L’impudeur de Marie-Ségolène Royal
Reuters écrit que, au terme d’une tournée en Provence, la présidente socialiste de la Région Poitou-Charentes a reconnu que son "capital sympathie" auprès des militants socialistes, comme des gens de la rue, prenait "de l’ampleur".
Elle a précisé :"Je viens juste à l’invitation des fédérations pour rencontrer les militants socialistes et, au-delà, des citoyens qui ont envie de préparer l’avenir" […], tout en admettant que "les sondages ne font pas une élection." Elle a également estimé : "Aujourd’hui les citoyens sont en attente de responsables politiques efficaces, clairs, aptes à résoudre des problèmes. Ils sont fins, intelligents, pas du tout dépolitisés et ils attendent un autre regard des politiques sur le quotidien" (Ca me plaît trop; j’en redemande ! -ndlr)
Et comme si ça ne suffisait pas : "En tout cas moi, cette popularité me donne des obligations et des devoirs plus que des droits." Et d’ajouter encore un petit couplet en direction des femmes: "le moment des femmes en politique est venu." Elle est intarissable sur son auto-portrait.
Dame Royal se sent à l’étroit dans sa province et rêve d’un destin national, alors elle tisse sa toile elle-même, mais ce n’est pas de l’artisanat. Puisque les ballons de baudruche ne manquent pas d’air, elle se gonfle, se tresse des fleurs et n’hésite pas à donner dans la démagogie. Tout est naturel et spontané ; cependant elle soigne son look, prend des poses pour les photographes accrédités et ses services ne laissent passer aucune photo d’elle de profil… Du Pascal Sevran ou du Djack Lang!
Ce bon vieux Djack est tout retourné de la tournée de sa camarade Royal sur son territoire du Pas-de-Calais et il surenchérit, le chéri du Palais Royal. Il devient grossier, mais avec grâce: l’ex-ministre de la Culture parle des "c*nneries" des autres , en épelant le mot. C’est du dernier chic. L’orfèvre en la matière croit donc que tout le monde peut le battre sur son terrain : c’est de la paranoïa, non ?
Marie-Ségolène n’en a cure, puisque les sondages travaillent pour elle. Disons plutôt que les sondeurs travaillent avec elle. D’où leur vient l’idée marketing de promouvoir ce produit. Agissent-ils sur commande, sans appel d’offres ? Bon, répétons-le, les résultats des sondages sont incontestables –disent-ils- puisque c’est nous qui choisissons les sujets, c’est nous qui formulons les questions, c’est nous qui désignons le ‘panel’ des sondés (Djack dirait le panel des ‘enc***(*)*’ –parité oblige) et c’est nous qui dépouillons les résultats (…de leur sens). Tout çà, scientifiquement, donc objectivement –CQFD. La preuve, c’est que c’est encore nous, les directeurs, qui assurons l’après-vente sur les plateaux de télé. N’est-ce pas la garantie qu’il n’a pas pu y avoir entente préalable ?
Mais j’ai employé le mot ‘panel’, qu’on ne peut pas traduire en français autrement que par ‘comité’ (autant dire cénacle), ou par ‘jury’ –un anglicisme- (ce qui sent la mauvaise affaire et le jugement) ou par liste (ce qui est dévalorisant) : alors rien de tel que les termes étrangers pour une meilleure opacité de la réalité.
Ce mot anglais qui masque les basses œuvres des instituts de sondages n’a donc pas bien la saveur du Charente-Poitou, ni d’ailleurs de la Corrèze. Or notre Président n’a pas admis que E.-A. Seillière, le patron des patrons européens, s’exprime en anglais au sommet de Bruxelles jeudi dernier. Le très francophile Premier ministre luxembourgeois, J. C. Juncker ironise d’ailleurs sur le comportement du grand patron : "Je ne cesse d’être étonné que nos amis français nous invitent à nous exprimer en français, alors qu’un certain nombre de leurs responsables, hors gouvernement, se font une joie de s’exprimer dans un anglais approximatif. "
La presse étrangère a déjà souligné l’ exotisme du syndicalisme français ; nous sommes également ridicules à bien d’autres égards. Mais le Président français a-t-il pour autant tort de stigmatiser l’emploi abusif d’un anglais ‘approximatif’ jusque dans les instances internationales où la langue française est langue officielle ? Il est dans son rôle de défense de notre langue, donc de notre culture, donc de notre identité.
Le Président mène-t-il un combat d’arrière-garde ? En fait la langue française elle-même est pratiquée approximativement. J’ai en effet noté le lapsus (?) de P’tit Bruno, brilliant étudiant de 25 ans en maîtrise, qui parle d’unE a priori, comme les casseurs eméchés (en anglais, ‘tipsy’, pour la prochaine conférence européenne) qui attendent LA péritif, avec plus d’impatience que le retrait du CPE. Je suggère que chacun retourne à ses études et se mette à l’eau.
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