Calan et Portelli ne valent pas un clou selon leurs propres soutiens
Calan, un jeune vieux sorti de nulle part
Sans aucune notoriété, Maël de Calan, 36 ans, a ses parrainages, au moins 2.347 adhérents et de treize parlementaires, et sera candidat à la présidence de Les Républicains, par la grâce de son parrain, Alain Juppé. Dans un entretien avec Les Échos (groupe LVMH de Bernard Arnault), il avait fait l'annonce officielle d'"un peu plus d'une vingtaine" de signatures de parlementaires...
Contre Wauquiez, ancien ministre et président de région Auvergne-Rhône-Alpes, Calan va au casse-pipe. Dirigeant du développement d'une start-up de biotechnologie à Roscoff, où se situe le château familial (à Sibiril, commune du Haut-Léon), il est le fils de Dominique de La Lande de Calan qui est connu pour avoir été le numéro 2 de l'UIMM, la plus importante branche du MEDEF, dont il dut démissionner en 2008 suite à une condamnation dans l'affaire des 16 millions d'euros retirés en liquide.
En 2012, durant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, il travaillait alors dans le groupe d'experts chargés des notes économiques en 2012. Mais ce conseiller municipal de Roscoff et aussi conseiller départemental du Finistère mise sur Juppé à la primaire de 2016: il est membre de l'équipe dédiée à l'élaboration du projet présidentiel du maire de Bordeaux. "Réfléchir, produire des idées, des propositions, c'est mon ADN", déclare-t-il modestement.
En septembre 2017, Alain Juppé le signala comme une valeur montante: "Maël de Calan incarne bien le type de profil qu'il faut encourager", avait-il dit à Sud Ouest. Aujourd'hui, le septuagénaire doit rester en retrait, mais n'hésite pas à intervenir et Maël de Calan à se situer dans sa lignée, revendiquant une "filiation juppéiste très prononcée".
Sa candidature est toutefois loin de faire l'unanimité. "Personne ne trouve ça bien qu'il y aille, à part lui et ses quatre copains", tacle un élu constructif.
Autre ambiguïté, Calan souhaite se laisser porter par la vague macronienne. "Je suis Macron-compatible", répétait-il dans sa circonscription. Il s'en expliquait à "l'Obs" :"Je suis de droite, mais d'une droite modérée qui adhère à plusieurs propositions que porte Macron, notamment en matière économique. Je voterai les mesures qui iront dans le bon sens."
Un positionnement cohérent avec ses ambitions. Lors du congrès de l'UMP, en 2012, il déposa avec quelques autres une motion, la Boîte à idées, qui obtenait les parrainages d'Edouard Philippe, Bruno Le Maire ou Thierry Solère, désormais ministres d'Emmanuel Macron ou députés "constructifs". Assez pour l'exclure.
Il n'a certes pas suivi les Constructifs, mais il s'oppose à leur exclusion et appelle à l'inverse à "tout faire pour qu'ils reviennent et réunifier la grande maison". Ce n'est pas un sous-marin de Macron, mais une corvette.
Il n'a pas d'autre fonction que de nuire à Wauquiez.
Le candidat se défend de vouloir participer à un "tout sauf Wauquiez". Pourtant, s'il n'est "candidat contre personne", il déclara sans ambiguïté, mardi matin 5 septembre sur France 2 :"Il y a clairement deux lignes différentes incarnées dans ce congrès: une ligne très clivante sur la forme et très dure sur le fond, qui est portée par Laurent, et une ligne plus crédible sur la forme et plus ouverte sur le fond, qui est la ligne historique de la droite française qui, à mon sens, est majoritaire dans notre électorat et qui est la seule à pouvoir nous faire gagner les futures échéances électorales", a-t-il affirmé.
Pour se donner une assise, Maël de Calan prétend appuyer sa candidature sur "un collectif de nouveaux visages d'élus", une génération nouvelle qui a émergé à la faveur des victoires de la droite aux municipales de 2014, mais dont les composantes restent à identifier. Il s'agit, explique-t-il, "d'élus qui ont fait des choix différents à la primaire, qui incarnent toutes les sensibilités du parti mais qui se réunissent sur deux messages essentiels : d'abord la volonté de faire de la politique très différemment, de manière plus fraîche, en se débarrassant du cynisme, du sectarisme, de la mauvaise foi, et ensuite en portant sur le fond les couleurs d'une droite ouverte et équilibrée". S'il a des proches, ce sont plutôt des suiveurs du septuagénaire. On pense ainsi à l'ex-maire de la ville de Boulogne-Billancourt et proche de Thierry Solère, Pierre-Mathieu Duhamel, 61 ans, auprès duquel il participait aux travaux de l'Institut Montaigne, un think-tank libéral, rapporte le quotidien "La Croix".
Le candidat se définit comme un "chrétien engagé en politique", un libéral et un "conservateur prudent sur les questions sociétales, sans en faire l'alpha et l'oméga d'un engagement politique".
Florence Portelli, autre figurante
A 39 ans et connue des seuls initiés, elle brigue néanmoins le plus haut poste des Républicains, face à Laurent Wauquiez, grand favori. Maire de Taverny (Val d'Oise), porte-parole de François Fillon lors de la campagne présidentielle, Florence Portelli pose sa candidature "pour que la droite recouvre sa fierté" : "Je veux redonner aux militants la place qui devrait être la leur dans ce parti", explique-t-elle. Un projet qui passe par "une refondation, un fonctionnement démocratisé, un changement radical de statuts et la clarification de la ligne idéologique du parti", selon elle.
Détentrice d'une maîtrise de droit public et d'un diplôme de l'institut de criminologie, Florence Portelli est la fille de Hugues Portelli, sénateur du Val d'Oise et maire d'Ermont. Très tôt, elle est sensibilisée à la politique : "A l’époque, mon père n’était pas enclin du tout à avoir un mandat, mais c’était un intellectuel qui fréquentait les politiques pour leur proposer des idées", expliquait-elle à La Gazette du Val d'Oise en 2014, au lendemain de son élection de maire. C'est sa fascination pour Philippe Séguin qui la pousse à franchir le pas : "Quand j’ai eu l’âge légal, je suis entrée au RPR, pour le mouvement séguiniste, le gaullisme social, c’est à dire l’aile gauche."
Soutien de François Fillon en 2012 lors de la campagne pour la présidence de l'UMP, elle est rapidement repérée par l'ancien premier ministre. Elle lui demande alors d'appuyer sa candidature à l'élection municipale de Taverny en 2014 : "Cela a boosté ma candidature, je voulais être crédible", explique-t-elle dans les colonnes de l'hebdomadaire. Après avoir pris la mairie de Taverny à un DVG en 2014, elle accède au Conseil régionale d'Ile-de-France en 2015, elle accède à la fonction de porte-parole de François Fillon lors de la campagne à l'élection présidentielle de 2017.
Florence Portelli évoque ses passions culturelles, du cinéma italien à la littérature française, en passant par la musique classique, la pop ou encore sa pratique du piano depuis l'âge de 6 ans. "Je suis allée voir Sarkozy et lui ai dit 'la culture, c’est n’importe quoi dans ce parti'". Car Florence Portelli n'a pas peur de dire les choses, comme elle l'a prouvé en s'attaquant aux Constructifs, groupe parlementaire constitué par une poignée de Républicains, essentiellement juppéistes revanchards.
Dans Le Figaro, elle estime que LR s'est divisé en "deux catégories: ceux qui sont déjà partis chez Macron et ceux qui, de bonne foi, ont cru que c'était un moyen de réformer la droite. Ils se sont trompés et je les invite à revenir au bercail". Et d'insister: "Les autres, qui ont rejoint le gouvernement ou soutenu En Marche ! se sont exclus d'eux-mêmes. Ils ne sont plus dans notre parti politique." Une franchise qui l'aidera à s'imposer ? Réponse les 10 et 17 décembre, dates de l'élection à la présidence des Républicains.
Laurent Wauquiez porte "la flamme" contre Emmanuel Macron, alias Dark Vador
Laurent Wauquiez aime filer la métaphore galactique, évoquant Luke Skywalker. Dans Le Parisien Week-end, le favori dans la course à la présidence des Républicains (LR) compare Emmanuel Macron à Dark Vador et les membres de son parti aux gentils Rebelles de la résistance dans Star Wars.
Il y a un très méchant Dark Vador qui essaie d'étouffer tout espoir dans la galaxie. Mais une flamme renaît qui va permettre de battre le méchant empire En Marche. Et cette flamme, c'est celle que je porte", déclare le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. "On voit très bien qu'il y a une volonté assez hégémonique d'En Marche d'étendre une espèce d'Empire galactique sur la totalité de la politique française. Eh bien, il y a un petit noyau de rebelles qui portent la voix de l'opposition".
En juin, il confiait déjà au Figaro : "On part de rien, tout semble mort, mais toute forme d'espoir n'est pas perdue. Quelque part, au fond de la galaxie, survit un petit camp irréductible!" D'autres lui retourne la comparaison mais en l'inversant : "Comme Dark Vador, il est passé du côté obscur. Et Patrick Buisson est son sabre laser", aurait récemment lancé dans Le Parisien un ancien élu juppéiste qui préfère cacher son identité du côté de la force obscure.
Wauquiez a déjà été président des Républicains, assurant l'intérim d'août à novembre 2016. Le 19 juin 2007, à 32 ans, il est nommé secrétaire d'État auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement dans le second gouvernement Fillon, en remplacement de Christine Albanel, avec l'intention revendiquée de moderniser la communication gouvernementale et de "rester un citoyen comme les autres". Lors des élections municipales de 2008, il prend la ville du Puy-en-Velay à la gauche.
Le 18 mars 2008, il est nommé secrétaire d'État chargé de l'Emploi auprès de Christine Lagarde, ministre de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi. Ses premiers chantiers sont alors la réforme de l'assurance chômage, le nouveau service public de l'emploi, le plan pour l'emploi des seniors et la réforme de la formation professionnelle.
En 2010, Laurent Wauquiez lance 'La Droite sociale', un club de réflexion qui rassemble une cinquantaine de parlementaires et qui a pour double ambition de faire entendre la sensibilité sociale au sein de la droite et de remettre les classes moyennes au centre des politiques publiques.
Le 14 novembre 2010, il devient ministre auprès de la ministre d'État, ministre des Affaires étrangères et européennes, Michèle Alliot-Marie, chargé des Affaires européennes, dans le cadre de la formation du gouvernement Fillon III, ainsi que le nouveau benjamin du gouvernement.
En juin 2011, il est nommé ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, succédant à Valérie Pécresse.
En décembre 2015, il est élu président de la région Auvergne-Rhône-Alpes contre la liste de gauche menée par le président socialiste sortant, (pendant près de 12 ans), Jean-Jack Queyranne, ancien ministre de Jospin.
L'élection à la présidence des Républicains est prévue le 10 décembre, avec un second tour éventuel le 17 décembre. Trois candidats sont en lice, Florence Portelli, Maël de Calan et Laurent Wauquiez.
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