La politique par à-coups opportunistes de Macron
Macron s'invite à ATD Quart Monde trois jours avant le plan pauvreté
Macron dans le rôle du papy-gâteau |
Une visite surprise, dans la crainte de manifestations : elle n'était pas inscrite à l'agenda présidentiel et s'est déroulée sans la presse et hors la présence des ministres concernés, ni les sourires de l'irresponsable Brigitte et sa robe en lamé d'argent de la soirée ratée de fête organisée par les Bleus, champions du monde, le 8 septembre au Stade de France, mais s'est prolongée pendant cinq heures dans le centre de Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis.
Ce plan pauvreté est l'unique chantier social depuis près d'un an et demi qu'il est au pouvoir, une urgence très attendue de la population alors que la popularité de l'exécutif est au plus bas.
C'était "un déplacement en immersion", selon la terminologie de l'Elysée, durant lequel Emmanuel Macron a "pu échanger en direct, en toute liberté" avec les personnes vivant dans la pauvreté et les militants d'ATD, rebaptisé "Agir tous pour la dignité", a précisé l'entourage présidentiel.
Au cours du déjeuner, le chef de l'Etat a discuté de "la réalité de la vie quotidienne" des plus pauvres, qui "relève souvent du parcours du combattant", a déploré ATD, mouvement international créé par un prêtre diocésain né dans un camp de réfugiés. polonais, et arrivé à Paris en 1914. Il sera relancé par Geneviève de Gaulle Anthonioz, mais se veut désormais mouvement pour les droits de l'homme, sans appartenance politique ni confessionnelle.
Le chef de l'Etat a ensuite visité les ateliers de l'entreprise solidaire d'ATD, Travailler et Apprendre Ensemble (TAE), dont est inspirée l'expérimentation "Territoires zéro chômeur de longue durée" (un projet d'ATD Quart Monde pour éradiquer le chômage de longue durée dans 10 territoires ont été sélectionnés par la ministre du Travail, Myriam El Khomri, en novembre 2016, ), avant de se rendre dans l'espace Petite enfance, où l'association accompagne les familles et les enfants.
Cette rencontre "est un signal encourageant", s'est félicitée la présidente d'ATD, Claire Hédon, jugeant important que le président soit reparti "convaincu que les personnes vivant dans la pauvreté ont une intelligence et une expérience dont nous ne pouvons pas nous passer pour lutter efficacement contre la grande pauvreté". De quoi faire oublier ses insultes adressées aux "illettrés" et autres "gens qui ne sont rien" ?
La ministre de la Santé a promis ce dimanche qu'il y aura des moyens financiers supplémentaires pour accompagner ces personnes vers leur émancipation dans le cadre du plan pauvreté qui sera justement présenté jeudi.
En juillet dernier, le chef de l'Etat avait indiqué que son plan pauvreté serait mis en place "en 2019". Il doit dévoiler jeudi à 10 heures au Musée de l'Homme à Paris la "stratégie" de lutte contre la pauvreté, qui sera tournée vers la prévention de la pauvreté dès le plus jeune âge et l'accompagnement vers l'emploi.
"Elle ne se contentera pas de proposer une politique de redistribution classique, mais une politique d'investissement et d'accompagnement social. Non pas de nouvelles aides, en solde de tout compte, mais un accompagnement réel vers l'activité", avait insisté Macron.Le "président des (très) riches" est-il crédible ?
"Je veux une stratégie de lutte contre la pauvreté qui ne permette pas à nos concitoyens pauvres de vivre mieux, mais bien de sortir de la pauvreté une bonne fois pour toute", avait-il ajouté. Des promesses à graver dans le marbre.
Depuis juin, trois conseillers économiques de Macron prônent un rééquilibrage social. Ils avaient largement inspiré le programme du candidat Macron. Un an après son élection, trois économistes de renom, Philippe Aghion, Philippe Martin et Jean Pisani-Ferry, semblent déçus. Dans une note confidentielle, Philippe Aghion, Philippe Martin et Jean Pisani-Ferry regrettent notamment que "la lutte contre les inégalités d'accès" ne soit pas plus apparente dans la politique du gouvernement. "L'ambition émancipatrice (…) du programme présidentiel échappe à un nombre grandissant de concitoyens, y compris parmi les plus fervents supporteurs de 2017, affirment-ils. Le thème de la lutte contre les inégalités d'accès, qui était constitutif de l'identité politique du candidat, est occulté". La réforme de l'assurance-chômage est notamment pointée du doigt. Pour mémoire, Emmanuel Macron avait initialement annoncé une ouverture des droits au chômage à tous les salariés démissionnaires. Un objectif qui a finalement été revu à la baisse. Ainsi, dans la lutte contre la précarité et la permittence, notamment le recours nécessaire aux CDD très courts, la mesure gouvernementale reste très en deçà de l'ambition affichée originellement.
Quant à l'offre raisonnable d'emploi (ORE), elle continuera d'être inefficiente, du fait du Conseil d'Etat qui supprime des paliers temporels d'application, durcissant les conditions par rapport à la situation actuelle et en ajoutant que le demandeur d'emploi ne peut pas être contraint d'accepter "un emploi qui ne soit pas compatible avec ses qualifications et ses compétences".
Pour finir, Emmanuel Macron avait confirmé que ce plan serait présenté "en septembre" et mis en oeuvre "en 2019.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):