vendredi 15 mai 2009

Les Don Quichotte s’invitent dans la campagne des Européennes

Et font leur festival de Cannes

Augustin Legrand n’a pas oublié qu’il est intermittent du spectacle et que l’ouverture du Festival de Cannes offre une opportunité médiatique rêvée à quiconque souhaite briller dans le spectacle. Les Enfants de Quichotte ont donc commencé vendredi soir à monter une centaine de tentes sur les quais de la Seine à Paris pour dénoncer le mal-logement.
Décathlon n’a pas manqué non plus cette occasion d’ouvrir sa saison de promotion estivale sur ses tentes Quetchua.

Trois ans après l'installation de premiers campements le long du canal Saint-Martin, à Paris (ci-dessus), l'association veut à nouveau contraindre les pouvoirs publics à faire face à une situation qui, selon eux, s'est encore détériorée, sans que la crise internationale n’y soit évidemment pour quoi que ce soit.

L'association avait prévenu sur son site : "Le 15 mai, nous installons dans toute la France des grands campements solidaires pour mettre l'Etat et les élus face à leurs responsabilités concernant la crise du logement".
Il s’agit de mobiliser l’opinion pendant la campagne des Européennes. "Par solidarité, soyez nombreux à venir camper", appelaient dans la matinée les Enfants de Don Quichotte.

  • A Paris, les organisateurs s'étaient retrouvés place de la Concorde avant de se rendre, sous la conduite d'Augustin Legrand, porte-parole des Enfants de Don Quichotte, au pas de course sur les quais attenant au jardin des Tuileries, et ce afin d'éviter toute intervention policière.
    "Il est temps de faire le bilan, il faut que les politiques prennent en charge cette question", a déclaré Augustin Legrand, tandis que des militants dressaient une centaine de tentes vertes, en attendant les mal-logés et sympathisants.

    Les responsables du mouvement soupçonnent le gouvernement de vouloir empêcher l'installation de "villages de tentes", comme ce fut le cas en avril à Strasbourg, pour éviter une trop grande couverture médiatique. L'association voulait mettre des tentes place de la Concorde, mais a renoncé à son projet. "Nous essayons encore une fois de rendre visibles (les mal-logés) et de faire comprendre aux Français que ce combat est leur combat", a indiqué à la presse Augustin Legrand, l'un des fondateurs des Don Quichotte, dont son frère, Jean-Baptiste, est le président .
    Soutien de l'association Droit au logement (DAL)
    Opportuniste, DAL a "salué l'action spectaculaire et médiatique lancée" par les Enfants de Don Quichotte et a "apporté ses encouragements".
    Les tentes, vertes pour la plupart, sont la marque de cette action de printemps et attachées les unes aux autres et arrimées avec des pierres sur la berge entre le pont de Solférino et le Pont Royal (1er arrondissement). Plusieurs sans-abris ont été appelés à s'installer dans les tentes, avec la consigne d'y passer la nuit.
    Les forces de police, très discrètes tant que le campement reste calme, sont positionnées sur le quai des Tuileries et sur le pont de Solférino. "Tout va dépendre (pour la suite) de la réaction des forces de l'ordre", a jugé Augustin Legrand.


    Chirac avait pourtant fait la loi Dalo

    En 2006, les enfants de Don Quichotte avaient convaincu le président Jacques Chirac d’initier une loi sur le droit le droit au logement opposable (Dalo).
    Mais pour l'association, ce texte ne serait pas suffisamment passée dans les actes, en raison de la crise économique internationale et de la pénurie de logements sociaux, spécialement en Ile-de-France, région socialiste.

    Les Don Quichotte étendent leurs ambitions
  • Les progrès sont si peu négligeables que l’association commence à élargir son champ d’action. "Il n'y pas que les sans abris. Les logements trop chers, trop petits ou encore insalubres concernent une grande partie de la population", avait déclaré Augustin Legrand dans un entretien au quotidien Metro.
    "Il faut absolument inclure le mal-logement dans les plans de relance
    ", avait ajouté le comédien.
  • Géographiquement aussi, d'autres opérations devaient être menées simultanément dans une dizaine de villes de province. Cette fois, l'association mise sur l'installation un peu partout en France de campements solidaires et le soutien de la population pour rendre le mouvement "visible."
    Les Enfants de Don Quichotte ont monté
    19 tentes à sur un quai du centre de Strasbourg
    . L'antenne strasbourgeoise de l'association a obtenu l'autorisation de la préfecture. "C'est sûr qu'on reste jusqu'à dimanche. Après, on verra", a expliqué Renaud Engel (cf. libellé à son nom) , l'un des responsables politiques locaux.
    Les tentes sont livrées et les SDF sont ensuite recrutés pour s’y installer
    . "Toutes les tentes seront occupées par des SDF, des citoyens solidaires ou mal logés", a-t-il indiqué, expliquant que l'opération a pour but de "demander de réels engagement de la part de l'Etat sur le mal logement, la création massive de logement sociaux et des places suffisantes d'accueil pour les sans-abris".

    L’action politique intervient pendant les Européennes

    Dans la situation économique internationale actuelle, le mouvement trouve un second souffle
    .
    "Avec la crise, le développement de la précarité, le risque nouveau pour des gens de milieux de divers, en perdant leur travail, de se retrouver à la rue, un plan de relance du logement s'impose de façon urgente", explique le porte-parole des Enfants de Don Quichotte. Comme si le pouvoir n’était pas préoccupé,
    Augustin Legrand réapparaît pour dire qu’il convient d'"interpeller l'exécutif et le président de la République qui doit se saisir du dossier au plus vite, car le besoin d'un plan Marshall pour le logement est plus que jamais d'actualité". "La demande publique est là, elle concerne les 100.000 personnes qui sont à la rue, mais aussi les trois milliers de mal logés et jusqu'aux couches moyennes qui peinent à acheter ( !) ou à louer", a estimé
    Augustin Legrand, un porte-parole très loquace, un intermittent qui tient là le rôle de sa vie et a bien répété son texte...
  • Avant le début de l'opération, la ministre du Logement, Christine Boutin, avait marqué sa différence en soulignant que son objectif n'est pas "de mettre les gens sous les tentes", mais d'offrir "un hébergement de qualité".
    "Depuis cette année, nous avons près de 100.000 places d'accueil, ce qui correspond au nombre de sans abri en France", déclare-t-elle vendredi dans Metro. Il est vrai que
    les Don Quichotte ont actuellement plus de tentes que de mal-logés... Ils vont devoir battre le rappel des 'citoyens solidaires' !
  • En attendant, la ministre rappelle qu’un vaste chantier d'humanisation des centres a été lancé, ainsi que des formules permettant de mettre en place des solutions de long terme.
  • Concernant l'application de la loi Dalo, elle souligne qu'il y a eu non pas 600.000 recours, comme le prétendent les associations, mais quelques 72.000, précisant que 8.033 personnes ont été relogées.

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