vendredi 22 mars 2019

Philippe pouvait-il tout ignorer des mœurs de son adjoint au Havre ?

Le maire du Havre démissionne après la diffusion de photos de lui nu à plusieurs femmes

Philippe a fait un déplacement secret au Havre pour exiger la démission de son protégé


La photo montre le premier ministre de Macron, Edouard Philippe, (à gauche), accompagné de son ex-adjoint à la mairie du Havre, Luc Lemonnier, dont il a fait son successeur à la mairie du Havre, lors de sa nomination à Matignon. 
L'affaire était suivie de près ces derniers jours à Matignon, où la démission du successeur d'Edouard Philippe suscite des interrogations en vue des municipales de 2020.

Suite à la visite éclair et tenue secrète de Philippe, le maire du Havre, Luc Lemonnier (assureur de 51 ans), a annoncé jeudi 21 mars sa démission, officiellement pour "protéger sa famille" sur fond de scandale lié à la diffusion de photos de lui nu par une femme qui se dit elle-même victime de l'édile.
"J'ai décidé de présenter ma démission de mes fonctions et mandats à la ville du Havre et à la communauté urbaine. Cette décision, mûrement réfléchie, s'est imposée à moi en raison de la nécessité de protéger ma famille et mes proches", a annoncé le maire dans un communiqué.

Luc Lemonnier, 50 ans et père de quatre enfants, avait remplacé en mai 2017 l'actuel premier ministre de Macron, Edouard Philippe, dont il est proche, à la tête de la ville portuaire de plus de 170.000 habitants. Matignon n'a pas souhaité faire de commentaire.

"Pour moi, ça a été un viol, en fait"

En juin 2018, il avait déposé plainte pour diffamation et diffusion de photos de lui nu à des conseillers municipaux, ainsi qu'à Edouard Philippe, sans que celui-ci ne s'offusque et prenne une décision. 
"Des conseillers municipaux ont été destinataires d'une photo du maire nu accompagné d'un texte qui prêtait au maire des comportements qu'il dément", a expliqué Me Saint-Palais. Pas plus transparent que Matignon, le Parquet du Havre s'est refusé à tout commentaire sur cette affaire. Selon son avocat, Me Christian Saint-Palais, cette plainte a été classée sans suite et la personne à l'origine des faits a écopé d'un rappel à la loi.

Interrogée mardi par France-Bleu Normandie, la femme qui avait révélé le scandale en diffusant  ces photos a assuré avoir voulu, par son geste, dénoncer les clichés envoyés par le maire lui-même deux années auparavant.
"J'avais l'impression d'être seule, que personne ne voulait m'entendre et pour moi, ça a été un viol en fait", a-t-elle affirmé au micro de la radio, souhaitant garder l'anonymat. "Ça a été compliqué, j'ai fait une tentative de suicide. Je suis mariée depuis plus de vingt ans, j'ai des enfants, je suis épanouie dans ma vie de couple, je n'étais pas du tout dans un jeu de séduction", explique-t-elle, ajoutant avoir voulu porter plainte, mais que cela avait été "compliqué".

Le plus choqué serait l'exhibitionniste...
Luc Lemonnier dit avoir "été choqué et blessé par cette interview. La présentation qui en est faite ne correspond pas à la réalité des faits. Les mots utilisés l'ont blessé et choqué", avait réagi Me Saint-Palais.
Dans un communiqué mercredi, le maire avait démenti "catégoriquement les comportements qui lui sont prêtés". "Les échanges de messages auxquels il a pu participer sont intervenus dans le cadre de communications virtuelles exclusives de toute contrainte et entre adultes consentants", assurait-il.

Quatre femmes accusent le successeur d'Edouard Philippe de comportements déplacés

Nouveau rebondissement vendredi 22 mars, alors que France-Inter publie les témoignages de quatre femmes qui affirment avoir reçu des photos pornographiques du maire démissionnaire du Havre

La première femme est "une quadragénaire havraise, catholique pratiquante" qui a connu Luc Lemonnier au début des années 2000, parce que leurs enfants fréquentaient la même école. "Le futur maire du Havre est même invité au mariage d'Elise [son prénom a été modifié, NDLR] en 2005", précise France-Inter. Six ans plus tard, en 2011, Elise raconte avoir reçu quatre clichés pornographiques sur son téléphone portable dans lesquels on peut voir Luc Lemonnier dans des positions très suggestives. "Je n'ai pas compris pourquoi il m'envoyait ces photos dégoûtantes, raconte Elise. Il m'a dit qu'il voulait me montrer qu'il était ouvert pour toutes propositions." 

A ce moment-là, Luc Lemonnier est conseiller municipal d'Edouard Philippe. 
En 2014, Luc Lemonnier est en bonne place sur la liste d'Edouard Philippe aux municipales. Il est  le directeur de campagne du protégé de Juppé et deviendra son 1er adjoint.
Alors "Elise et son mari décident de transmettre ces clichés pornographiques à des colistiers de Luc Lemonnier pour les mettre en garde", explique France-Inter. L'une des élues destinataires des photos écrit alors au procureur : le couple aurait été convoqué par le parquet du Havre, sans qu'il y ait de suites judiciaires pour autant.

Une femme, "qui a des responsabilités dans une collectivité normande", raconte que Lemonnier lui a envoyé en 2014 – alors qu'il était le premier adjoint d'Edouard Philippe – une photo de son sexe alors qu'elle n'avait rien demandé. 

Le dernier témoignage évoque des "selfies" nus de Luc Lemonnier reçu le 13 juillet 2018, alors qu'il est maire du Havre. Mikaëla (son prénom a été modifié), mère de famille qui venait de perdre un enfant, avait pris contact avec le maire parce qu'elle était en situation financière précaire. 
Selon France-Inter, Luc Lemonnier et Mikaëla auraient eu plusieurs échanges de SMS. "Mikaëla ne s'en offusque pas ce soir-là, et ses réponses, que nous avons lues, semblent montrer qu'elle était consentante", écrit la cellule investigation de la radio. Mikaëla raconte : "J'étais sous antidépresseurs, je sortais de l'hôpital; en fait, je me suis laissée faire. J'ai marché dans son plan, puis je me suis sentie très mal. Moi, je voulais de l'aide, pas des photos de nu. J'ai pris ça comme un coup de couteau."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):