dimanche 30 juin 2019

Les activistes écolos d’ 'Extinction Rebellion' bloquent un pont à Paris

"On fait ça pour vos enfants!" se justifient-ils... 


Force reste-elle à la loi, ou à la rue ?


Extinction Rebellion protesters in London
Inspiré du 'black bloc', version non-violente (groupe non-pyramidal avec dissémination des prises de décision)
,
 les activistes de XR mènent des actions de désobéissance civile.
Lors de la "journée de rébellion" du samedi 16 novembre 2018, 82 militants ont été arrêtés lors de manifestations bloquant cinq ponts de Londres (ci-dessus): les manifestants se sont assis et couchés sur les routes traversant les ponts de Southwark, Blackfriars, Waterloo, Westminster et Lambeth, au coeur de la capitale, au nom de l'urgence climatique.

Pour dénoncer l’inaction de Macron et de Rugy contre le dérèglement climatique, le mouvement écolo a interrompu la circulation pendant plus d’une heure, à Paris.
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Des activistes d’Extinction Rebellion bloquent le pont Sully, le 28 juin 2019

La circulation automobile s’est brusquement tarie, entre de 12h20 et 13h20, ce vendredi 28 juin, sur le pont de Sully, en plein centre de Paris. Disséminés en une multitude de petits groupes, environ trois cents activistes ont fait irruption de façon inopinée sur les différents axes routiers menant à ce pont qui relie la rive gauche à l’île Saint-Louis, pour le bloquer. A peine deux à trois minutes ont suffi pour qu’ils atteignent leur objectif, malgré une circulation routière  dense à cet endroit et à cette heure
Description de cette image, également commentée ci-aprèsDe chaque côté du pont, assis, jambes et bras solidairement entremêlés, une dizaine de militants a fait bloc, sous une chaleur caniculaire, pendant que d’autres déployaient autour d’eux des drapeaux verts, jaune, rose et bleu, arborant le symbole de leur mouvement - un sablier (le X de "extinction") entouré d’un cercle symbolisant la Terre - ainsi que plusieurs banderoles, appelant à l’action pour le climat.

Au milieu des klaxons, deux mots ont alors retenti:
"Extinction ! Rebellion ! Extinction ! Rebellion !"

Un lieu de rassemblement maintenu secret

Présent dans une cinquantaine de pays, dont la France officiellement depuis mars, Extinction Rebellion est dans l'urgence et le catastrophisme, prônant l’action radicale mais non-violente, pour alerter sur les catastrophes écologiques en cours, du réchauffement climatique à la perte brutale de biodiversité. 
Le mouvement porte plusieurs revendications, dont la reconnaissance par les autorités de la gravité et l’urgence des crises actuelles, et la réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2025 (au lieu de 2050, objectif officiel soutenu par l’Union européenne).
Une action militante faisant suite l'"occasion manquée" par l’UE au sommet de Bruxelles, le 21 juin 2019.La vague verte aux européennes et la mobilisation de la jeunesse, qu'on disait prometteurs, en faveur de l’urgence climatique n’ont pas suffi à mettre d’accord les 28 Etats sur une action à échéance jugée lointaine par les ONG.Si l'objectif de neutralité climatique figure bien dans les conclusions du sommet européen qui s’est tenu les 20 et 21 juin à Bruxelles, la date-objectif de 2050 a, elle, été reléguée en marge du document pour préciser qu'une majorité de pays soutenaient cette échéance. Une majorité, et non l’unanimité. Or, l’accord des 28 était requis pour que la neutralité carbone à échéance 2050 soit posée comme un engagement de l'UE. Dépendante du charbon comme principale source d’énergie, la Pologne a mené la fronde, réclamant, comme condition à un accord sur la date de 2050, un "paquet compensatoire précis" de la part de l’UE, une ligne également suivie par le gouvernement hongrois qui a indiqué vendredi que l'objectif de neutralité carbone en 2050 "imposerait d'énormes charges sur l'industrie hongroise" et risquerait d’augmenter "de 30 ou 40 %" la facture d'électricité des familles hongroises."C’est une occasion manquée et un échec à répondre à la pression concernant l’urgence climatique portée par les jeunes et relayée par la poussée des Verts aux élections européennes", estime Cécile Marchand, chargée de campagne Climat aux Amis de la Terre, association de protection de l’Homme et de l’environnement, membre du réseau européen "Beyond coal".
Les activistes préparaient depuis un mois cette action retentissante de désobéissance civile
Elle s’inspire, on l'a vu, du coup de force réalisé le 17 novembre dernier par la branche britannique du mouvement. Si la presse sympathisante relaie le nombre de 6.000 manifestants, elle précise "sans la moindre violence, dans une ambiance festive, et en réunissant de jeunes militants mais aussi des plus vieux", mais fait l'impasse sur l'arrestation de 82 d'entre eux, principalement pour infraction au code de la route. Petit exemple de désinformation qui justifie le projet de création d'un Conseil de l'Ordre des journalistes... 

Pour mener ce blocage du pont de Sully, première action de grande envergure de la branche française d’Extinction Rebellion, rendez-vous tenu secret avait été donné à l’ensemble des militants de 'XR' vendredi matin, dans un vaste hangar de la banlieue parisienne, pour un briefing détaillé : rappel du mode d’action, de la stratégie, et du comportement à adopter en cas d’interpellation par la police.
Alors qu'était initialement visé le pont au Change, situé tout près de Châtelet, si on veut taire l'idéologie anti-capitaliste du mouvement, puisqu'en vérité ce pont mène à la Bourse, le mouvement a été contraint de changer ses plans à la dernière minute et de retarder son action, au vu de l’important dispositif policier présent sur place. 

Une demi-surprise, puisque les forces de l’ordre avaient été informées de ce blocage par le mouvement lui-même, la veille. "On s’est inspirés de la stratégie des Britanniques, qui avaient rendu public l’annonce de leur blocage, pour faire venir le plus de monde possible mais aussi ne pas prendre la police par surprise et limiter ainsi la violence de la répression", justifie Ingrid, une membre très active de 'XR'.

CRS et gaz lacrymogènes : répression ?

Image associéeUne fois le plan B enclenché, le second lieu a, en revanche, été maintenu secret jusqu’à la dernière minute, seulement connu d’une poignée d’activistes.
Censé durer la journée et être ponctué d’ateliers, de spectacles, de tribunes et de délibérations collectives, le blocage a néanmoins tourné court. 

Incapables de briser la chaîne humaine qui faisait bloc face à eux, les CRS ont - à la différence de la police londonienne - rapidement fait usage de gaz lacrymogènes, après plusieurs sommations appelant les activistes à quitter la chaussée, et ce malgré l’ambiance bon enfant sur place.

"Non violent ! Non violent ! Policiers, doucement, on fait ça pour vos enfants !", ont répliqué les présents, adeptes de l'action psychologique, mais contraints de reculer, par la force, les yeux rougis, après une heure et demie de blocage.

La "journée de rébellion" à Paris a souffert du réchauffement climatique, assure les meneurs - qui n'avaient pas compté avec la canicule - attendaient au moins sept cents manifestants. 
Mais cette action n’est qu’un début et  avait avant tout valeur de tour de ...chauffe. Pour fin octobre est annoncée une "semaine internationale de la rebellion", au cours de laquelle les opérations de ce type devraient se multiplier un peu partout en France et dans le monde.

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