mercredi 18 juillet 2007

L'ouverture ouvre les yeux de la gauche sur son sectarisme

A la rue les doux sectaires, comme les durs

Les idéologies sont-elles faites pour être transgressées?

Le billet de com-vat, qui suit en date du mercredi 20 juin 2007, montre qu’on peut-être un militant tranquille, à la fois sûr de son socialisme et sûr de soi, et se retrouver du jour au lendemain ébranlé dans ses certitudes. Les hommes sont ce qu’ils sont et la foi laïque, ou non, n’est jamais acquise…

Troublante ouverture

Avec Bernard Kouchner et Martin Hirsch, je me sentais déjà tout chose. Mais avec Jean-Marie Bockel et Fadela Amara, le doute n'est plus permis : je suis « troublé »

Laurent Fabius nous avait offert un excellent exemple, en 1985, de ce que peut être le doute en politique. Celui qui n'était pas encore le chef de file de l'aile marxiste-léniniste du PS, mais bien le crâne d'œuf juvénile et élégant sur lequel François Mitterrand tablait pour moderniser la gauche, avait en effet bruyamment évoqué son « trouble » devant l'invitation lancée par l'Elysée au général polonais Jaruzelski...

C’est qu’il n’était pas anodin, pour un président français, de recevoir cette caricature de despote militaire occupé à réprimer les rebelles de Solidarność. Et si la plupart des éléphants de l’époque avaient préféré faire le dos rond, l’ancien Premier ministre, lui, était sorti du rang pour exprimer son point de vue, lâchant le célèbre « Lui c’est lui, moi c’est moi ».

J’ai décidé de me montrer digne de Laurent Fabius et d’avouer, à mon tour, mon « trouble » à l’annonce de la composition du second gouvernement Fillon ― un trouble de nature fort différente de l’embarras fabiusien, évidemment, mais un trouble tout de même. Il est d’ailleurs probable de voir les plus orthodoxes de mes lecteurs se réjouir à la lecture de ce qui suit, mon tropisme droitier leur étant toujours apparu comme évident : un blairiste, favorable à la mondialisation et au jeu du marché mais se reconnaissant dans les propositions de Ségolène Royal... Qu’attendre d’un engin pareil ? Bah, pas grave. Je suis comme Michel Rocard, moi, et je ne permets plus à quiconque de venir me dire ce qui est ou n’est pas de gauche en fonction de je ne sais quel critère issu de je ne sais quel congrès ou manifeste !

Les nominations de Bernard Kouchner et de Martin Hirsch m’avaient déjà ébranlé. Et si je n’avais aucun doute sur les motivations médiocres d’Eric Besson [médiocres est le respect de soi, au PS?], mon respect pour le fondateur de MSF et le président d’Emmaüs restait intact. Pour l’un et l’autre, et au-delà de la satisfaction personnelle et égotiste d'appartenir à un gouvernement, le désir d’être à la barre, d'abandonner le ministère de la parole au profit d’un ministère tout court n’était pas déshonorant. L’histoire nous dira s’ils se sont trompés mais, clairement, rien n’est joué.

Ce second lot de « personnalités de gauche » s’apprécie différemment. Kouchner et Hirsch étaient des francs-tireurs (et Jean-Pierre Jouyet un obscur technocrate [à la carrière pourtant riche, pour qui la connaît...], puisqu’il faut bien le mentionner), quand Jean-Marie Bockel et Fadela Amara sont deux « vraies » figures du PS à la ligne politique clairement identifiée. Social-libéralisme pour l’un, antiracisme pragmatique et totalement a-angélique pour l’autre, ils font incontestablement partie des acteurs politiques avec lesquels je suis le plus en affinité. D’où ce fameux « trouble ».

Evidemment, je reste capable de saisir les aspects purement stratégiques de Nicolas Sarkozy dans cette affaire [on juge en fonction e ce qu'on est, n'est-ce pas?]. Le PS est à terre et distribuer ainsi les banderilles fait partie de son job profile. Mais l’arrivée de tous ces gens présumés sincères, affirmant sur tous les tons qu’ils se sont vus promettre de conserver les coudées franches ; entendre les réactions indignées des ambitieux droitiers restés sur le banc de touche... Simple machiavélisme ?

Je peux comprendre qu’un Bockel, fatigué de jouer les utilités folkloriques au PS, ait envie de passer à autre chose. Mais je ne me réjouis pas de la disparition, concomitante à son « exclusion de fait », du seul courant socialiste en prise avec le vaste monde. Je ne me réjouis pas non plus de voir l'animatrice de « Ni putes, ni soumises » considérer qu’il sera plus facile de faire avancer le schmilblick dans les banlieues chez Sarkozy que rue de Solferino. Bref, je me dis qu’il est bien dommage de voir s’exiler ces talents « faute de mieux ».

Je reste attentif, toutefois, à ce que ces défections provoqueront à l’intérieur du Bureau National ― l’instance, incidemment, que DSK vient tout juste de quitter, vraisemblablement pour se consacrer plus avant au développement économique de sa bonne ville de Sarcelles. Les réactions entendues ici et là, de Bartolone à Aubry (« Hum, ces gens ont toujours été de droite de toute façon ! », ne sont pas de très bon augure mais souvenons-nous que nous avons cinq ans, peut-être plus, pour renouveler la totalité des instances dirigeantes du PS et rafraîchir le fameux « logiciel ». Qui sait si l’ouverture ne fonctionnera pas, alors, dans l’autre sens, les talents « de droite » rejoignant, sous les lazzis de l’UMP, le premier gouvernement d’une gauche française aussi moderne qu’à l’aise dans ses baskets ? Qui vivra verra.

Rêve, rêve !

La campagne présidentielle a pointé du doigt le bipartisme, rendu responsable de tous les maux, mais simplement ressurgi naturellement, faute de combattants, suite à la défaillance des geignards, puisque l’effondrement et du FN et des variantes du communisme –quelles qu’elles fussent– a fait que la compétence s’est imposée, tout aussi naturellement. Ensuite, le réalisme des électeurs a su faire le partage entre diabolisation et indigence de la gauche unie pour le pire. Et pour finir, les deux mamelles de la politique spectacle, les médias et les sondages, ont eu un effet calamiteux mais salutaire. Si les Français sont des veaux, ils ne boivent pas de ce lait-là. La belle assurance des sots-cialistes a fait le reste.

Pas de pot, Perrette a renversé le lait et, bon gré, mal gré, –troublés– les socialistes se sont mis au lait en poudre.

Grosjean comme devant…

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