Deuxième nuit de "tensions" à Grenoble après la mort de deux voyous à scooter
Deux fuyards à scooter trouvent la mort dans un accident qui déclenche deux nuits d’émeutes urbaines depuis samedi soir
De nouveaux incidents ont eu lieu dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 mars dans le quartier Mistral, à Grenoble (Isère). Des véhicules et des locaux de la ville servant de garage et d’entrepôt ont été incendiés, de même que du mobilier urbain a été dégradé, a rapporté France Bleu lundi.
Pour être précis, à 23h30, on dénombrait treize voitures de travailleurs peu fortunés, dont deux engins de chantier (un élévateur et une pelleteuse) du service de la voirie municipale, des locaux de la ville [EELV] servant de garage et d'entrepôt, ainsi que des poubelles, incendiés le soir du dimanche 3 mars, pour la deuxième soirée de "tensions" dans ce quartier, notamment.
Dimanche soir, les pompiers (SDIS) avaient activé une cellule de crise, alors que les violences reprenaient comme la veille. Les secours sont également intervenus, dans une moindre mesure, dans les quartiers grenoblois Teisseire et Léon Jouhaux pour des départs de feu. Après un retour au calme au milieu de la nuit, la cellule de crise a finalement été désactivée vers 2 heures du matin. Une information judiciaire a été ouverte pour éclaircir les circonstances de l'accident.
A 20h45, le maire de Grenoble avait pourtant lancé un appel au calme. Un communiqué disait qu'Eric Piolle "invite chacun à respecter le deuil des familles et des proches des deux adolescents, décédés hier soir. Monsieur le Procureur de la République s’est immédiatement saisi des faits et l’enquête a commencé pour établir les circonstances de l’accident. J’appelle au calme et à ne pas rajouter des violences urbaines à ce drame." En vain.
Deux jeunes de 17 et 19 ans ont trouvé la mort dans un accident de scooter alors qu’ils tentaient d'échapper à un contrôle de police, samedi soir 2 mars à Grenoble après avoir percuté, peu avant 22h30, le car d’un club de football amateur qui sortait de l’autoroute A480 et circulait dans le même sens sur le pont de Catane, ont indiqué les pompiers. Un accident qui a déclenché deux nuits d’émeutes dans leur quartier où les forces de l’ordre restaient mobilisées.
Un feu a été allumé dans le hall de l’Institut de formation sanitaire et sociale dont les portes vitrées avaient été préalablement cassées. |
Une caserne de CRS a été prise pour cible dans la nuit de samedi à dimanche. Des policiers et gendarmes, arrivés en renfort, ont répliqué à des jets de cocktails Molotov par des tirs de grenades lacrymogènes et de balles de défense (LBD 40). Des voitures et des poubelles ont été incendiées, ainsi que le hall d’une école d’infirmières, un local associatif et du mobilier urbain. Aucune interpellation n’a eu lieu.
Le sentiment d’une bavure policière, entretenu par les gauchistes
"Des jeunes du quartier ont vu ce qui s’est passé et ont le sentiment d’une bavure policière, c’est de là que vient toute cette tension", estime Hassen Bouzeghoub, directeur du centre socioculturel du quartier, juge et partie. Par son témoignage, cet éducateur participe ainsi à la psychose alimentée par les "on-dit" propagés par "l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours" : ses sources et lui ont-ils participé à la course poursuite jusqu'au lieu de l'accident, sur le pont de Catane?
Les deux hommes qui ont perdu la vie dans l’accident étaient connus des services de police pour des faits de petite délinquance. Une information judiciaire a été ouverte pour éclaircir les circonstances dans lesquelles les deux victimes – qui circulaient sans casque sur un engin de grosse cylindrée, dépourvu de plaques – ont trouvé la mort en percutant un autocar, tandis qu’un véhicule de la brigade anti-criminalité les suivait.
Le Parquet évoque pour l’heure "un accident", alors que l’idée d’une "bavure" prévaut dans le quartier où vivaient les deux délinquants en infractions au Code de la route. Aucune indication n'est fournie sur l'identité du propriétaire de l'"engin de grosse cylindrée, dépourvu de plaques"...
Dimanche, le procureur Eric Vaillant a reçu leurs proches durant plus d’une heure au palais de justice de Grenoble. Lors d’une conférence de presse et en l’état d’une enquête "qui ne fait que débuter", le magistrat a écarté tout choc entre le véhicule de la police qui suivait les victimes et le scooter. "J’ouvre une information pour recherche des causes du décès. Je ne vise aucune infraction commise par les uns ou les autres", a-t-il insisté.
Les premières investigations s’appuient notamment sur les images d’une caméra de vidéosurveillance
Elles montrent la scène nocturne "de façon assez vague" et le témoignage du chauffeur de l’autocar qui transportait une équipe de football de l’agglomération. Le drame est survenu loin d’un pont et d’une bretelle d’autoroute. Le conducteur du bus – dont les tests d’alcoolémie et aux stupéfiants se sont avérés négatifs –affirme avoir serré à droite pour laisser passer le scooter dès qu'il l'a aperçu dans son rétroviseur, suivi d’un véhicule de police.
A ce moment-là, les deux fuyards tentaient, eux, de doubler le car sur sa droite et ils se sont retrouvés coincés contre le parapet, selon le procureur. Plus tôt dans la soirée, un scooter similaire avait été signalé pour des infractions routières, avant la course-poursuite fatale.
Pour les enquêteurs, il s’agit du même engin, "mais le lien n’est pas encore totalement avéré". Pour autant, l’intervention des policiers était "totalement justifiée", insiste le Parquet : ils n’auraient pas suivi les deux individus "s’ils n’avaient pas mis les autres usagers de la route en danger, en brûlant des feux rouges, en roulant sur le trottoir, en roulant à vive allure".
Le quartier de la ville écologiste avait déjà connu une flambée de violences après l’arrestation, il y a une semaine, d’un homme détenteur de cannabis par une brigade spécialisée. Des renforts de police y ont été maintenus dimanche soir.
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