Macron a installé un deuxième comité scientifique: est-il utile ou fait-il doublon? e
Difficile de justifier ce nouveau comité scientifique voulu par Macron pour diluer les responsabilités
Macron ne sait plus à quel saint se vouer ! |
Le Comité analyse recherche et expertise, CARE, apporte-t-il plus que le Comité scientifique présidé par le professeur Delfraissy? Celui-ci a-t-il failli ? Ce second comité scientifique mis en place pour conseiller l'Elysée et Matignon sur la politique à mener face au Covid-19 est-il plus qualifié ? Qui sont les membres du Care ?
Les recrues du Care sont-elles plus libres et indépendantes ?
Depuis les débuts de la crise sanitaire due à l'impréparation des hôpitaux publics en manque de lits, de matériels et d'effectifs face à l'épidémie mortelle liée au Covid-19, Macron et ses serviteurs du gouvernement attendent que le Comité scientifique prennent ses décisions et rendent ses avis.
Mais quand on parle de "lourdeurs administratives", le secteur de la Santé est pareillement plombé.
Le conseil scientifique Covid-19 a été institué le 11 mars 2020 par Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé à la demande du président de la République française, "pour éclairer la décision publique dans la gestion de la situation sanitaire liée au coronavirus." Présidé par le professeur Jean-François Delfraissy, 71 ans, diplômé de la faculté de médecine Saint-Antoine, ce comité compte dix autres experts qui viennent de champs disciplinaires complémentaires. En 2005, Delfraissy est nommé directeur de l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS).
En 2008 et parallèlement, il est nommé directeur de l’Institut de microbiologie et maladies infectieuses de l'institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM).
Delfraissy dirige aussi le Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé, souvent abrégé en Comité consultatif national d'éthique (CCNE), organisme consultatif public, depuis 2016.
Prenons l'exemple du comité scientifique de 'Santé Publique France'
D'abord, le Comité n'est que l'un des 4 conseils chargés d'apporter une aide à la décision du ministre de la Santé (le Haut Conseil de Santé publique, qui transmet ses rapports à la Conférence nationale de santé (CNS, 96 membres), relayés par les Agences régionales de santé (ARS), établissements publics chargés de rationaliser l'offre de soins et de veiller à la bonne gestion des dépenses hospitalières et médicales nationale en région, sous le contrôle d'un directeur général, tel Christophe Lannelongue, limogé dans le Grand Est en pleine épidémie), et la Haute Autorité de santé (HAS, en charge des certifications), ce qui explique que rien ne bouge.
L'Agence nationale de santé publique (ANSP, Santé Publique France) est en charge de la vigilance épidémiologique, une veille sanitaire pour identifier le plus précocement possible les risques sanitaires
Elle a pour mission de veiller à la qualité et à la cohérence de notre politique scientifique et, question cohérence, on constate, en pleine crise sanitaire plus que jamais, que ce n'est encore pas la première qualité de Macron. C'est même l'une des causes de la défiance populaire que détectent les sondages.
Ensuite, il compte 27 membres, y compris son président, qui est nommé parmi ses membres, par arrêté du ministre chargé de la Santé, après avis du Conseil scientifique.Les membres sont nommés sur proposition du directeur général, pour un mandat de quatre ans, renouvelable, par décision du président du Conseil d’administration, après validation par le Conseil d’administration de la liste des membres.
Le Comité scientifique Delfraissy a été constitué le 11 mars sous l’égide du ministre de la Santé, Olivier Véran, avec pour objet de gérer l’épidémie sur des bases scientifiques. C’est sur avis de ce conseil que le premier tour des Municipales a été maintenu et que le confinement a été déclenché.
Deux semaines plus tard, le mardi 24 mars 2020, un nouveau et second conseil scientifique est installé à l’Élysée : le CARE est constitué de 12 chercheurs, chercheuses et médecins. On ose espérer qu'il existe des ponts et une complémentarité harmonieuse avec le Conseil scientifique déjà en place. Là où le Comité scientifique est dédié à la gestion de crise dans son ensemble, à savoir "aplatir la courbe" de propagation de Covid-19, le CARE est davantage orienté sur les soins. Comme l’a précisé Emmanuel Macron, ce comité sera consulté " pour progresser sur les diagnostics et les traitements".
Plus précisément, le rôle du CARE sera de "conseiller le gouvernement pour ce qui concerne les programmes et la doctrine relatifs aux traitements, aux tests et aux pratiques de ‘backtracking’ qui permettent d’identifier les personnes en contact avec celles infectées par le virus du COVID-19," précise un communiqué de l’Elysée envoyé à la presse. De fait, le comité "assurera notamment le suivi des études thérapeutiques autorisées en France et les essais engagés sur des traitements à l’étranger".
Quelle est la composition du CARE ?
A la présidence du comité, on retrouve Françoise Barré-Sinoussi, ci-contre). Cette éminente virologue est co-lauréate du Prix Nobel de médecine 2018 pour sa participation à la découverte du VIH. Son expérience en matière de recherche de traitements pour des épidémies majeures sera donc mise à contribution. Son entretien avec Le Monde confirme que le comité sera chargé de clarifier les positions (les programmes et doctrines) de la France sur la recherche médicale. Elle affirme dans cet entretien un impératif de "rigueur scientifique", en mentionnant notamment la chloroquine, dont les études manqueraient justement pour l’instant de cette rigueur, selon elle. Ce qui est une indication du vice caché originel de cette création partisane de Macron.
Elle indique qu’il faut s’en tenir aux résultats de l’essai clinique européen Discovery, mené par le consortium REACting, qui a inclus la chloroquine - mais sans l'antibiotique associé - dans son protocole de recherche, sous la houlette d'une chercheuse notablement politisée, Karine Lacombe, cheffe du service infectiologie de l'hôpital Saint-Antoine, en pointe contre les travaux du Pr Didier Raoult, mais accusée de nombreux et graves conflits d’intérêts avec Big Pharma.
La proximité de l’intéressée avec le laboratoire Gilead est occultée, mais le médicament qu'il commercialise, le Remdivisir, est en revanche en tête de gondole des essais DISCOVERY du ReaCTING européen, inclus dans le panel de 4 initial, qui excluait au départ la Chloroquine. Ses prises de positions contre la Chloroquine devraient donc être sujettes à minima à questionnement.
La proximité de l’intéressée avec le laboratoire Gilead est occultée, mais le médicament qu'il commercialise, le Remdivisir, est en revanche en tête de gondole des essais DISCOVERY du ReaCTING européen, inclus dans le panel de 4 initial, qui excluait au départ la Chloroquine. Ses prises de positions contre la Chloroquine devraient donc être sujettes à minima à questionnement.
De plus, toujours dans cette optique d’un comité impliqué dans la recherche de solutions médicales, Yazdan Yazdanpanah fait partie du CARE et dirige le fameux consortium REACting de réponse aux maladies infectieuses émergentes, qui pilote le grand essai clinique européen.
D’autres profils, dans ce comité, vont en revanche dans ce sens du curatif : Christophe Junot est le chef du département "médicaments et technologies pour la santé" du CEA et Franck Molina est le directeur de l’UMR Sys2Diag, à Montpellier, dédiée au diagnostic médical. On retrouve également un cancérologue, Jean-Philippe Spano, et un pneumologue, Dominique Valeyre.
Des scientifiques reconnus pour leurs travaux dans la recherche de traitements contre de célèbres maladies
A l'instar de Françoise Barré-Sinoussi, d’autres scientifiques du comité sont reconnues pour leurs travaux de recherche de traitements. L’immunologiste Sylviane Muller a été Médaille de l’innovation du CNRS pour sa découverte d’un traitement contre le lupus, quand Muriel Vayssier est spécialiste de la maladie de Lyme. Mais on retrouve des infectiologues, qui font doublon avec le premier conseil scientifique, mais sont peut-être les bienvenus dans une discipline mise à l'épreuve dans cette crise, puisqu’il s’agit de la branche médicale étudiant les maladies infectieuses — ce qu’est Covid-19. Yazdan Yazdanpanah, déjà évoqué, est infectiologue, mais c’est aussi le cas de Marie-Paule Kieny et Marc Lecuit.
Une autre présence n’est pas anodine : Bertrand Thirion, directeur de l’institut de convergence DataIA, spécialiste des sciences des données et intelligence artificielle appliquées au domaine, lequel recoupe la perspective d’une « stratégie numérique d’identification des personnes » pour un éventuel dépistage plus massif de Covid-19. La France réfléchit à une "stratégie numérique d’identification des personnes et le comité doit étudier cette question dès ce 24 mars.
Enfin, l’anthropologue Laetitia Atlani-Duault est à la fois présente dans le Conseil scientifique et dans le Care, puisqu’elle est spécialiste de la gestion des crises et de l’aide humanitaire. En France, comme dans d’autres pays, les personnels soignants sont face à une surcharge des établissements de santé, notamment dans le Grand Est, face à un nombre d’infections et de décès croissant. Le soin des patients devra prendre en compte cette situation humaine tendue.
La liste des membres du Comité analyse recherche et expertise créé par Macron aujourd'hui
via @danielreg
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):