lundi 2 mars 2020

Article 49.3 : au chaos social, Macron ajoute le chaos politique

Macron nourrit son procès en totalitarisme

Edouard Philippe engage la responsabilité du gouvernement sur la réforme par le 49.3

Pour mieux le contourner, la girouette de Matignon s'est rendue à l'Assemblée nationale ce samedi pour une prise de parole surprise devant les députés pour annoncer le recours de Macron à l'article 49.3 et engager la responsabilité du gouvernement pour faire adopter sans vote le projet de réforme des retraites.

Au treizième jour d'échanges dans l'hémicycle, Edouard Philippe est monté à la tribune pour mettre un terme à l'examen du texte à trous, "mettre fin à cet épisode de non-débat" avec les oppositions et "permettre à la suite du processus législatif de s'engager", a-t-il déclaré sous les applaudissements de la majorité et les huées des oppositions.

Sibeth Ndiaye tente de justifier le coup de force en accusant Le France Insoumise (LFI) d'avoir"confisqué" le débat:
"On a un débat qui a été totalement confisqué, notamment par la France insoumise", selon Sibeth Ndiaye sur le plateau de BFMTV, pour justifier l'utilisation du 49.3. "lls ont usé d'une forme de brutalité inouïe pour bloquer le débat", assure-t-elle. 
"On a été très attentif depuis le début des discussions," insiste-t-elle, rappelant également les 115 heures de débat. (...) Maintenant, il faut pouvoir avancer", juge-t-elle. 
Réagissant aux tags sur la permanence d'Edouard Philippe au Havre, à la suite de l'annonce du passage en force du gouvernement, la porte-parole du gouvernement déclare: "Ce n'est pas comme ça que je conçois le débat démocratique."

"Il n'y avait aucune urgence à faire passer la réforme," souligne François Ruffin, pour dénoncer la précipitation de l'impatient Macron.Dans une série de tweets publiée plus tard, l'élu a taclé Macron, en dénonçant la manière dont les choses ont été annoncées ce samedi, "en catimini": "Il ajoute la lâcheté à sa solitude", juge-t-il.

Selon François Ruffin, "il n'y avait aucune urgence à faire passer la réforme" des retraites

17:55 - 29 févr. 2020
Dans la rue et à l'Assemblée, nous nous sommes battus contre la réforme des retraites. Seul contre les oppositions, contre les syndicats, contre le Conseil d'Etat, contre les Français, Macron passe en force, pour Axa et Blackrock.
En catimini, un samedi après-midi, il ajoute la lâcheté à sa solitude. Une nouvelle bataille s'ouvre : celle de la reconquête de ce pouvoir qu'ils nous volent.


18:11 - 29 février 2020
La droite va-t-elle déposer une motion de censure? 
"C'est probable", dit Woerth

L'élu de l'Oise écarte en revanche une motion de censure commune avec la gauche: "Il n'y a aucune chance."
"Nous n'avons pas du tout la même optique en ce qui concerne le système de retraite. Il n'y a pas une opposition, il y a des oppositions", tient-il à souligner.
Retraites/ passage en force: Éric Woerth déclare "qu'il n'y a aucune chance de motion de censure commune" avec la gauche
Des rassemblements d'opposants en région

Dans plusieurs villes, des mécontents se sont également réunis dans le centre-ville
pour dénoncer la brutalité du gouvernement. A Nantes, ils chantent "Et tout le monde déteste Edouard Philippe".

🔴 - Beaucoup de gaz lacrymogènes utilisés à ou de nombreuses personnes se sont rassemblés spontanément suite a l'annonce du 49.3



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20:46 - 29 févr. 2020
À Toulouse, les manifestants ont été accueillis par des gaz lacrymogènes des forces de l'ordre.
🔴 - Beaucoup de gaz lacrymogènes utilisés à ou de nombreuses personnes se sont rassemblés spontanément suite a l'annonce du 49.3


20:46 - 29 févr. 2020
Des centaines de manifestants se sont rassemblées devant l'Assemblée nationale

Plusieurs centaines de personnes opposées à la réforme des retraites se sont
rassemblées dans le calme samedi soir à Paris aux abords de l'Assemblée nationale pour dire "non au 49.3".

    
Ce rassemblement spontané initié par les réseaux sociaux s'est déroulé dans une atmosphère pesante, les manifestants étant maintenus à distance par les forces de l'ordre sur le pont de la Concorde, à environ 200 mètres de l'Assemblée.
Au milieu de quelques slogans anticapitalistes, ils scandaient notamment "Tout le monde déteste Édouard Philippe", après la décision de Macron et l'annonce du laquais de Matignon d'utiliser le 49.3 pour imposer la réforme des retraites sans vote, ou encore "On est là, même si Macron ne veut pas, nous on est là".
Dans la foule, des drapeaux de différentes organisations syndicales étaient visibles, ainsi que des avocats, mobilisés pour conserver leur régime autonome de retraite. 

La devant l’Assemblée Nationale après l’annonce du 49-3. Le passage en force du gouvernement ne nous fera pas abdiquer


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20:25 - 29 févr. 2020
Les députés LR déposent une motion de censure contre le gouvernement

Le groupe Les Républicains déposent une motion de censure contre le gouvernement, annonce Damien Abad, patron du groupe LR à l'Assemblée nationale.
"Pour nous c'est un échec du gouvernement sur la forme, sur le fond mais aussi sur la méthode employée", a déclaré Damien Abad. 


Gilles le Gendre: "Nous ne sommes pas dans la situation d'un débat démocratique normal"
"En aucun cas le groupe que je préside ne souhaitait écourter ce débat. Nous voulions ce débat. Non seulement il ne nous faisait pas peur mais nous en étions fière. En aucun cas nous avons contesté le droit d'amendement, qui est un droit constitutionnel, que nous défendrons toujours bec et ongles. Nous ne sommes pas dans la situation d'un débat démocratique normal", affirme, lors d'un point presse, Gilles le Gendre, chef de file des députés LREM à l'Assemblée nationale. 

La permanence d'Edouard Philippe au Havre taguée et caillassée,
comme celle de son ministre Gérald Darmanin, le lendemain

Le local de campagne d'
Edouard Philippe, prête-nom comme tête de liste aux municipales au Havre, a été tagué et caillassé samedi soir par des manifestants. 140 personnes (selon la police), parties de l'hôtel de ville, avaient commencé à battre le pavé à la nuit tombée dans les rues du Havre.
 
Arrivés devant sa permanence, des manifestants ont commencé à taguer le local et jeter des pierres sur la vitrine qui a été en partie brisée. Des poubelles ont été déversées et une voiture a également été dégradée.
"49.3 Philippe prend la fièvre", "Mettons le en quarantaine", "Déni de démocratie" pouvait-on lire sur des inscriptions fraîchement peintes à la bombe.

L'ex-chef de cabinet du premier ministre, Mohamed Hamrouni qui a rejoint la campagne d'Edouard Philippe, a annoncé qu'il se rendait au commissariat pour "porter plainte pour dégradations".

Ségolène Royal fustige un "régime autoritaire" et le "mépris de Macron"

Sur le recours à l'article 49.3, l'ancienne candidate à l'élection présidentielle Ségolène Royal a dénoncé sur Twitter un "régime autoritaire" et le "mépris de Macron":
"On m’avait vilipendé pour le mot de : régime autoritaire. Le mot est faible au vu du recours au 49.3 malgré une majorité de 300 députés, une réforme qui concerne 40 millions de citoyens, un contexte de crise sanitaire avec un hôpital public épuisé par le mépris de Macron."
#49.3 On m’avait vilipendée pour le mot de : régime autoritaire. Le mot est faible au vu du recours au 49.3 malgré une majorité de 300 députés, une réforme qui concerne 40 millions de citoyens, un contexte de crise sanitaire avec un hôpital public épuisé par le mépris de


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La gauche dépose à son tour une motion de censure

Après Les Républicains, les trois groupes de gauche (LFI, PCF et PS) déposent à leur tour une motion de censure commune contre le gouvernement.  
Les trois groupes de gauche à l'Assemblée ainsi que Jennifer de Temmerman (non-inscrite, ex-LaREM), soit 63 députés, dénoncent dans leur motion "un gouvernement qui piétine la procédure parlementaire".
"L'héritage du Conseil national de la résistance ne peut ainsi être remis en question" par cette réforme prévoyant un système universel de retraite par points, proclament-ils aussi.
"J'ai choisi de prendre mes responsabilités", déclare Edouard Philippe

Afin de mettre fin à "un non-débat", se justifie-t-il au journal télévisé de TF1, et assume: 
Le premier ministre "ne doute pas que les oppositions critiqueront" sa décision, mais il a agi contre la "logique d'obstruction assumée" de la part du groupe des Insoumis. Le débat était "accaparé par des questions qui ne sont pas des questions de fond", ajoute-t-il.
"Je fais ce que d’autres avant moi ont fait, Edouard Balladur en 1993, Jean-Pierre Raffarin en 2003. C’est une procédure parfaitement constitutionnelle (...) et un instrument qui est offert au gouvernement par la Constitution pour sortir l’Assemblée nationale de l’ornière", se défend le chef du gouvernement."Le texte sur lequel j’ai engagé ma responsabilité, c’est un texte où j’ai fait passer toutes les convergences entre syndicat et patronat, ainsi que des amendements de la majorité et certains de l’opposition", poursuit-il.
"L’Assemblée nationale ne peut pas être une zone de non-débat", ajoute Edouard Philippe, précisant que le recours au 49.3 est une façon de "faire en sorte de pouvoir avancer".
Pendant des heures, on a discuté à l’Assemblée nationale du titre de la loi . Face à cette logique d’obstruction, j’utilise un instrument offert au Gouvernement par la Constitution pour que l’on puisse avancer.

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21:20 - 29 févr. 2020 
"Je soutiens le gouvernement dans ce choix", déclare Stanislas Guerini
"Voilà près de deux semaines que notre démocratie subit le sabotage parlementaire orchestré par nos oppositions. Force est de constater que face à une stratégie d'empêchement, aller au bout de ce débat était devenu impossible [malgré la majorité absolue à l'Assemblée !]. Si nos oppositions utilisent la Constitution pour empêcher notre démocratie de fonctionner, qu'ils ne s'offusquent pas que le gouvernement utilise lui aussi les moyens constitutionnels (...) pour faire vivre la démocratie. Je soutiens le gouvernement dans ce choix, convaincu que cette réforme majeure pour l'avenir de notre pays doit devenir réalité", affirme le délégué général de LREM.
"Le recours au 49.3 est un scandale démocratique" s'indigne en revanche Martine Aubry

Elle a déclaré à l'Agence France Presse:
"Après avoir concerté des mois sans en tenir compte, après avoir méprisé les manifestants et la position majoritaire des Français, après avoir présenté une loi au Parlement avec une procédure accélérée, renvoyant l'essentiel à des ordonnances, le recours par le gouvernement au 49.3 est un scandale démocratique allié à une catastrophe sociale.
Aucun Français ne sait ce que sera sa retraite, mais
chacun a compris qu'il toucherait moins, en travaillant plus, et que les inégalités liées notamment à la pénibilité et à la précarité seraient accrues", affirme la maire de Lille.
Mélenchon dénonce les méthodes "extraordinairement violentes" de Philippe

Jean-Luc Mélenchon a déclaré à l'antenne de BFMTV:


On a été d'abord un peu choqué du procédé, parce qu'il n'est pas très élégant (...) tout à coup il surgit le samedi, aucun des présidents de groupe n'est alerté du fait qu'il va prendre la parole", a entamé le député des Bouches-du-Rhône, avant de poursuivre: "J'insiste sur la violence particulière de ces procédés. Et le Premier ministre, sous ses airs de dandy élégant et nonchalant, a des méthodes extraordinairement violentes finalement", estime-t-il. 
"Le gouvernement doit rapidement prendre ses responsabilités", dit la CFDT.

Dans un communiqué, la CFDT "déplore que les débats n'aient pu se tenir jusqu'au bout."

"La multiplication stérile d'amendements sans aucun intérêt, tout comme le recours au 49.3 sont deux stratégies politiques qui n'offrent pas de perspectives aux travailleurs. Le débat sur le sens de la réforme a été rendu impossible", regrette le syndicat de Laurent Berger. Et d'ajouter: "Le gouvernement doit rapidement prendre ses responsabilités pour retrouver l'esprit initial de la réforme."

|| COMMUNIQUE DE PRESSE || 49.3 : la @CFDT
déplore que les débats n’aient pu se tenir jusqu’au bout et continuera à se battre, notamment lors du passage du texte au @Senat , pour imposer les mesures qu'elle réclame ! https://www.cfdt.fr/upload/docs/ap


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Le recours au 49.3 est "profondément scandaleux" pour Philippe Martinez

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, dénonce en début de soirée "l'attitude profondément scandaleuse" du gouvernement et annoncé une mobilisation des syndicats "dès la semaine prochaine" pour protester contre le recours au 49.3.
"L'attitude du gouvernement est profondément scandaleuse, et donc il y aura une réaction à la hauteur", a déclaré le dirigeant syndical. Il a précisé que l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU et organisations de jeunesse) opposée au système universel de retraites par points se réunirait lundi matin pour discuter d'une nouvelle mobilisation "dès la semaine prochaine".

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