mercredi 29 mai 2019

Après-européennes : Macron laisse General Electric licencier, après avoir retardé l'annonce

A Belfort, GE envisage la suppression de plus de 1.000 emplois en France

Avatar de la transition écologique :  le plan social touche principalement la branche turbines à gaz de l’entreprise américaine 


L'annonce avait été différée pour ne pas mettre en difficulté la liste ...Renaissance de Macron aux Européennes. 
Implanté dans le Territoire de Belfort, le géant américain General Electric (GE) a confirmé, mardi 28 mai, deux jours après le scrutin, son projet de suppression de plus de 1.000 postes en France. Au lendemain des élections européennes, Macron est rattrapé par son passé de ministre de l'Industrie, .

L’annonce, redoutée depuis des mois par les salariés, a été officialisée mardi matin par un communiqué du groupe : GE a présenté aux instances représentatives du personnel "des projets d’évolution de l’organisation de ses activités gaz et de ses fonctions support". Celles-ci, détaille-t-il, sont susceptibles d’ "entraîner un maximum de 1.044 réductions de postes", essentiellement sur les sites franc-comtois de Belfort et de Bourogne (Territoire de Belfort), ainsi qu’à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

Résultat de recherche d'images pour "macron belfort"Le groupe américain avait racheté en 2015 la branche énergie d’Alstom : le 4 novembre 2014, le ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron, avait approuvé et autorisé l’investissement de General Electric dans Alstom.
Emmanuel MACRON autorise l’investissement de General Electric avec Alstom
Emmanuel MACRON, Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, a accordé aujourd’hui son autorisation à General Electric (GE) pour la réalisation de son projet d’investissement en France avec Alstom et la constitution d’une alliance industrielle entre les deux groupes dans le secteur de l’énergie.
Cette autorisation était une étape nécessaire. Elle a été délivrée sur la base du décret n°2014-479 du 14 mai 2014 sur les investissements étrangers soumis à autorisation préalable. Par ce décret, la France soumet l’acquisition d’entreprises nationales exerçant des activités stratégiques (défense nationale, transports, approvisionnement énergétique…) à l’engagement formel par l’acquéreur d’assurer la pérennité de ces activités, sous peine de sanctions. Elle vient clore un processus de six mois de discussions approfondies associant l’Etat (Agence des participations de l’Etat et Direction générale des entreprises, sous le pilotage du Ministre de l’Economie), GE, Alstom, mais aussi EDF et Areva qui sont les entreprises clientes d’Alstom. Les engagements pris par GE s’incarnent dans un ensemble de contrats signés respectivement avec l’Etat et les entreprises nationales concernées, dont les principes avaient été définis dans le protocole d’accord signé entre l’Etat, GE et Alstom le 21 juin dernier. Emmanuel MACRON s’est assuré, avec vigilance, que les intérêts de l’Etat, la pérennité de la filière nucléaire et la sécurisation de l’approvisionnement énergétique de la France sont pleinement pris en compte dans cette opération.
Le nouveau groupe Alstom, par le biais de cette transaction disposera de
tous les moyens pour développer un champion français et européen dans le secteur des transports. Ces différents accords et contrats, signés le 4 novembre par les parties prenantes, constituent un dispositif juridique solide et complet, qui protège pleinement les intérêts nationaux que le gouvernement a poursuivis dans ce dossier depuis le mois d’avril. Un mécanisme de suivi des engagements sera immédiatement mis en place pour s’assurer de leur respect dans la durée. Par ailleurs, le Ministre rappelle que les dispositifs de l’accord conclu entre l’Etat et le groupe Bouygues, qui porte notamment sur un prêt de titres et une série de promesses de vente de Bouygues au bénéfice de l’Etat, portant sur un volume de titres pouvant représenter jusqu’à 20% du capital d’Alstom, seront activés à compter de la réalisation complète des opérations entre Alstom et GE.

En septembre 2016, Macron maintenait toujours qu'il n'avait pas fait des "promesses intenables"
, contrairement à d'autres responsables politiques...:


L'Américain envisage désormais jusqu’à 792 suppressions de postes
dans l’entité gaz, et 252 dans celle dédiée aux fonctions supports, a précisé un porte-parole du groupe.

Aux abords du site de Belfort, 
les salariés se sont dit, la mine fermée,
 "abasourdis" et "assommés" par l’ampleur de l’annonce et sa "rapidité après les élections européennes".
"C’est une nouvelle épreuve pour la Cité du Lion, pour le bassin industriel du Nord Franche-Comté, et plus largement pour la filière énergie en France", ont fustigé dans un communiqué commun plusieurs élus locaux, parmi lesquels le maire (LR) de Belfort, Damien Meslot, et la présidente (PS) de la Région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay. Insistant sur le timing de l’annonce, "au lendemain des élections européennes", ils ont sonné "la mobilisation générale" et prévenu : "nous ne lâcherons rien !"

VOIR et ENTENDRE
ce reportage mettant en cause le "développement des ...énergies renouvelables":


La "mort annoncée" du site

Au total, General Electric emploie à Belfort environ 4.300 personnes, dont 1.900 dans l’entité turbines à gaz visée par l’annonce et qui subit les conséquences des difficultés générales de GE et de la baisse actuelle de ses marchés : en France, l'entreprise se trouve en situation de surproduction. 
Il y a près de 6 ans, une commission travaillant pour le président Hollande conseillé par l’actuel président Macron engageait une course folle à la compétitivité, que poursuivit le conseiller devenu ministre, puis président : CICE, pacte de responsabilité, loi travail 1 (El Khomri), loi travail 2 (Pénicaud). Les statistiques du chômage et celles de la croissance sont venues démontrer le fiasco de leur politique de l'offre.
Pour GE, il s’agit "d’améliorer les performances opérationnelles et financières de ses activités gaz, de simplifier son organisation en adaptant ses fonctions support aux contraintes des divisions et ainsi retrouver le chemin d’une compétitivité durable".

Les procédures d’information-consultation auprès des organisations représentatives du personnel doivent s’ouvrir à la mi-juin. "Ces projets ne seront pas finalisés et aucune décision ne sera prise avant l’issue des procédures de consultation", insiste GE.
Même si salariés et élus redoutaient depuis plusieurs mois ces suppressions de postes, elles ont fait l’effet d’un électrochoc sur le site. C’est un "coup de tonnerre", a réagi sous couvert de l’anonymat un délégué syndical de la Confédération française de l’encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC), à Belfort. "C’est la mort annoncée du site", a renchéri Dominique Thiriet, secrétaire de la Confédération générale du travail (CGT) à GE Belfort, qui a fustigé l’absence de "volonté de General Electric de [le] faire vivre".

VOIR et ENTENDRE Juppé casser les genoux du ministre Macron sur le sujet d'Alstom, lorsqu'il avait encore des espoirs à l'UMP :


Indignation de l’intersyndicale

Pour le gouvernement, ces suppressions tombent au plus mal, dans un contexte social dégradé et avec d’autres déconvenues industrielles, comme la reprise chaotique de l’aciérie d’Ascoval de Saint-Saulve (Nord), la fermeture annoncée de Ford à Blanquefort (Gironde) ou les difficultés de trésorerie du repreneur de Whirlpool choisi .

Début mai, Emmanuel Macron avait assuré dans un courrier aux élus locaux que le dossier GE Belfort faisait l’objet de "la plus grande vigilance de la part de l’Etat". Dans un "contexte économique difficile", Belfort "dispose d’atouts", mais il est "indispensable de mesurer les investissements nécessaires afin d’adapter l’outil industriel pour expertiser la faisabilité" des projets à l’étude, telle la "diversification dans le secteur aéronautique, dans l’hydrogène" ou dans "de nouvelles centrales nucléaires à l’international", avait-il, cependant, averti.

Fin mars, le ministre de l’Economie, Bruno
Le Maire, avait précisé qu’il entendait "étudier toutes les pistes industrielles possibles pour maintenir l’emploi". Parmi ces pistes : puiser dans un fonds de 50 millions d’euros abondé par GE pour ne pas avoir respecté son engagement, pris après le rachat de la branche énergie d’Alstom, de créer un millier d’emplois net en France.

La semaine dernière
, B. Le Maire avait toutefois soulevé la colère de l’intersyndicale de GE Belfort, déclarant qu’
"aujourd’hui, [GE] a une empreinte très forte sur les turbines à gaz", secteur dans lequel ..."il n’y a pas de débouchés".

La responsabilité de Macron depuis 2014
Une responsabilité personnelle de Macron que ne manque pas de souligner sur son blog Jean-Pierre Chevènement, actuel sénateur du Territoire-de-Belfort :
"Je n’imagine pas que le Président de la République, que j’ai accompagné à Belfort en 2015 quand il était ministre de l’Economie et qui connait parfaitement bien le dossier Alstom, ne prenne pas aujourd’hui des initiatives d’abord pour rappeler à General Electric que le slogan 'America first !' ne saurait s’appliquer en violation des engagements pris", s'indigne l'ancien ministre.


"Etes-vous prêt vous aussi à vous battre à nos côtés ?", a demandé au gouvernement le député Michel Zumkeller (UDI) à l'Assemblée nationale mardi après-midi. Depuis Bruxelles, Emmanuel Macron lui a répondu en promettant d'être "extrêmement vigilant":
"Le gouvernement est à l'oeuvre et les engagements qui avaient été pris par General Electric devront être tenus", a clamé le chef de l'Etat à l'issue d'un sommet informel de l'Union européenne, visant à contrecarrer la candidature de Weber.
De son côté, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'est engagé à préserver "l'avenir industriel de Belfort". 
Des promesses qui ne suffisent pas à rassurer les salariés: "Le gouvernement fait rien pour nous aider, ils s'en foutent", gronde un salarié de l'usine.

A l'Elysée, la parole de l'ex-banquier est complètement démonétisée.
VOIR et ENTENDRE une synthèse du sujet mettant en cause Macron personnellement:

Le 18 mai 2017, Richard Ferrand, alors ministre de la Cohésion des Territoires, député du Finistère et secrétaire général d’En Marche!, affirmait sur Europe 1: "C'est le gouvernement de la promesse tenue !"

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