mercredi 2 avril 2008

Perdriel fige le Nouvel Observateur dans le bronze

Denis Olivennes, pieds et mains liés
Nommé récemment à la tête du groupe Nouvel Obs-SFA, Denis Olivennes, ancien patron de la Fnac, s'adressera mercredi aux salariés, mais on n’attend pas de changement : le sanibroyeur SFA est en panne.
Bien que -s'il en a- les projets du nouveau patron pour le groupe de presse soient inconnus, cette nomination est bien accueillie. Omnipotent et omniprésent, l’ancien veille ! La satisfaction n’est pas tant justifiée par la personnalité du dauphin que par celui à qui la rédaction a échappé, considérant les noms de «prétendants» qui circulaient et qui sont écartés. Claude Perdriel avait, en effet, évoqué Franz-Olivier Giesbert (directeur de l'hebdomadaire Le Point), Laurent Joffrin (Libération) ou encore Jean-Marie Colombani, sans qu’il soit possible de faire clairement le partage entre postulants potentiels et simples fausses pistes. Colombani a quitté le quotidien Le Monde avec un parachute doré de 950 000 € et a été depuis chargé par le Président de la République d’une mission sur l’adoption parentale.
Franz-Olivier Giesbert ou Laurent Joffrin étaient peu crédibles à la tête de la partie «presse» du groupe et de la partie industrielle, les sanibroyeurs SFA… Si, en revanche, Jean-Marie Colombani avait la préférence de Perdriel, la rédaction du journal était nettement moins enthousiaste.
Il fallait sortir du sérail et prendre de court. Claude Perdriel a choisi l'industriel Denis Olivennes, depuis toujours intéressé par le monde des médias, mais pas assez engagé dans le milieu de la presse pour susciter une réaction défavorable de la rédaction : «Il y a un manque de visibilité mais pas de réelle inquiétude. Pour l'instant, Olivennes est essentiellement dans une phase de communication, on ne sait pas de quoi serons faits nos rapports avec la nouvelle direction. Nous sommes dans le flou mais très calmes» rapporte un journaliste.
Le facteur Olivennes n’est pas seul en cause. En effet, Claude Perdriel compte en outre modifier les statuts de son groupe - qui publie également Challenges et Sciences et Avenir- pour en faire une société à directoire et conseil de surveillance. Denis Olivennes, deviendra alors président du directoire, sans être actionnaire, tandis que Claude Perdriel présidera le conseil de surveillance. Le patron a choisi un gestionnaire, un fonctionnaire, pour ne pas réveiller sa maison bourgeoise!

Les opérations passage de témoin et renouvellement générationnel se passent ainsi sans à-coup, mais la question reste posée de savoir si le Nouvel Observateur peut lancer sa révolution culturelle. Les dinosaures Claude Perdriel, Jean Daniel ou encore Jacques Julliard restent aux commandes des postes stratégiques du titre et ne sont pas décidés à laisser les commandes éditoriales à d'autres. Jean Daniel rappelle d'ailleurs à qui veut l’entendre qu’il compte bien encore assurer le respect de la ligne éditoriale du titre, la direction des pages débats, et se dit «entièrement disponible, de manière permanente, pour des orientations et des arbitrages parfois délicats». Comme arbitre et décideur ultime, a-t-il pensé à licencier Airy Routier? Eh bien, non, puisqu'il faut que rien ne change ! Le rédacteur en chef, Airy Routier, peut bien perdre la boulle, le Nouvel Observateur reste impassible. Avec à sa tête un Denis Olivennes, pieds et mains liés aux totems Perdriel, Daniel et Julliard, le Nouvel Obs n’est pas prêt de s’éveiller…
De son côté, Claude Perdriel a mis les choses au clair devant Les Echos : « Denis Olivennes se tenait entièrement sur la ligne intellectuelle et politique que Jean Daniel et moi avons défendue depuis toujours». Conservatisme de gauche ?

L’orthodoxie est maintenue, verrouillée : la révolution culturelle n’est pas pour demain, le rideau de fer n'est pas prêt de se lever. Le respect de la déontologie, c’est pour les autres. Si ce n’est pas non plus pour Marianne, mais pour qui est-ce donc ? La presse Internet !

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