vendredi 13 mars 2020

La réforme Macron de l’assurance chômage ne résiste pas au coronavirus

Sa réforme n'a que quelques mois, mais Macron fait revoir sa copie à Pénicaud

La ministre tout-terrain doit procéder à l'aménagement des nouvelles règles d’assurance chômage entrées en vigueur le 1er novembre 


Dès la première étape - tour de vis sur les conditions d’indemnisation, nouveaux droits pour les indépendants -, la réforme de l’assurance chômage  ne tient déjà plus la route. Le calcul de l’allocation des travailleurs précaires doit théoriquement changer le 1er avril, alors certains secteurs souffrent et dégraissent à cause du Covid-19.
La ministre du Travail annoncera des mesures pour les "travailleurs précaires", premiers atteints par la réforme de l'indemnisation du chômage, en raison de l'épidémie de coronavirus. "D'ici quelques jours, on annoncera ce qu'on fait pour les travailleurs précaires. On est en train de regarder différentes options", a indiqué  jeudi Muriel Pénicaud sur LCI, alors que de nouvelles règles plus dures de l'assurance chômage doivent entrer en vigueur le 1er avril.
"L'assurance chômage est une très bonne réforme qui contribue à l'emploi, raconte Pénicaud (...) Mais maintenant on est dans un contexte nouveau. On est pragmatique"... 
"Il faut qu'on fasse ce qui est plus efficace pour les travailleurs précaires", a admis Muriel Pénicaud, sans dire si cela passera par un report de l'entrée en vigueur des nouvelles règles.

Une réforme vendue comme un rééquilibrage

Opposés à cette réforme dont ils avaient bien dit qu'elle va pénaliser les travailleurs les plus fragiles, les syndicats ont demandé une nouvelle fois au gouvernement d'y renoncer, soulignant, à la faveur de la pandémie de coronavirus, que les emplois précaires sont "la première variable d'ajustement" en temps de crise.

Après un durcissement des conditions d'accès à l'indemnisation, en vigueur depuis novembre, le nouveau volet de cette réforme qui doit entrer en vigueur au 1er avril 2020 prévoit la modification des règles de calcul de l'allocation.

Certains "permittents" n'utilisent pas tout leur capital.
Pour la même quantité de travail, la situation actuelle est plus favorable aux personnes alternant contrats courts et inactivité qu'à celles travaillant en continu, cela pour inciter à la reprise d'un emploi durable dans un contexte de difficultés de recrutement dans les entreprises.

Or, selon l'UNEDIC, quelque 850.000 nouveaux entrants, qui avaient des périodes non travaillées entre deux contrats, auraient une allocation mensuelle plus faible de 22 % en moyenne (de 905 à 708 euros) avec la réforme.
Mais ces "permittents" entre l'emploi et l'inactivité sont souvent employés dans les secteurs les plus touchés par la crise du Covid-19, comme le tourisme et l'événementiel (cf. intermittents du spectacle). 

Certes, avec la réforme? ces demandeurs d'emploi verraient  la durée maximale d'indemnisation s'allonger (de 12 à 18 mois en moyenne), ce qui fait dire au gouvernement que leur capital de droits resterait intact. Mais, sachant que les demandeurs n'utilisent pas leur capital en intégralité (10 mois en moyenne), le gouvernement de Macron cherchait, avec cette seule mesure, à réaliser 1,1 milliard d'euros d'économies à partir de 2021.

Le sort des transfrontaliers allemands

Interrogée sur le cas des transfrontaliers travaillant en Allemagne et incités par leurs employeurs à rester chez eux, Muriel Pénicaud n'a pas hésité à les assurer qu'ils "seront intégralement payés" par leur entreprise allemande. La ministre, qui s’est entretenue mercredi avec son homologue allemand Hubertus Heil sur ce sujet, a anticipé la réponse de son homologue : "On est d’accord - j’aurai la confirmation écrite dans la journée - que si une entreprise (prend) cette mesure de précaution, ses travailleurs frontaliers français qui doivent rester chez eux pendant 14 jours doivent être payés intégralement, la totalité de leur salaire".
La réciproque est-elle vraie ?

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