'Ecologie Démocratie Solidarité' est le nom que se donne la vingtaine de députés LREM qui en ont ras la casquette
Un 9e groupe à l'Assemblée nationale, c'est "inédit", "historique" sous la Ve ?
Après des mois d' 'urban legend' sur la possible création d'un neuvième groupe politique avec des Marcheurs dissidents à l'Assemblée nationale, soucieux de donner la prévalence aux thèmes comme l'écologie et le social, la rumeur prend corps. La tentative des Echos, en fin de semaine dernière, de discréditer la profession de foi provisoire des frondeurs par la publication d'extraits de leurs "spéculations" a fait chou blanc.
Depuis, circule une liste d'une vingtaine de noms
Dans ce 9e groupe dénommé 'Ecologie Démocratie Solidarité' figurent des ex-Marcheurs en rupture avec Macron, comme Matthieu Orphelin (proche de Nicolas Hulot), des membres du Collectif social-démocrate, comme Delphine Bagarry ou Martine Wonner, d'ex-socialistes revenus de Macron et jamais, ni acceptés, ni intégrés, mais toujours pris de haut, tels Aurélien Taché, Guillaume Chiche ou Cédric Villani (toujours membre du groupe LREM) et quelques non-inscrits comme le cheval de retour Delphine Batho, ex-ministre PS à l'Ecologie.
"Un contresens politique"
La socialiste Cécile Untermaier, donnée comme membre, a démenti. Interrogé sur France Info, Aurélien Taché a, lui, dit ne pas "particulièrement" souhaiter la création d'un tel groupe, ajoutant : "Je verrai quand les choses se présenteront si elles se présentent." A l'issue du conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a, de son côté, dit observer "si tel était le cas", que "le ferment de la division est à l'œuvre" dans une période "exceptionnelle", y voyant "un contresens politique".
La plupart des sécessionnistes cités - des élus humiliés par leurs collègues de la société civile - sont partie prenante de l'initiative de 60 parlementaires à la fibre écologique et sociale qui ont dévoilé mercredi leurs trente propositions pour 'le jour d'après" la crise du coronavirus : revalorisation des salaires des soignants, plan de rénovation énergétique ou encore revenu universel.
Le chef de file des petits soldats LREM, Gilles Le Gendre, incapable de tenir ses troupes, a qualifié ces propositions d' "arrière-pensées politiques", "très corrélées au sujet du 9e groupe".
La sécession est "assez actée et imminente"
L'impuissant numéro un de LREM, Stanislas Guerini, note que les choses sont "assez actées et imminentes". Le nombre de neuf groupes politiques serait un record. Et le groupe majoritaire (296 membres) est menacé de perdre la majorité absolue (289 sièges) qu'il détient pour l'heure à lui seul, un symbole fort, même s'il peut s'appuyer sur les 46 mendiants du MoDem et la dizaine d'élus juppéistes d' Agir!. D'où une certaine agitation à tous les étages.
Selon des sources parlementaires, la diffusion de la profession de foi était une fuite orchestrée pour tenter de torpiller l'initiative. L'ensemble des Marcheurs ont été aussitôt "rappelés à l'ordre", certains ayant pu ainsi être rattrapés au vol.
Dans un message à la troupe, Gilles Le Gendre met en garde contre "toute tentative de division".
Mardi, il a dit à la presse ses doutes sur la capacité d'un tel groupe à peser au vu des "hypothèses de chiffres qui circulent". Certains élus pressentis ont jugé "pas opportun" un lancement en pleine crise sanitaire, comme Claire Pitollat, ingénieure dans le domaine de l’énergie, élue du Marseille chic, ou l'ex-professeur d'EPS Cécile Rilhac, députée de Taverny (Mouvement des progressistes, MDP, Val d'Oise). Elles pourraient basculer au premier coup de vent.
Les épines dans le pied sont prêtes à tomber
Jugée "inéluctable" par certains en interne dès mars, au vu du "potentiel en nombre et en frustrations politiques," ces contestataires pourraient s'inscrire en "groupe minoritaire", et non groupe d'opposition. Certains des élus "légitimistes" et méprisants tentent de sauver la face en déclarant y voir l'occasion de se débarrasser des "passagers clandestins".
Et un des arrogants de la majorité éreinte déjà un "groupe de bric et de broc pour essayer d'exister", niant tout "coup dur" pour Macron, puisque, pour l'heure, les dissidents potentiels "ne semblent pas dans l'opposition frontale". Pour Stanislas Guerini, c'est en outre "à contretemps", notamment politiquement, puisque la ligne qui sera portée pour la fin du quinquennat accordera « une part prédominante » aux sujets sociaux et écologiques.
Le parti du président travaille en catimini à des propositions de récupération.
Evoquant mardi "un nouveau cycle politique" post-coronavirus, G. Le Gendre estime aussi que cela "passe probablement par des évolutions sensibles" dans l'animation de la majorité. Manière aussi de faire amende honorable, en réponse à un député macronien a estimé que l'initiative en gestation "soldera la mauvaise gestion politique et individuelle du groupe".
L'opposition constate quant à elle que le macronisme s'essouffle et qu'il n'aura finalement mis que trois années à faire son temps.
Ainsi des communistes ironisent-ils : "après La République en marche, on a la République en miettes…"
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