Le Gendre met le feu au parti du président
Le groupe LREM est entré dans le cauchemar de la fin de règne.
Le patron du groupe LREM aurait soumis plusieurs noms au chef de l'Etat en vue du changement de gouvernemental qui se profile, tout en laissant entendre que la majorité ne compte aucun candidat crédible, révèle le magazine Marianne.
"C’est vrai que cette semaine, on n’avait pas encore eu de nouveau groupe, ni de création de courant, ni de plainte pour harcèlement contre un député", rit jaune l’un d’entre eux, mais l'article de Marianne publié, ce vendredi, par Marianne, ramène le groupe dans le réel.
Les députés LREM consternés ne dissimulent plus guère leur indignation face à leur chef de file depuis la révélation de ses notes adressées fin mai à Emmanuel Macron. Gilles Le Gendre lui livre ses pistes "sur le casting d’un nouveau gouvernement", en distribuant des bons points et des avertissements, notamment dans la perspective du remplacement à Matignon d'un Edouard Philippe à qui il adresse plusieurs remontrances.
Dans sa note, le député de Paris soumet rien de moins qu'une liste de noms pour le changement de gouvernement de cet été.
"A toi la vision, la stratégie, la relation aux Français, au PM [Premier ministre], l’opérationnel et l’animation de la majorité", développe le député de Paris en s'adressant à Emmanuel Macron. On peut également lire que "le gouvernement doit être un vrai collectif, ce qui n’a jamais été le cas pendant trois ans".
Le Gendre y suggère pêle-mêle les noms de Jean-Yves Le Drian, Manuel Valls, Bruno Le Maire, et même le sien, pour des postes importants, Gilles Le Gendre s'appuyant, à en croire les passages cités par le magazine, sur une analyse cynique du contexte politique méprisante des "gens qui ne sont rien" à LREM.
Dans l'esprit du patron du groupe LREM, Jean-Yves Le Drian et Bruno Le Maire devraient être les "favoris" pour le poste de premier ministre. L'envoi du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères à Matignon enverrait "le bon signal politique", écrit le patron du groupe LREM, selon Marianne. L'ancien socialiste "saura gérer la majorité, dans la complexité actuelle de sa composition", mais, "en même temps", l'ex-socialiste se voit reprocher son potentiel manque de dynamisme. <br>Quant à Bruno Le Maire, il "porterait parfaitement la reconstruction" post-crise sanitaire, défend une "pensée et un discours limpides", mais l'ex-LR dispose d'un "faible charisme".
Les députés LREM ne décolèrent pas contre l'initiative intempestive et prétentieuse de leur président de groupe, déjà fragilisé, qui s'attribue en catimini la fonction de conseiller du prince. De quoi rallumer les brandons à peine éteints précédents.
"Soit c’est un fake soit c’est très grave", envoie une élue dans la boucle Telegram des députés marcheurs
"Je ne peux pas le croire. Si aucun député du groupe n’est crédible qu’en est-il du président de ce même groupe ?," interroge anonymement un député, tandis q'un autre grince : "J’hésite entre affligeant et accablant #teampascredible".
Une remarque citée dans l’article les a particulièrement ulcérés.
Au poste de premier ministre, Gille Le Gendre, 62 ans, cite entre autres Jean-Yves Le Drian, 73 ans en juin, ou Bruno Le Maire, 51 ans, mais, dans les rangs LREM de l’Assemblée nationale "aucun candidat crédible" n'est à la hauteur, selon l'ancien journaliste (directeur de la rédaction de Challenges, 1995-2001, et président du directoire du groupe Expansion, successivement détenu par Vivendi, puis la Socpresse, le groupe Express-Roularta, racheté en janvier 2015 par Marc Laufer et Patrick Drahi, propriétaire notamment de SFR et BFM).
Et encore Le Gendre ne parlait que de Matignon, assure l' entourage de Gilles Le Gendre, qui, bizarrement, refuse de s'exprimer. "Cet article comporte de nombreuses contre-vérités et interprétations tendancieuses, dont chacun pourra comprendre les intentions politiques", leur a-t-il affirmé en toute franchise et transparence sur... Telegram, application de messagerie cryptée.
"Par ailleurs, comme cela a toujours été le cas, je ne commenterai pas le contenu de mes discussions avec le chef de l’Etat, inhérentes à mes responsabilités de président de groupe. Elles sont privées et, pour ce qui dépend de moi, le demeureront."
Gilles Le Gendre s'est assis sur un siège éjectable.
Qui a fait fuiter ses notes ? Cette question obsède l'orgueilleux député de Paris. "Soit il l’a organisé lui-même et c’est suicidaire soit quelqu’un l’a exécuté", analyse un parlementaire qui craint pour son avenir. "La fuite est soit à l’entrée, soit à la sortie. Si ça vient de l’Elysée, ça ressemble un peu à une mise à mort", envisage un autre député stratège.
Le président du groupe majoritaire a été affaibli par le processus de dislocation de LREM, ces dernières semaines.
Certains députés se sont sentis quantité négligeable et frustrés d'avoir été tenus éloignés de l’Assemblée nationale pendant le confinement. Puis la création du groupe Ecologie démocratie solidarité, composé de marcheurs et ex-marcheurs déçus a été un coup dur pour le patron de LREM qui ne croyait pas à cet acte de défiance qui l'atteint dans sa majorité absolue.
En commun, un courant, sur le même créneau écolo-social, s’est lancé en interne.
Au lendemain d’une houleuse réunion de crise, un autre groupe s’est créé à l’initiative de députés juppéistes d'Agir !, exfiltrant encore une poignée d’élus LREM.
"Là, c’est l’estocade", observee un pilier du groupe qui condamne l’initiative de Le Gendre. "Des notes au Président, on en envoie tous mais il faut se souvenir d’où on parle.» "Quand on voit le sens politique de Gilles, tous les pièges qu’on n’a pas vu venir, s’il y a un casting à ne pas faire ce serait bien celui que propose Le Gendre", cingle un rival masqué qui estime que sa position à la tête du groupe "devient intenable". "Vous le voyez accueillir le premier ministre en réunion de groupe en lui donnant du "Edouard mon cher ami" ? Ce sera pas crédible pour deux balles", ajoute un troisième prétendant à sa succession.
"C'est d'une nullité", se borne à commenter - comme nombre d'autres - un député macronien qui s'esclaffe en apprenant que son chef se verrait bien cumuler le porte-parolat du gouvernement et le ministère des Relations avec le Parlement. "Il est dans la merde", poursuit cette source.
"Il va avoir le goudron et les plumes". Cet épisode ne fait que renforcer et couronner la fronde du groupe contre son patron, Le Gendre ne jugeant aucun membre de la majorité suffisamment "crédible" pour rejoindre cette future équipe gouvernementale.
"S'il avait une once d'esquisse de dignité, il annoncerait sa démission dès ce soir. Mais il n'en a pas, de dignité", assène un autre. "Il nous décrédibilise tous au passage, c'est pas possible. Il va avoir le goudron et les plumes", dit un troisième, qui poursuit: "Il se tire plusieurs balles dans le pied: d'abord le PM va le mépriser encore plus, donc il ne pourra passer aucun deal avec lui; ensuite le président ne va jamais lui répondre de peur que ça fuite; il méprise sa propre majorité, ce qui va poser un gros problème; et enfin il passe pour un débile. Je ne sais pas comment il va s'en sortir cette fois-ci." Un décryptage qui n'a pas effleuré l'ex-journaliste.
Le Gendre va devoir affronter les reproches des députés LREM
Mardi matin, ils ont réunion de groupe... "On est plusieurs à considérer que mardi, il faudra une expression forte pour demander son départ, s’il est encore en fonction, avertit Bruno Questel, à visage découvert. Il y avait déjà, depuis un moment, un sujet de crédibilité. Il l’a confirmé"...
Sa nécrologie politique est déjà prête...
La rumeur d’un changement à la tête du groupe se précise.
Certains envisagent une éventuelle exfiltration de Le Gendre vers le gouvernement, alimentant les paris sur les noms de remplaçants. D'autres imaginent un simple un intérim jusqu’au changement de gouvernement, suivi d’une élection interne. "Gilles a accéléré sa marche vers la sortie", raille une députée.
Parmi les courtisans de Le Gendre, on explique à BFMTV que le député de Paris échange régulièrement avec le président de la République. "C’est une fuite avec une volonté de lui nuire", le mettre en porte-à-faux et susciter l’émoi au sein du groupe. Puis on se rassure en affirmant que la grogne est circonscrite à ses adversaires habituels ou en exprimant des doutes sur le bon 'timing' de ce remplacement, souligne d'ailleurs l’issue incertaine : "Cela aurait du sens si le président de la République pouvait imposer quoi que ce soit. Ce n’est pas le cas. Si l’on organise un vote, c’est du sans pilotage; on ne sait absolument pas quel nom peut sortir et cela pourrait être tout aussi effrayant." La belle affaire ! Les ambitieux LREM sont-ils devenus aussi rares que les masques de protection en avril ?
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