Trump, Macron et May passent par-dessus la tête de l'ONU pour punir Assad
Macron, suiveur de Trump, apporte sa force d'appoint et sa caution diplomatique
L'ONU appelle les Etats à la retenue
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé samedi tous les Etats membres à faire preuve de retenue et à s'abstenir de tout acte qui pourrait conduire à une escalade après les frappes occidentales contre la Syrie, dans la foulée de l'attaque chimique présumée survenue samedi dans la ville rebelle de Douma, malgré les menaces russes d'une réplique immédiate.
Pour mener une frappe contre la Syrie, les alliés ont saisi le prétexte de l'usage d'armes chimiques dont les alliés accusent Assad, bien que la Russie assure avoir les preuves contraires.
"J'appelle tous les Etats membres à faire preuve de retenue dans ces circonstances dangereuses et à éviter tous les actes qui pourraient entraîner une escalade de la situation et aggraver les souffrances du peuple syrien", a déclaré dans un communiqué A. Guterres, qui a reporté un voyage prévu en Arabie saoudite pour gérer les suites de l'action militaire lancée par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France.
Amnesty International prône l'allègement des souffrances du peuple syrien.
L'ONG a demandé samedi de "minimiser le tort" causé aux civils dans les frappes aériennes menées par les trois occidentaux en Syrie. "Le peuple syrien a déjà enduré six années d'un conflit dévastateur, et des attaques chimiques dont beaucoup sont des crimes de guerre", déplore l'ONG dans un communiqué. "Toutes les précautions doivent être prises pour minimiser le tort causé aux civils dans les actions militaires" menées en représailles à l'usage présumé d'armes chimiques par Damas contre sa population, a-t-elle justifié.
L'ONG demande également au président américain, Donald Trump, d'ouvrir ses frontières aux réfugiés syriens... "L'administration Trump ne doit pas tourner le dos à ces hommes, femmes et enfants qui souffrent en maintenant l'interdiction faite aux réfugiés d'entrer aux États-Unis", soutient Raed Jarrar, le directeur du plaidoyer pour le Moyen-Orient.
L'Allemagne se tient en dehors; le Canada approuve, mais ne frappe pas
La Turquie, elle même productrice et exportatrice d'armes chimiques, a applaudi ce matin aux frappes occidentales sur le territoire de son voisin syrien qui constituent, selon elle, une "réaction appropriée". "Nous saluons cette opération qui exprime la conscience de l'humanité tout entière face à l'attaque de Douma que tout porte à attribuer au régime" syrien, a affirmé un communiqué du ministère turc des Affaires étrangères.
Sans y participer, le Canada a apporté son soutien à l'opération. Le Premier ministre a déclaré que le pays condamne "fermement l'utilisation d'armes chimiques dans l'est de la Ghouta, en Syrie". Justin Trudeau a aussi soutenu "la décision des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France de prendre des mesures pour diminuer la capacité du régime de lancer des attaques par armes chimiques contre ses propres citoyens".
L'Allemagne a refusé de participer aux frappes occidentales.
Le "nein" d'Angela Merkel dit clairement que l'Allemagne ne participera pas a une offensive militaire contre la Syrie, malgré le positionnement ferme du président conservateur du Comité des Affaires étrangères du parlement allemand, Norbert Röttgen, CDU, contre le régime syrien légitime.
"Il est presque honteux de le dire - il n'y a aucun engagement des Européens, alors que nous sommes les plus proches géographiquement. L'Allemagne fait partie de l'Europe. Depuis l'arrivée des migrants, on devrait être conscients que notre propre sécurité dépend aussi des conflits au Moyen et au Proche-Orient. C'est pour cela que les Européens devraient commencer à s'occuper de leurs propres intérêts, avec un engagement renforcé et plus systématique au Moyen-Orient. Je trouve que c'est aussi la responsabilité de l'Allemagne d'être intransigeante pour faire avancer une stratégie occidentale en Syrie et faire en sorte qu'elle ne soit pas abandonnée."
Les alliés préviennent la Russie ou Israël, mais ignorent l'Iran
L'Etat hébreu a été prévenu des attaques de ce matin, car Israël et la Syrie sont officiellement en état de guerre. Les relations sont d'autant plus tendues que trois ennemis d'Israël opèrent sur le théâtre syrien: le régime lui-même, l'Iran et le Hezbollah libanais.
Israël a justifié samedi les frappes occidentales en Syrie en affirmant que le régime de ce pays continue ses "actions meurtrières". "L'an dernier, le président américain Donald Trump a fait savoir que l'utilisation d'armes chimiques reviendrait à violer une ligne rouge. Cette nuit, sous la direction américaine, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont agi en conséquence.".
L'Iran, discriminée, quoi qu'en dise Macron
L'Iran, principal allié régional de Damas, condamne "fermement" les frappes contre la Syrie et lance une mise en garde contre leurs "conséquences régionales".
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a violemment dénoncé les frappes occidentales menées contre la Syrie en qualifiant de "criminels" le président américain Donald Trump, son homologue français Emmanuel Macron et la Première ministre britannique Theresa May: "Ils n'obtiendront rien et ne tireront aucun bénéfice", a déclaré A. Khamenei en recevant les hauts dirigeants politiques et militaires du pays.
"Les Etats-Unis et leurs alliés, sans aucune preuve et avant même une prise de position de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) ont mené cette action militaire (...) contre la Syrie et sont responsables des conséquences régionales de cette action aventuriste", a renchéri le ministère iranien des Affaires étrangères.
"Cette agression vise à compenser l'échec des terroristes" dans la Ghouta orientale, qui vient d'être reprise par l'armée syrienne et ses alliés, ajoute le texte qui dénonce une "violation claire des règles et des lois internationales".
L'Iran envoie des "conseillers militaires" et des volontaires iraniens, afghans, pakistanais et irakiens en Syrie pour épauler l'armée syrienne contre les groupes djihadistes et rebelles.
L'Iran dénonce la diplomatie de Macron, "l'apprenti de Trump en Europe". Le président français s'était rendu au Qatar en décembre 2017 afin d'envoyer un message encourageant à l'Iran voisin, disait-on. En demandant l'ouverture d'un dialogue avec l'Iran sur son programme de missiles et ses actions extérieures, notamment en Syrie et en Irak, Macron s'était en fait mis en marche dans les pas de Trump.
Des frappes occidentales décidées avant l'arrivée des experts de l'OIAC
Les va-t-en-guerre prennent de vitesse l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Ses experts étaient annoncés pour ...aujourd'hui en Syrie. Dès samedi, ils devaient mener leurs investigations sur l'attaque présumée à l'arme chimique sur des rebelles dans la ville de Douma, en Ghouta orientale, le week-end dernier. Les frappes aériennes occidentales ont-elles brouillé les pistes en effaçant toutes traces exploitables ?
Les autorités syriennes ont déjà prévenu qu'elles tiendront "l'Occident" pour responsable de toute entrave faite sur le terrain à l'OIAC.
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