mardi 21 avril 2020

Covid-19: les Français n'auront pas été suffisamment infectés d'ici au 11 mai, selon une étude

Seulement 5,7%, trop peu pour faire barrage au Covid-19

3,7 millions de personnes auront été en contact avec le virus d'ici au 11 mai, selon des travaux publiés ce mardi par l'Institut Pasteur.

Immunité collective, dépistage, retour à l’école… Avant le déconfinement, la prudence reste de mise
 
La France est encore très loin de l'immunité collective. Alors que le 11 mai, la date retenue par Macron pour le déconfinement progressif approche, seule 5,7% de la population française, soit 3,7 millions de personnes, auront été infectés par le Covid-19. Une prévalence au virus très insuffisante pour éviter une deuxième vague pandémique si toutes les restrictions étaient intégralement levées, selon des estimations présentées dans un document de travail de l'Institut Pasteur, ce mardi 21 avril.

"Pour que l'immunité collective soit suffisante pour éviter une deuxième vague, il faudrait 70% de personnes immunisées. On est très en-dessous".
L'auteur principal de l'étude, Simon Cauchemez, met ainsi en garde des décideurs. Par conséquent, "au sortir du confinement, si on veut éviter une deuxième vague importante, des mesures doivent être maintenues". 
Dans la perspective d'un rebond, le premier ministre Edouard Philippe a ainsi rappelé dimanche 19 avril la nécessité d'un déconfinement très progressif, les Français ne retrouvant "pas tout de suite et probablement pas avant longtemps leur "vie d'avant".

Ce taux d'immunisation relativement faible, du fait du confinement, ne permet pas d'exclure un rebond de la pandémie, une fois le déconfinement entamé.
Les Français devront prendre l'habitude de porter des masques, si ils en trouvent.

Qu'est-ce que l'immunité collective ?

Réalisée par l'Institut Pasteur en collaboration avec l'agence sanitaire Santé publique France et l'Inserm, l'étude se fonde sur des modélisations mathématiques et statistiques. Ces outils permettent de croiser les données sur les décès et sur la probabilité de mourir quand on est infecté, afin de parvenir à une estimation de la part de population infectée (5,7%).

Ce taux d'immunisation oscille toutefois d'une région à l'autre, entre 12% et seulement 2%, souligne Le Monde. Dans le Grand Est et en Île-de-France, les principaux foyers du coronavirus, il atteint 12% en moyenne. Dans le même temps, en Nouvelle-Aquitaine, en Bretagne ou en Pays-de-Loire, des régions où le virus a moins circulé, il chute à moins de 2%, selon les épidémiologistes.

"L'intervalle d'incertitude est important, entre 3 et 10%", note Simon Cauchemez. Mais "que ce soit 6%, 10% ou même 20%, ça ne change pas vraiment la nature du problème, qui est que dans tous les cas, on sera très loin des 70% dont on aurait besoin pour pouvoir faire une sortie du confinement sans problème", souligne-t-il, évoquant là l'immunité collective. 
La faible part de population infectée est due à "l'impact massif" du confinement lui-même, un effet pervers des mesures prises, relèvent les travaux, selon lesquels "le nombre moyen de personnes infectées par un cas est passé de 3,3" avant le confinement "à 0,5 pendant", soit une baisse de 84%. Le temps de déconfinement s'en trouve d'autant plus rallongé...

La létalité varie aussi avec l'âge et le sexe.
Par ailleurs, l'étude estime que 0,5% des personnes infectées par le Covid-19 meurent. "La létalité varie avec l'âge et le sexe", commente son auteur. "Les hommes sont bien plus à risque de décéder lorsqu'ils sont infectés que les femmes (ils ont un risque 50% supérieur aux femmes) et ce différentiel augmente avec l'âge", poursuit-il. Ainsi, le taux de décès est de 13% chez les hommes de plus de 80 ans. 
Ces travaux montrent également que le risque d'hospitalisation est de 2,6% pour les personnes ayant été infectées. Il augmente fortement avec l'âge pour atteindre 31% chez les hommes de plus de 80 ans.

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