mardi 4 janvier 2011

Kabyles de France en colère

Une situation complexe digne d'intérêt

Il est 'politiquement correct' de chanter les louanges de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des églises et de l'Etat.
Fondatrice de la laïcité française, cette loi est l'objet d'un consensus que sa genèse et les premiers temps de son application, extrêmement conflictuels, ne laissaient pas présager. En 2005, elle restait un "pilier du temple" pour le président Jacques Chirac et constituait aux yeux de son Premier ministre, Dominique de Villepin, "l'un des piliers de notre pacte républicain". Grands laïcs ou francs maçons célèbres, le secrétaire national du Parti socialiste à la laïcité, Jean Glavany, saluait alors "une des grandes lois républicaines", qui définit " le vivre-ensemble dans le respect des différences ". André Rossinot, président du Parti radical 'valoisien' vantait " une loi de liberté, garantissant la liberté de conscience et de culte ", et rappellait que c'est le parti radical de l'époque qui s'était battu pour cette loi. Jean-Michel Baylet (Parti radical de gauche), se félicitait que, grâce à ce texte, " la France vive désormais avec ses églises dans un climat de tolérance ". Pour Patrice Cohen-Seat (PCF), la loi de 1905 " fonde l'égalité des citoyens ".

Mais, cent ans après sa promulgation, les défis posés par l'islam créent aujourd'hui des points de divergence qui exigent le "toilettage" de cette loi séculaire.

Ainsi
les Kabyles de France font-ils entendre leur différence

VOIR et ENTENDRE l'intervention d'Arezki Bakir, un ancien responsable de la communication du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK, dont il dénonce les liens entretenus avec des organisations ...armées corses), aux Assises sur l'islamisation à Paris, le 18 décembre 2010:







Qui sont les Kabyles de France ?

Kabyles ou Arabes ?
Le peuple berbère, du Nil au Maroc, est un peuple dont l'une des composantes sont des Kabyles, lesquels sont Algériens de l'Est d'Alger, particulièrement pour ce qui concerne l'Histoire de France et les conflits indépendantistes.

La présence berbère des tribus kabyles est antérieure à l'invasion arabe
Deuxième groupe berbérophone par le nombre (après les Chleuhs du Maroc) et le premier en Algérie, les Kabyles sont très attachés à leur identité berbère et revendiquent la reconnaissance du pluralisme linguistique.
Au plan religieux, ils sont restés attachés a une religiosité populaire avec des figures locales comme les saints et les marabouts et considèrent la culture laïque comme importée d'outre-Méditerranée par l'école républicaine française. On assiste aujourd'hui à un regain de religiosité, terreau éventuel pour l'islam dans la jeunesse.

Lors du mouvement anti-colonial, les Kabyles ont contribué à l'indépendance de l'Algérie.
Pendant les troubles, la Kabylie, alors wilaya III, cœur de la résistance, fut avec la région des Aurès, le lieu de maquis actifs et d'une implication de sa population. Le FLN y a recruté plusieurs de ses chefs historiques, parmi lesquels Krim Belkacem ou Hocine Aït Ahmed, réfractaires à la pacification.
Depuis l'indépendance, hostiles au pouvoir jugé dictatorial, les Kabyles ont constitué les premières vagues d'émigration algérienne vers la France.


Kabyles, et pourtant Français, et musulmans ?
La classe politique et la société civile entretiennent des amalgames à l'égard des Kabyles. Le plus souvent qualifiés d’Arabes, ils sont délibérément assimilés à la communauté religieuse des "Musulmans de France" pour faire simple, alors que le communautarisme est fustigé et le recensement des populations issues de l’immigration rendu d'autant plus difficile.

Or, la plupart des citoyens français Kabyles refusent fermement d’être identifiés à une confession et confondus avec les "Musulmans de France". Pourtant, des immigrés tels que Zinedine Zidane sont présentés comme des Musulmans ou des Arabes, alors qu'ils sont d’origine kabyle.

De plus les pratiques religieuses des Kabyles (musulmane, chrétienne ou autres) relevent de la sphère privée et n’ont jamais créé de conflit religieux dans la société française sur un siècle d'immigration concernant environ 2 millions de personnes.

C’est non pas par leur religion mais par leur culture d’origine que les Kabyles souhaitent être socialement identifiés. Très attachés à leur culture, ils y trouvent la source principale d'un équilibre identitaire structurant entre leurs origines et leur appartenance à la société française. Ainsi, se sont-ils préservés de la tentation des identifications radicales et des fondamentalismes qui font des victimes chez les enfants identitairement acculturés et en situation de vulnérabilité.
Mais les Kabyles se disent marginalisés par la politique française qui entretient, selon eux, le déni de l’existence de cette entité distincte en les mêlant à l'ensemble de la diversité musulmane.

La discrimination qu'ils ressentent est double
Ce ressentiment trouve ses origines d'une part en tant que population migrante ou issue de l’immigration et, d’autre part, en tant que Kabyles dans cet ensemble. Leurs problèmes spécifiques sont d'autant moins pris en compte qu'ils sont généralement considérés comme facilement "intégrables". Ils revendiquent donc l’aide publique à l’enseignement de leur langue et de leur culture d’origine et la création des espaces sociaux ou culturels spécifiques dont ils sont privés parce qu'ils sont comptés au nombre des autres membres de la diversité. Fiers de leur différence et de tous temps en rivalité, les Kabyles et les Arabes se comparent et s'opposent. Que la langue arabe soit exclusivement proposée aux enfants kabyles dans les établissements scolaires publics est source d'amertume et vécu comme un déni identitaire des Kabyles. Pareillement, sur les cinq radios destinées aux populations issues de l’immigration nord-africaine, il n'en existe aucune qui soit kabyle, bien que, parmi les cinq, certaines sont devenues de puissants relais du fondamentalisme religieux.

Les Kabyles de France reprochent aux hommes politiques français de gauche comme de droite, de ne pas exprimer leur soutien aux mouvements de la société civile algérienne qui luttent pour une société laïque et démocratique. Les relations diplomatiques entre la France et le régime algérien ont pour conséquence l'éxil de milliers de jeunes migrants Kabyles qui se trouvent dramatiquement écartelés entre deux cultures.Les Kabyles de France rendent responsables les pouvoirs politiques de la situation conflictuelle actuelle et de la menace sur les fondements et les valeurs de la République, de part et d'autre de la Méditerranée, au profit de l’islam radical.

La loi sur la laïcité peut-elle écarter le danger du conflit historique arabo-kabyle ? Peut-elle enrayer la progression des thèses extrémistes qui fructifient sur l'exaspération des populations migrantes par les extrémismes divers ?

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