jeudi 2 avril 2020

Crise sanitaire: des hôpitaux craignent une pénurie de médicaments en réanimation

Philippe et Véran sont-ils transparents devant la mission d'information parlementaire?

Plusieurs chefs de services de réanimation alertent le président Macron sur le risque de pénurie de certains médicaments indispensables



Dans ce contexte de détresse hospitalière, les médecins s'adaptent au manque et les patients souffrent ou meurent.
C'est un dommage collatéral des économies infligées aux hôpitaux confrontés à la crise du coronavirus. Plusieurs établissements d'"accueil" mettent en garde contre un risque de pénurie de certains médicaments indispensables en réanimation : curares, hypnotiques, antibiotiques ou corticoïdes, la plupart fabriqués à l'étranger, effet de la délocalisation. 

"Nous avons quelques craintes à propos des médicaments utilisés pour les patients en réanimation. Ils sont consommés à un rythme inhabituel. Ces médicaments sont fabriqués par les mêmes firmes pharmaceutiques qui sont sollicitées par l'ensemble des pays du monde, donc le risque de tension augmente chaque jour", a notamment affirmé ce lundi sur BFMTV/RMC, le docteur Rémi Salomon, président de la Commission médicale de l'AP-HP. "Il y a potentiellement une pénurie de médicaments de réanimation à venir", alertait déjà le Pr Bruno Riou, directeur médical de crise de l'AP-HP, lors d'un point presse téléphonique, vendredi, il y aura une semaine demain

Ces médicaments sont nécessaires à l'anesthésie et au coma artificiel des patients sous respirateur. 
"Ce qui se passe, aujourd'hui, c'est qu'il y a une explosion du nombre de patients infectés, avec tout ce cadre de soins qui impose une sédation continue. Ce qui veut dire qu'il y a une demande importante de ce type de produit, les médicaments ainsi que le matériel pour les administrer", assure à RFI Laurent Heyer, médecin anesthésiste et administrateur du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs (SNPHAR).

"Les produits qui sont en forte tension sont connus"

"Les produits qui sont en forte tension sont connus", grince François Crémieux, directeur général adjoint de l'institution. Ses 35 hôpitaux franciliens "ont fait remonter les quatre ou cinq classes thérapeutiques sur lesquelles les risques étaient importants, du fait du nombre de patients qui vont être pris en charge tout au long du mois d'avril". 

Selon un point de situation du ministère de l'Intérieur le 25 mars,  "les hôpitaux civils n'ont qu'une semaine d'approvisionnement, tandis que les hôpitaux militaires n'ont plus que 2,5 jours de stock, contre quinze jours en temps normal," révèle Mediapart.
Sur ce site trotskiste révolutionnaire, un réanimateur explique avoir besoin de ces médicaments pour endormir les "patients Covid les plus critiques". "Pour cela, on a recours à des médicaments anesthésiques puissants, notamment le curare, pour que l'organisme oppose le moins de résistance possible. Ce sont des médicaments quotidiens, anciens, de première nécessité. Dans mon hôpital, nous avons trois jours de stock", précise-t-il, ajoutant faire appel à la "débrouille" pour s'en sortir.  
Des vies humaines sont-elles mises en péril ? Et sacrifiées ?

Quelques "bons principes d'économie"

Pour éviter la rupture, un groupe de médecins anesthésistes et de réanimation de l'AP-HP a dû élaborer un texte, qui "explique en détail les bons principes d'économie" de ces "produits précieux", selon le Pr Riou. Plusieurs méthodes permettent en effet d'atteindre "l'efficacité sans dépasser la dose et en s'adaptant" : appareils mesurant "la profondeur d'anesthésie" ou "le degré de curarisation", médicaments pour "potentialiser" l'effet des hypnotiques... "On peut obtenir une réduction de 20% sur la consommation de ces produits (...) sans qu'il y ait de conséquences importantes pour les patients", a-t-il estimé. 

En clair, les médecins doivent se débrouiller. "On essaie le plus possible de ne pas sédater trop profondément ces patients, pas tant pour faire des économies mais pour avancer vers un sevrage de la ventilation. 
Et Jean-Michel Constantin, anesthésiste-réanimateur à la Pitié-Salpêtrière à Paris et secrétaire général adjoint de la Société française d'anesthésie et de réanimation (SFA) de résumer pour FranceinfoOn réfléchit aux modalités d'administration, à utiliser des vieux produits qu'on n'utilisait plus, qui ont des stocks un peu inutilisés" [et un peu périmés?]... 

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