mercredi 13 août 2008

500 euros la gifle, malgré l’insulte d’un Ch’ti élève

Refus de relaxe : l’honneur des profs leur coûte cher

Deux poids, deux mesures ?

Bayrou met une baffe à un ‘jeune’ enfant

Et personne pour porter plainte…

Pas même une association vertueuse !

La PEEP et la FCPE ont-elles opté pour les châtiments corporels ?


Un élève de Berlaimont (Nord) avait injurié son professeur, la gifle était partie. Le professeur, que l’IUFM n’a pas formé au travail les mains dans les poches, a été condamné mercredi à une amende de 500 euros par le tribunal correctionnel d'Avesnes-sur-Helpe (Nord).

Le 25 juin, le parquet avait requis une amende de 800 euros à l'encontre de José Laboureur, 49 ans, professeur de technologie au collège Gilles-de-Chin. Poursuivi pour "violences aggravées", il encourait 75.000 euros d'amende (rien de moins) et 5 ans d'emprisonnement.. Incompressibles ?


Le matin du 28 janvier, José Laboureur s’était heurté au refus de cet élève de 6e de libérer une table avant des travaux pratiques. Il avait donc jeté à terre les affaires de l'élève, Le délicieux ‘jeune’ garçon, chez qui la valeur n’attend pas le nombre des années, avait alors traité son maître de "connard", lequel « connard » l’avait alors plaqué contre un mur en retour, l'avait giflé, puis à nouveau poussé contre le mur. Il va sans dire que le garçon n’avait ponctué ces actions d’aucun autre nom d’oiseau à l’encontre de son maître.

Le père de l'adolescent, un gendarme, avait alors pénétré dans le collège en uniforme de fonction, ce qui contrevient au règlement d’un établissement scolaire, sans autorisation de l’administration, en tant que démonstration de force dans une enceinte protégée et acte d’intimidation envers un personnel de l’Etat. Le militaire avait pourtant porté plainte, tandis que sa faute professionnelle est restée sans suite auprès de la gendarmerie, comme de l’Education Nationale.

En revanche, interpellé sans délai à son domicile de peur qu’il prenne le célèbre maquis Ch’ti, l'enseignant avait été placé en garde à vue pendant 24 heures : il avait donc passé la nuit au poste ! Au cours de son audition, il avait reconnu et regretté les faits, et admis une "dépendance" à l'alcool. Précisons à toutes fins utiles, que cela ne signifie nullement qu’il aurait été en état d’ivresse au moment des faits !

L’enseignant, qui ne devrait reprendre le travail dans son établissement qu'à la rentrée prochaine, n'était pas présent mercredi à l'énoncé de sa condamnation. Le collégien, aujourd'hui âgé de 12 ans, a changé d'établissement. Les collègues de José Laboureur ne devaient sans doute pas envisager sereinement d’être pareillement exposés à leur tour aux manières du fils du gendarme.


Le professeur décidera la semaine prochaine s'il fait appel ou non.

Un des avocats du prévenu, Me Jean-Marc Villesèche a estimé qu'il s'agissait d'un jugement "plutôt clément au regard du tour qu'avait pris ce dossier, même si nous ne sommes pas totalement satisfaits" du fait de la demande rejetée de relaxe.

Son collègue, Me Francis Lec, a toutefois souligné dans un communiqué que l'autorité judiciaire venait de "manquer une occasion importante de rappeler solennellement son devoir de protection à l'égard des enseignants victimes des risques de leur métier, exercé dans des conditions de plus en plus difficiles". Et que ce jugement ne contribuera pas à rendre plus facile. Il suffira de rappeler que ce métier est délicat et que les enseignants sont méritants…


Le syndicat d'enseignants des lycées et collèges Snalc-CSEN s'est déclaré "déçu et indigné" de ce jugement, selon lui "totalement disproportionné".Il semblerait en revanche que le SNES-FSU et le SGEN-CFDT, syndicats de gauche, n’en pensent rien…

L'avocat de l'élève à l’origine du problème, Me Emmanuel Riglaire, a au contraire estimé que le jugement n'était "pas un message envoyé à tous les enseignants. C'est le message qu'on ne peut pas frapper des enfants impunément sans aucune raison". Une insulte à adulte, c’est ce qu’il appelle « sans aucune raison ».

Et pourquoi une insulte à gendarme est-elle sanctionnée plus sévèrement qu’une insulte à professeur ?

Quel est, à propos, le tarif pour insulte à avocat dans l’exercice de ses fonctions?

Et combien en coûte-t-il aux parents qui n’élèvent pas leurs gosses ?

Impunément

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