L'entrée en vigueur de la réforme risque de faire monter les tensions dans les entreprises
Pour la quatrième fois, la CGT appelle à manifester contre les ordonnances réformant le Code du travail
L'appel syndical intervient à la veille de la ratification des ordonnances par le Parlement, mais la pression de la rue risque d'être insuffisante : le pouvoir ne s'attend pas à une affluence plus grande que le 19 octobre, quand le syndicat d'extrême gauche n'avait réussi à convaincre que Solidaires.
Force ouvrière lance pourtant un appel conjoint officiel.
Le niveau de la participation à la mobilisation du 16 novembre sera un test de l'influence de Jean-Claude Mailly.
En octobre, une partie de ses troupes - la plus radicale - a déjà défilé, bien que le leader de FO ait alors exprimé des réticences personnelles. On sait en effet que Mailly est réceptif au discours de Macron.
En novembre, l'appel de FO au côté de la CGT donnera une indication sur l'influence du leader cette fois rallié à sa base, puisque l'ensemble de ses troupes sera finalement dans la rue. Mailly aurait cédé en envisageant que cette journée sera un baroud d'honneur syndical.
Le monde syndical s'épuise en coups d'épées dans l'eau.
La presse acquise à Macron établit une comparaison hasardeuse, opposant une période de crise financière internationale à une période de reprise annoncée. Les journaux assurent ainsi que le record de conflictualité constaté en 2010 contre la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy ne sera pas égalé par les actions de 2016, puis de 2017 contre les lois travail successives, pourtant imposées d'abord au moyen de l'article 46.3 par Hollande et Valls, puis par la force des ordonnances de Macron et Philippe. Ce record avait été suivi dans la foulée d'une chute historique.
Il y a sept ans, le ministère du Travail a comptabilisé 3,3 % des entreprises ayant déclaré un jour de grève et 318 jours de grève pour 1.000 salariés. En 2011, avec la reprise de la confiance, le taux était divisé par près de deux et le nombre de jours avait chuté de 80 %. En 2015, dernière année connue, la conflictualité a encore baissé à 1,3 % et 69 jours.
Le gouvernement envisagerait même de s'offrir le luxe du rétablissement du jour de carence dans la fonction publique. L’Insee estime pourtant que son retour entre 2012 et 2014 a divisé par deux les arrêts maladie de deux jours, mais augmenté de 25 % les arrêts d’une semaine et plus...
Négociation rime avec conflit
Malgré la perte actuelle d'influence des syndicats dans la rue, l'exécutif doit encore s'assurer que sa réforme ne va pas provoquer une déferlante de négociations et donc de conflits.
Une étude publiée début 2017 par le ministère du Travail constate qu'en 2014, "75 % des entreprises déclarant une grève ont engagé des négociations contre 13 % de celles qui n'en ont mentionné aucune ". "Parmi les entreprises ayant négocié en 2014 sur un thème au moins, 87 % de celles qui déclarent une grève au moins ont conclu un accord", est-il aussi précisé.
La négociation est toujours un rapport de forces.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si, au tournant des années 2000, les 35 heures ont donné lieu à un record d'accords, installant durablement la négociation dans les rapports au travail, mais assortie d'une forte dégradation des relations internes à l'entreprise. Le réflexe est d’attribuer de nombreux échecs de négociation au rapport de forces, ou au jeu de pouvoir, auquel se prêterait la partie adverse.
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