Le mobile antisémite a été retenu par le procureur de Pontoise
Par sa kippa, l'enfant a été identifié de confession juive
Deux adolescents d'une quinzaine d'années l'ont roué de coups à Sarcelles, dans le Val-d'Oise, a indiqué mardi 30 janvier le parquet de Pontoise.
L'enfant a été agressé [la presse écrit "violemment agressé" (!) dans le cas de victime musulmane] alors qu'il se rendait à un cours de soutien scolaire, a précisé le Parquet. "Ils l'ont fait chuter au sol et lui ont porté des coups", a ajouté une source policière. Les agresseurs seraient de jeunes Noirs âgés de 15 à 16 ans.
"Les auteurs n'ont rien verbalisé durant l'agression et n'ont dérobé aucun objet appartenant à la victime, dont la kippa était visible", indique la victime, avec papillotes et tsitsit à la ceinture. Pour le Parquet "le mobile antisémite est donc retenu pour le moment."
Aucune interruption totale de travail (ITT) n'a été délivrée à la victime. L'enfant a pu se réfugier sous une voiture.
Les services du ministère de l'Intérieur ont réagi en langue de bois.
C'est par communiqué qu'ils lui prêtent au ministre Gérard Collomb d'avoir condamné "avec la plus grande fermeté (cette) lâche agression" qui est "contraire à nos valeurs les plus fondamentales", démocratiques et laïques.
Le pouvoir fait le constat d'une recrudescence des actes antisémites
Emmanuel #Macron : «Nous ne céderons rien à l'antisionisme, forme réinventée de l'antisémitisme»— RT France (@RTenfrancais) 16 juillet 2017
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Le 10 janvier, une lycéenne juive de 15 ans qui se rendait au lycée avait été frappée au visage par un agresseur encapuchonné, à Sarcelles, "un homme" d'une trentaine d'années.
Le mode opératoire interpelle : hormis que "l'inconnu" l'avait frappée au visage, entaillant sa pommette droite, la jeune fille portait l'uniforme de son lycée (chemise et jupe bleue) et, détail troublant si l'on compare à l'agression du garçonnet de 8 ans, l'agresseur n'a rien dit et n'a rien dérobé. Une source policière précise qu'"aucun signe extérieur" ne donnait à penser que la jeune fille était juive, ce qui est contesté par certains.
Député PS et ancien maire de Sarcelles, François Pupponi fait le lien entre ces deux agressions, soulignant que dans les deux cas, le ou les agresseurs n'ont pas prononcé de paroles antisémites. "Le caractère antisémite de l'agression de lundi ne fait aucun doute, déclare l'élu. Je connais le profil de ces délinquants: ils sont abjects, mais ils ne sont pas débiles, et ils savent exactement ce qu'ils font! Ils sont venus dans le quartier juif précisément pour "casser du juif". " François Pupponi précise qu'il veut "faire évoluer les textes en la matière". C'est pourquoi, indique-t-il, "je vais déposer un amendement dans les prochaines semaines afin que le caractère aggravant de l'antisémitisme ou du racisme soit reconnu dans toute agression d'un membre d'une communauté religieuse qui porterait un signe distinctif reconnaissable".
L'AFP y va de son commentaire: "une importante communauté juive" vit à Sarcelles.
Or, cette commune (socialiste depuis 1995, dont deux années de gestion par Dominique Strauss-Kahn) fait cohabiter quatre communautés : les Juifs d'Afrique du Nord, les Noirs, notamment de Côte d'Ivoire, les Chaldéens (avec les Turcs) et les Musulmans d'origine maghrébine, et comporte également trois mosquées (bientôt quatre) pour 57.000 habitants. En fait, Un tiers des habitants sont juifs et un tiers musulmans.
Suite aux violences subies par la jeune fille, des associations et le président du Consistoire israélites avaient dénoncé une agression au mobile antisémite, qualification qui n'est pas retenue par le Parquet à ce stade.
Joël Mergui, le président du Consistoire, s'était inquiété mi-janvier d'une "forte recrudescence d'actes antisémites" et avait appelé le ministre de l'Intérieur a "enrayer" cette "dangereuse spirale".
Collomb lui oppose ses chiffres : selon le ministère de l'Intérieur, les actes antisémites auraient baissé de 7% sur les onze premiers mois de 2017, après un repli significatif (-58,5%) en 2016.
On notera toutefois que le ministre de l'Intérieur a condamné l'agression du garçon de 8 ans dans un communiqué. Lors d'un récent dîner régional du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Gérard Collomb précisait : "depuis le début de l'année 2018, je vois se multiplier à nouveau les actes antisémites. Cela, je ne m'y résignerai pas, car de tels actes bafouent notre République. Ils portent atteinte aux principes qui font l'unité de notre nation." L'attaque de Sarcelles est d'autant plus sensible que la communauté juive locale, l'une des plus importantes d'Ile-de-France, reste habitée par le souvenir de l'attentat contre une épicerie kacher en 2012 et par l'émeute antisémite de 2014.
"Si les enfants juifs, qui sont comme les autres enfants de la République, deviennent les chiffons rouges de cette République, c'est très grave." René Taïeb, président de l'Union des communautés juives du Val-d'Oise.
L'enquête a été confiée à la Sûreté départementale.
René Taïeb souligne que les autorités lui ont promis que Sentinelle serait renforcée localement et des renforts policiers dépêchés.
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