samedi 30 mai 2009

Interpellé à 8 ans : la maman de la petite victime avait porté plainte

La presse ne retiendra que l’audition

Les violences scolaires sont tolérables à huit ans...
Une bagarre à la récréation mérite toute l'indulgence de la presse soixante-huitarde qui tolère jusqu'aux agressions répétitives et à deux contre un... A partir de quand y voit-elle des violences scolaires?

Dépêche d’agence, avant duplication par les organes de presse


« "Cela ne me choque pas" que des policiers et des gendarmes entendent un enfant "s'ils ont le sentiment qu'il y a un problème", pour "faire de la prévention", a déclaré aujourd'hui le ministre de l'Immigration Eric Besson, après qu'
un enfant de 8 ans a été auditionné hier, avec son père, à la gendarmerie de Courdimanche (arrondissement d'Evry, Val-d'Oise), à la suite d'une plainte portant sur une bagarre à l'école avec un autre garçon.
Phrase longue et tarabiscotée manquant de clarté. Mais la pensée du journaliste, si confuse soit-elle, importe plus que les faits.
«Cette procédure est la conséquence logique d'un dépôt de plainte de la mère de l'enfant ayant reçu des coups, a-t-on précisé de même source, confirmant une information du Parisien. Lors de son audition, qui a duré 20 mn, l'écolier a reconnu s'être battu avec l'un de ses camarades de classe, expliquant avoir agi ainsi parce que ce dernier "cherchait à (le) manipuler". Selon la même source, les deux enfants ne seraient déjà plus brouillés. » 31/05/2009

La presse manipule l’opinion

Journaliste à France Info est un métier harassant.
Ni plus ni moins que l’agence de presse, la journaliste n’est neutre dans son compte rendu du fait divers le dimanche 31 mai, malgré l’éthique professionnelle et les prétentions morales de la profession. Il paraît en effet logique à cette radio engagée de présenter les faits en donnant la priorité aux conséquences sur les causes.

« Il a 8 ans et en présence de son père, il a été auditionné hier à la gendarmerie de Courdimanche dans le Val d’Oise » France Info choisit de mettre en exergue l’âge puis l’audition de l’enfant, dans une volonté partisane de nature à influencer le lecteur. Susciter l’indignation a priori, telle est la mission du service public.

Ce n’est qu’ensuite que la radio motive l’interpellation. « Il s’était battu à l’école avec un autre garçon dont la mère a porté plainte. Cette procédure est donc la conséquence logique de ce dépôt de plainte, selon la gendarmerie ». Une logique que ne partage manifestement pas la radio de service public, puisque sa chronologie des faits ne l’est pas.

Le compte-rendu confirme l’intention de manipulation. « Lors de son audition qui a duré vingt minutes, l’écolier a reconnu s’être battu avec l’un de ses camarades de classe. Il a expliqué avoir agi ainsi parce que ce dernier “cherchait à (le) manipuler”. Le ‘jeune’ garçon aurait-il des dispositions pour le journalisme ?

La journaliste n’y est pour rien car « toujours selon la gendarmerie, les deux enfants ne seraient déjà plus brouillés. » Ainsi, la gendarmerie, on l’aura compris, reconnaîtrait être allée vite en besogne. Ca tombe bien, puisque c’est la thèse de la station radio !

Conclusion la maman de la victime est allée encore plus vite et, à l’avenir, il faudra donc veiller à bien négliger les plaintes de victimes…

Les termes choisis du journal Le Parisien

Chronologie à l’identique de la dépêche de presse
Un écolier de 8 ans a été convoqué samedi à la gendarmerie de Courdimanche (Val-d’Oise) pour s’être bagarré pendant la récréation. Les militaires s’étaient présentés chez lui, la veille au soir, pour remettre la convocation à ses parents. D’abord abasourdi, le couple tient à dénoncer le « ridicule » de la situation, sans pour autant nier la réalité des faits. » On observera la volonté d’envenimer la situation : les gendarmes sont certes des militaires, mais le choix de ce terme n’est pas anodin.
« Le petit a été auditionné par les gendarmes pendant vingt minutes, rapporte-t-il [le couple parlant de leur propre ‘petit’…]. Il reconnaît qu’il s’est battu avec un camarade. » Il avoue même [le bon petit!] qu’ils étaient deux contre un, parce que la victime des coups « cherche toujours à nous manipuler et à nous commander », justifie l’écolier. [La victime serait donc le bourreau] Son père s’indigne pourtant de cette procédure, qu’il juge démesurée : « C’est une histoire qui n’aurait même pas dû sortir de l’école. Elle aurait dû se régler entre adultes, au lieu de dramatiser à ce point. »
« Il y a deux mois, la mère de cet enfant est venue me demander pourquoi mon fils s’acharnait sur le sien, reprend-il. J’ai juste répondu que s’il y avait un problème l’institutrice nous en aurait parlé et le directeur nous aurait convoqués… » Selon lui, ni l’un ni l’autre ne s’est produit. [Les enseignants sont donc accusés de négligences] Nous apprenons finalement pourquoi la gendarmerie est intervenue. « La mère du garçon, elle, est allée déposer plainte. [‘Elle’ suggère aux parents du jeune butor d'en faire autant !]
« La convocation est une conséquence logique », justifient les militaires [deuxième fois, pour les esprits lents]. Si les parents des deux garçons ne se sont toujours pas rencontrés, les enfants, eux, se seraient déjà réconciliés. »

Notons que, bien que ce soit le b.a.b.a. du métier, la maman de la victime n’est pas invitée à donner sa version des faits: l’eût-elle été, que son refus e s’exprimer aurait, à coup sûr, été souligné.

Confusion entre victime et auteur des violence

Le centre d’intérêt du site Internet LePoST n’est plus aucun des deux écoliers, mais les organisations institutionnelles.

Titre : « A 8 ans, il est entendu par les gendarmes: "Une histoire qui n’aurait même pas dû sortir de l’école"

« La mère de l'un des deux enfants [lequel?] a porté plainte suite à la
bagarre entre les deux garçons. L'enfant de 8 ans a été convoqué avec ses parents suite à cette plainte. [Quel âge a donc la victime? Serait-elle encore plus jeune, que la précision n'est pas fournie? Le plus petit est-il la victime des plus grands?] Pour ce gendarme, "il y a quand même eu des coups violents... on a convoqué les parents et l'enfant, c'est la procédure", a t-il explique sur I Télé (Canal+). Qui est qui ? Nul ne sait plus qui est l’agresseur.
« C'est une simple histoire de bagarre, explique [minimise] son père, encore abasourdi par toute cette histoire. » Il est en revanche sans intérêt de savoir si la famille de la victime est ‘abasourdie’.
« Ce samedi,
son fils âgé de 8 ans a été auditionné à la gendarmerie de Courdimanche (Val d'Oise), après y avoir été convoqué, relate Europe 1. » LePost juge donc subalterne la précision de France Info : « en présence de son père »…
« La mère de son petit camarade a porté plainte. "Il y a deux mois, elle est venue me demander pourquoi mon fils s’acharnait sur le sien", explique le père du garçon entendu. Mais, dit-il ni l'institutrice ni le directeur de l'école ne l'ont convoqué.
Il croyait l'histoire close.
Jusqu'à la convocation de son fils. Pendant son
audition, il a reconnu s'être battu avec son camarade, il a même avoué l'avoir fait avec un autre, à 2 contre 1. » Le fair play ne s’apprend pas à l’école, mais la presse n’a pas davantage de responsabilité éducative. Les parents, alors ?...
« Mais
ce n'est pas une raison, précise le père qui juge l'histoire "ridicule". "C’est une histoire qui n’aurait même pas dû sortir de l’école", explique-t-il au Parisien.
D'autant que, précise le quotidien, les 2 enfants se seraient réconciliés depuis longtemps... » Affirmation au conditionnel qui n’engage que l’agence de presse et semble arranger les duplicateurs de presse.

Les "coups violents" n'ont pas été portés, aucun des deux galopins ne serait donc coupable, mais LePost n’est pas aussi indulgent et compréhensif envers l’école et la gendarmerie.
Rappelons que Désirdavenir Royal est partie en guerre contre les brutalités et les petites terreurs qui font l'admiration de leurs papas: elle s'est prononcée contre les brimades et le bizutage. Logiquement, elle ne devrait pas manquer d'approuver Eric Besson haut et fort !

1 commentaire:

  1. Rien d'anormal à tout celà. Sauf pour les adeptes de l'anti-sarkozysme primaire pour qui tout est bon pour assouvir leurs fantasmes. Qu'ils nous expliquent comment lutter contre la délinquance si l'on doit s'élever contre Policiers et Gendarmes chaque fois que ceux-ci ne font que leur travail, dans le cadre des lois en vigueur. ( Et qui le font généralement très bien, n'en déplaise aux esprits chagrins.)

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