNEDIC, elle est toujours - à 64 ans - présidente de Vigeo SA (société européenne d'évaluation des performances sociales et environnementales des entreprises), siège aussi à la HALDE et a été désignée par le Conseil européen membre du Groupe de Réflexion sur l'avenir de l'Europe présidé par le socialiste Felipe Gonzalez. Croyez-vous qu'une vie dans la préfectorale ou une nomination de préfet hors cadre assurerait ses vieux jours mieux qu'une carrière syndicale ?

Ainsi, les profs ne sont-ils pas les seuls fantômes de la république

Ils sont plus souvent qu'on ne croie sans élèves (lien PaSiDupes) , mais s'ils ne sont parfois jamais entrés dans une classe, ils sont néanmoins employés, mais par des syndicats ou associations parascolaires. En bref, payés par l'Education Nationale et nos impôts, ils sont détachés au service de la FSU ou de la CGT, et autres mutuelles et organisations de la nébuleuse éducative.

Le montant moyen brut des pensions est de 1191 euros dans la Fonction publique territoriale, de 1265 euros dans l'hospitalière et de 1952 euros pour les pensions civiles de la fonction publique d'Etat.

2 commentaires:

  1. Nous nous crevons pauvres crétins que nous sommes à engraisser des millions de personnes pour qui nous ne sommes que des vaches à lait.

    Aux assistés sociaux à vie s'ajoutent des politiques qui cumulent, des députés et commissaires européens, sénateurs etc.....et de tous les parasites de fonctionnaires de tous niveaux dont beaucoup n'imaginent même pas leurs avantages.....et pour sauver les retraites des petites cloches, vous bosserez jusqu'à 62 ans.....

    C'est à nous dégouter d’être un parfait citoyen. Mais quelle alternative avons nous? la gauche, l'extrême gauche, l'extrême droite, les cocos.....
    Il existe un nombre indécent de planque et d'avantages en tout genre que personne ne dénonce et pour cause, ils peuvent un jour ou l'autre en bénéficier.

    "A bas les privilèges du moment que je garde les miens et même un peu plus....."

    Vous avez le courage de diffuser des infos pour réveiller les cerveaux léthargiques et ouvrir les yeux des endormis et non pour faire de l'intox.....parce que ce que vous dénoncez n'est qu'une partie de la réalité.

    Pour cela merci.
    Lisa

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  2. et dire qu'on cherche des poux dans la tête aux bénéficiaires du RSA pour des broutilles. C'est vraiment la République des copains et surtout des coquins. il va falloir que ça s'arrête.

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