lundi 29 juin 2020

Marseille a besoin d'un 3e tour pour se trouver un maire

Les urnes ont dégagé une majorité relative: la victoire de la gauche radicale devra être transformée 

Le "Printemps marseillais" mené par Michèle Rubirola n'a remporté que quatre secteurs sur huit
 
Gaudin a soutenu une alliance avec LREM, dont le candidat a déçu

"Rendez-vous le 3 juillet", a d’ailleurs sereinement réagi Martine Vassal, tête de liste d'une droite cohérente, prenant la parole vers minuit, une fois les derniers résultats tombés dans les secteurs en suspens jusqu’au dernier moment, à la différence de Lyon. 
La victoire de l'union des gauches n'est pas acquise: elle reste à confirmer lors de l'élection du maire par le Conseil municipal et nul DONC ne sait encore de quel sexe et si, au final, il/elle sera écolo.

"C’est une victoire relative pour nous," a reconnu la tête de liste EELV, Michèle Rubirola dont le parcours a été chaotique: militante verte de longue date, elle avait été reniée par son parti qui l'a finalement réintégrée au dernier moment. 
Si la liste de l'union des gauches arrive largement en tête en nombre de voix (38,3% contre 30,8% à son adversaire Martine Vassal, LR) au second tour des municipales marseillaises, ce dimanche,  selon la loi PLM du socialiste Deferre, en vigueur depuis 1982, elle n'a en fait acquis que quatre secteurs sur les huit que compte l'ensemble de la ville de Marseille. "Le scrutin ne nous livre pas un verdict clair, a admis l’écologiste. Et de commenter à sa façon: "Sans doute faut-il y voir les derniers signes de résistance d’un système que majoritairement les Marseillais ont rejeté. La victoire a été difficile, elle n’en est que plus belle, même si elle ne nous offre qu’une majorité relative en sièges, fruit d’un système électoral par secteur qui est un contresens démocratique." Le PS, composante de la coalition marseillaise, appréciera...
L'union locale des gauches veut changer la loi.

"En attendant de changer un jour la loi, c’est donc devant un hémicycle très fracturé que la tête de liste du Printemps présentera, ce vendredi, sa candidature au poste de maire. 

La "Vague soi-disant verte" est un conglomérat de forces ingérables. 
"Ce soir, je n’ai pas perdu, a souligné la tête de liste LR, une gestionnaire expérimentée, présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône depuis 2015 et présidente de la métropole d'Aix-Marseille-Provence depuis 2018. 
Ce soir, il n’y a pas de majorité à Marseille. Ce soir, il n’y a pas de maire à Marseille !" 

LR n'a pas conservé le 4e secteur, où elle se présentait personnellement. C’est la prise de la soirée pour le 'Printemps arabe marseillais': Olivia Fortin, la tête de liste de secteur, a remporté 41,78% des suffrages, ravissant ce fief que Jean-Claude Gaudin avait toujours remporté au premier tour depuis 1995. "Il y a une courte défaite dans mon secteur dans un contexte national particulier, avec une vague soi-disant verte qui a tout emporté, a commenté Martine Vassal. Ce qui fait basculer le scrutin, c’est l’entêtement d’un candidat sans envergure qui a souhaité se maintenir."  Visé, Yvon Berland, le candidat LREM, qui ne passera pas ses vacances avec Martine.

Secteur particulièrement scruté depuis les rumeurs de l'entre-deux tours, les accusations de fraudes aux procurations dans le 11-12 n'ont pas produit l'effet escompté: les électeurs n'ont pas approuvé la méthode et l’union des gauches finit derrière LR Julien Ravier-Valérie Boyer.
 
Dans le duel RN-LR du 13-14 (7e secteur), où se jouait, après le désistement du 'Printemps marseillais' pour cause de barrage républicain, c’est le général Galtier qui l’a finalement emporté avec 50,98%, sous les couleurs de Les Républicains. 
Un coup de massue pour Stéphane Ravier, ancien maire RN du 7e secteur de Marseille (2014-2017) et sénateur RN depuis 2014, qui perd ainsi sa seule mairie de secteur, remportée en 2014. "Je souhaite beaucoup de courage à Madame Rubirola: elle passe d’une quarantaine d’adhérents à une ville de 870.000 habitants. Il va falloir faire plus que du vélo et planter quatre géraniums", a-t-il ironisé. 

A l'issue d'un suspense qui aura duré tard dans la soirée dans le 15-16, la sénatrice Samia Ghali (ex-PS) a conservé son jobdevançant le candidat de la gauche radicale, le Printemps marseillais: "Ce soir, Marseille ne pourra plus se faire sans les quartiers Nord, a habilement tweeté celle qui habite dans le 8e arrondissement bourgeois et n’a pas encore dit de quel côté pencherait son intérêt. 

Tout comme Bruno Gilles, le dissident LR à qui l'entêtement a valu de perdre dans les trois secteurs où ses listes étaient encore en lice. Beau joueur, il a adressé ses "félicitations à Michèle Rubirola".
 
Les calculettes chauffent
 
Au total, dans la salle du  Conseil, les gauches encore unies ne totalisent que 42 sièges sur 101LR en obtiendrait 39, le RN 9, Samia Ghali 8 et Bruno Gilles 3. Les petites listes tiennent ces dames par les tétons. Les gauches extrêmes, diverses et hétérogènes n'avaient déjà pas besoin d'une si faible avance pour envisager l'avenir dans la souffrance et les Marseillais dans la douleur. 

Tandis que Renaud Muselier, président LR de Région, a apporté son soutien à Martine Vassal, "beaucoup dépendra du choix que feront les onze élus des listes minoritaires d’hier entre la poursuite du développement de la ville et le repliement vers les errements du passé et le déclin", a analysé, dès dimanche soir, Jean-Claude Gaudin, le maire LR sortant, 80 ans, qui en a vu d'autres: élu dès 1965, il a été élu départemental, régional, député, ministre, président de groupe à l'Assemblée, maire de Marseille pendant 25 ans (depuis 1995) et président de la Métropole depuis 2016.
Le maire sortant a reçu Michèle Rubirola dans son bureau de l’Hôtel de ville, alors que, sous ses fenêtres donnant sur le Vieux-Port, les militants de gauche s’étaient rassemblés, se croyant déjà maîtres de la ville.
Ont-ils vendu la peau du vieil ours avant de l'avoir tué ?

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