mercredi 30 janvier 2019

Européennes : Wauquiez s'affirme en faisant désigner François-Xavier Bellamy, choix de la majorité LR comme tête de liste

La minorité juppéiste continue de faire le jeu du FN et de Macron

Elle n'admet toujours pas sa défaite et mène sa guérilla interne avec l'appui de la presse macronienne

Une ex-proche de Pécresse, un eurodéputé et un intellectuel

"Par ce trio, j'ai voulu envoyer un message très fort de rassemblement de toute la droite et de ses sensibilités." C'est ainsi que Laurent Wauquiez, patron des Républicains, a expliqué les choix de la commission national d'investiture pour les élections européennes, présidée par Eric Ciotti, grand rival du maire de Nice Christian Estrosi,, mardi, au Figaro. 
Le président de la région Auvergne Rhône-Alpes a en effet officiellement désigné François-Xavier Bellamy, 33 ans (ci-dessus à droite), Agnès Evren, conseillère régionale d'Ile-de-France, ex-porte-parole de Nathalie Kosciusko-Morizet, et Arnaud Danjean, eurodéputé sortant, juppéiste repenti, 48 ans, pour emmener la liste LR le 26 mai prochain. Un agrégé de philosophie, une élue parisienne et un eurodéputé sortant, dont la complémentarité doit donc assurer la popularité.

Réunie sous la présidence d'Eric Ciotti, la première commission nationale d'investiture dans l'histoire de l'ex-UMP a validé le choix de ce trio par 38 voix contre 2, le sénateur Pierre Charon, et le député Philippe Goujon, face à la candidature de l'eurodéputé sortant Philippe Juvin, un médecin de 65 ans qui souhaita donner le nom de Kléber Haedens au deuxième collège en construction de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), dont il est le maire, bien que cet écrivain soit décrié par les élus de son opposition communale, contestant un auteur classé réactionnaire, nationaliste et royaliste qui a écrit pour L'Action française et proche de Charles Maurras. Juvin appela à voter Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle.

Le choix de la tête de liste pour les élections européennes rappelle aux contestataires qu'ils ne sont pas la majorité au sein du parti. Désigné par 48 des cinquante François-Xavier Bellamy, ne fait pas l'unanimité, notamment parmi les caciques frustrés du parti Les Républicains (LR). Dans les rangs du parti, les acteurs du passé  dénoncent le choix de ce jeune professeur (agrégé de philosophie à l'âge de 22 ans), figure montante qui est réduit à sa proximité avec La Manif pour tous, comme d'autres sont proches de Juppé (70 ans) et Bayrou (68 ans) ou  Macron (favori des femmes de 64 ans).

La désignation de François-Xavier Bellamy comme porte-drapeau des Républicains pour les prochaines européennes n'est pas du goût des battus du congrès de l'Union pour un mouvement populaire de 2014. "Les convictions personnelles de François-Xavier Bellamy ne seront jamais les miennes", a notamment lancé Rachida Dati dans la matinale de France Inter, mardi 29 janvier. Cette prise de position la ferait-elle tout à coup apprécier de ses détracteurs acharnés ? "Je ne suis pas la seule à ne pas avoir pensé à François-Xavier Bellamy comme une évidence pour la tête de liste Les Républicains", a insisté la maire du VIIe arrondissement de Paris, qui sera candidate aux Européennes. 
La tête de liste bouleverse les clivages traditionnels.
Résultat de recherche d'images pour "Bellamy"Lundi, la commission a donné un coup de jeune au parti en choisissant François-Xavier Bellamy pour diriger la liste LR aux européennes de mai prochain. Les détracteurs de cet adjoint au maire de Versailles et candidat malheureux lors des législatives de 2017, focalisent l'attention sur ce qui dérange : il  est associé à Sens commun ou à La Manif pour tous, du fait qu'il a été un 'Veilleur'.

"F.I.X.", pour les intimes, est craint.
Sous ses airs de premier communiant, il est ressenti comme un refondateur des idées de droite et, comme tel, inquétant. "Je ne peux pas dire que ce choix me satisfasse", a réagi au micro de France Info le maire LR de Nice, Christian Estrosi, qui est Macron-friendly et voit venir le danger pour LREM. Il participe donc à l'ébauche de caricature qu'esquisse la presse sélective de ses traits de caractère: François-Xavier Bellamy est "extrêmement conservateur". Mais l'ancien motocycliste sportif enfile des impressions non corroborées : "Vous comprendrez qu'entre Simone Veil et François-Xavier Bellamy, j'ai le sentiment que la vision européenne est en train de s'étriquer par rapport à ce que nous a offert cette grande dame", a commenté ce franc-maçon de la Grande Loge nationale française (GLNF, 1983-1988).
Sur l'avortement, le mariage pour tous ou encore la PMA, "je pense exactement l'inverse de lui", a abondé sur Cnews le successeur d'Estrosi à la présidence LR du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur et eurodéputé, Renaud Muselier, de nationalité mauricienne depuis 2012. Son épouse, Stéphanie Clément, avocate auprès de l’office HLM de Marseille, pourrait être mise en examen pour "recel de prise illégale d’intérêt": une conversation téléphonique accable la défense des Muselier. Entre 2005 et 2008, Stéphanie Clément a obtenu plusieurs marchés publics de "prestations juridiques" auprès d'Habitat Marseille Provence (HMP). Le problème, c'est qu'elle les a "remportés" sans appels d'offres. "Personne n'a jamais contesté le travail de ma femme, ni sa rémunération, explique Renaud Muselier. PaSiDupes ignore comment le tribunal a statué...
"La présence d'Agnès Evren et d'Arnaud Danjean me rassure", a déclaré mardi, sur CNews, l'eurodéputé LR Renaud Muselier, mais ce n'est pas l'ensemble de la presse qui rapporte cette nuance.

Personnage déclaré méconnu, mais jugé et condamné

Résultat de recherche d'images pour "Bellamy"
Le centre n'est pas modéré dans son verdict. Depuis qu'en décembre 2017, il a dit ne plus vouloir d'alliance entre l'UDI et LR en cas d'élection de Laurent Wauquiez à la tête de LR, le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, largue son stock inépuisable de boules puantes. Ainsi, mardi dans un entretien au Figaro mardi : "LR a confié sa liste à l'extrême droite". "C'est désormais la liste de Sens commun avec M. Bellamy". "Ce candidat est curieux. Il nous explique qu'il est contre l'avortement et contre la pilule en nous disant qu'il ne défendra pas ses convictions. Dans ce cas, à quoi bon être candidat ?", a poursuivi le député de Seine-Saint-Denis, pour qui l'Union européenne n'aurait pas d'autres sujets de préoccupation. En revanche, les cantines communales et départementales auraient vocation à nourrir gratuitement les scolaires: ni la crise économique internationale de 2008, ni les difficultés budgétaires des collectivités territoriales ne ramènent ce populiste à la raison. N'est-il pas indifférent à l'affichage de signes religieux dans les écoles publiques et favorable au mariage homosexuel comme pratiquant ?

Bellamy est un antidote au sectarisme

Son CV en sidère plus d'un qui daigne se pencher sur sa jeune carrière. 
Avant d'enseigner dans deux lycées publics, en guise d’année sabbatique à la sortie de l'IUFM, ce normalien a travaillé au cabinet de Rachida Dati, alors garde des Sceaux, bien que non encarté, mais incarnant déjà des valeurs fortes. Pour lui, il n'est pourtant "pas question de revenir sur la loi Veil" : c'est une "conviction personnelle" et l'intime ne pèse pas dans ses choix politiques. Certains s'attachent néanmoins à l'enfermer dans ce qui pourrait lui porter préjudice, mais, pour Laurent Wauquiez, la nouvelle tête de liste "fait partie de ceux qui défendent l'enracinement et la transmission de l'identité et de la culture". Des thèmes qui devraient venir sur le devant de la scène dans le débat des Européennes.
En 2013, "Les Soirées de la Philo" de François-Xavier Bellamy, des conférences bimensuelles de philosophie ouvertes au grand public dans un lycée parisien, doivent être transférées au théâtre de l'Œuvre en septembre 2015, en raison de leur succès, puis au théâtre Saint-Georges, rassemblant plusieurs centaines de personnes chaque semaine depuis la rentrée 2018.
Les sectaires ne sont pas déboussolés par ce "conservateur de droite inclassable": seraient-ils sectaire, sinon ? 
Proche d'Hubert Védrine ou Edouard Balladur, FIX se montre aussi prompt à vanter "le verbe" et les campagnes "magnifiques" de Jean-Luc Mélenchon, la "cohérence de la vision écologique" et la "lucidité" de José Bové, ainsi que certaines prises de positions du patron de la CFDT, Laurent Berger, qu'elles soient en faveur de l’universalité des allocations familiales ou d'une sortie de la crise des Gilets jaunes. Il partage à la fois la volonté de Michel Onfray de "rendre la culture à tous" que la "rigueur intellectuelle " d'Alain Finkielkraut.
Résultat de recherche d'images pour "Bellamy Wauquiez"

'Les Inrocks' assure qu'il "brouille les lignes" mais, bien que propriété du banquier Matthieu Pigasse (actionnaire du Groupe Le Monde et du Huffington Post), ce magazine de gauche reçoit une subvention de l'Etat au titre de l'aide à la presse. A Vanity Fair, dirigé par Michel Denisot (ex-Canal+, version socialiste avec André Rousselet et les Taxis G7), le magazine du banquier qui avoua avoir voté pour Mélenchon à l'extrême gauche, situe Bellamy "entre droite traditionnelle et extrême-droite", une analyse que démentent les déclarations de Bellamy pour qui "le Front national ne sera jamais qu'une impasse pour les électeurs qui se tournent vers lui", en tant que "formidable machine à empêcher le renouveau, et à maintenir en fonction les tenants de la déconstruction". Bref, il fait perdre ses repères à la gauche. Ainsi, Libération préfère ne pas creuser son sujet et Jean-Jacques Bourdin le survoler avec Guillaume Peltier. Il est encore cité parmi les "nouveaux conservateurs", par La Vie, filiale du Groupe Le Monde...

Bellamy envoie aux orties la "pensée complexe" de Macron

Inquiet de la communautarisation des débats, le trentenaire affirme en novembre 2018 avoir été "scandalisé par la façon dont le quadra de l'Elysée a invité les catholiques à s'engager en politique pour défendre leurs valeurs", estimant que la politique ne doit pas être le lieu où des lobbies ou communautés s'affrontent pour imposer leurs valeurs. Il prône une laïcité qui permette à la politique d'être "la recherche partagée du bien et du juste, pas le lieu d'expression des convictions particulières et religieuses !"

Macron lui a emprunté sa notion de "premier de cordée". 
 a en effet, l'un des premiers, dénoncé une "crise de la transmission" dans notre société, et plus précisément de l'Education nationale, en regrettant qu'elle soit devenue le système "le plus inégalitaire de tout l’OCDE". En 2012, il publia dans Libération une première tribune remarquée sur le sujet, intitulée "Jeunes de France, battez-vous", en réponse à la tribune victimaire de Félix Marquardt, dans Libération, intitulée "Jeunes de France, votre salut est ailleurs : barrez-vous !". En 2014, FIX publia un essai sur la crise de la culture et de la transmission intitulé Les Déshérités, ou l’urgence de transmettre, qui rencontre un succès de librairie tel qu'il est conduit à animer plusieurs centaines de conférences partout en France. Il y vante les bienfaits d’une "culture enracinée, fruit d’une longue maturation, dont le flambeau passe d’une génération à l’autre."

Un Européen convaincu
En 2005, respectueux du vote populaire au référendum, il vota contre la ratification du traité établissant une constitution pour l'Europe et, en 2017, il s'expliqua en se référant à Jean-Pierre Chevènement sur la question européenne. Alors, en 2018, Le Figaro reconnut en lui une figure susceptible de "réconcilier souverainistes et pro-européens" dotée d'une "solide culture européenne" et capable de "porter le débat européen à un haut niveau"
Il estime irréalisable et antidémocratique l'établissement d'une armée européenne, en raison de la diversité des règles d'engagement et du caractère régalien de cette compétence. Il se prononce en faveur d'une coopération renforcée entre les pays européens, en tant qu'alliance de nations souveraines.
François-Xavier Bellamy n'est pas le choix du président du Sénat, Gérard Larcher, mais le deuxième personnage de l'Etat ne lui est pas hostile, au nom de la légitimité de la majorité élue il y a un an. La désignation de Bellamy est approuvée de Valérie Pécresse dont Agnès Evren est la protégée, et de l'influent président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau.

La liste LR est aujourd’hui créditée de 12 à 8% des voix contre 21% en 2014.


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