jeudi 30 novembre 2017

Les enfantillages de Macron au Burkina-Faso nuisent aux relations diplomatiques dans la région africaine

Emmanuel Macron disjoncte devant les étudiants de l'université de Ouagadougou

Macron doit inaugurer la plus grande centrale solaire d'Afrique de l'Ouest ce mercredi 29 novembre au Burkina Faso
Emmanuel Macron devant les étudiants de l'université de Ouagadougou.
Emmanuel Macron devant les étudiants de l'université de Ouagadougou 

Emmanuel Macron est parti en vrille quand, au cours de sa tournée africaine, une étudiante burkinabée l'a interrogé  sur l'ouverture d'une centrale électrique française et son impact sur la climatisation dans l'université de Ouagadougou car, s'il a d'abord répondu très justement : "Vous m’avez parlé comme si j’étais le président du Burkina Faso [Rires et applaudissements]! [...] 
Interrogez-vous sur le sous-jacent psychologique qu’il y a derrière votre interpellation et l’enthousiasme que ça a créé.



Vous m’avez parlé comme si j’étais le Président du Burkina Faso.

Il a ensuite perdu le contrôle.
 

"Vous me parlez comme si j’étais toujours une puissance coloniale [il incarne la fonction !], mais moi je ne veux pas m’occuper de l’électricité dans les universités au Burkina Faso! [sourire embarrassé du président Kaboré] C’est le travail du Président ! Alors, par contre, je vous rassure [le Président burkinabé quitte la salle, sans se retourner, adressant un geste ambigu à l'assistance]... du coup il s'en va," se gausse le showman en stand-up.
"Reste là ! [Un tutoiement que les étudiants n'apprécient pas: ils ne goûtent pas la plaisanterie et restent tout à coup silencieux]. "Du coup, il est parti réparer la climatisation," insiste Macron, croyant son humour irrésistible et inconscient de son manque de respect en présence de témoins sidérés.

Macron a-t-il créé un incident diplomatique au Burkina Faso ?" s'interroge l'AFP dans un "décryptage", comme Libération


"Il est parti réparer la climatisation", a lancé  à Ouagadougou mardi un président français exalté comme après un repas bien arrosé, devant quelque 800 étudiants que la plaisanterie n'a pas fait rire dans une ambiance pourtant très détendue par ailleurs, alors que son homologue burkinabé préférait s'éclipser discrètement.
Une familiarité très critiquée par l'opposition française, seule, puisque la presse de la majorité aux garde-à-vous nie farouchement que Macron ait pu provoquer un "incident diplomatique". Savoir donc si le président a eu un besoin urgent diplomatique ou s'il a voulu manifester son mécontentement.

A Ouagadougou, Macron a-t-il enterré la politique africaine de la France ?



6mediaBURKINA POLEMIQUE

OBSERVER l'insolence de la moquerie du Français :


L'AFP a pourtant réussi à aligner les rédactions de Libération ou Le Monde sur l'Elysée.
Sur Playbuzz ci-dessus, un anonyme a mis le paquet. On sait en revanche que "Brut" [de décoffrage?] est un media en ligne français exclusivement diffusé sur les réseaux sociaux et uniquement sous format vidéo. Co-fondé fin 2016 par Renaud Le Van Kim, directeur de la société KM Productions et issu de Canal+, ce media privé bénéficie désormais de la monétisation de son audience par France Télévisions qui diffuse certaines vidéos de cette société sur le site de la chaîne France Info.   

Revenu sur terre et à la raison, Jupiter ne se satisfait pas de la complicité des inconditionnels. Le Burkina-Faso aurait-il exprimé son mécontentement ? 

Sur RFI et France 24 mercredi soir, Emmanuel Macron a réagi sans tarder aux critiques. 

"Ce sont eux, les paternalistes car, c'est considérer qu'on ne peut pas faire d'humour quand on parle avec un dirigeant africain. J'aurais fait de l'humour avec tout dirigeant européen avec qui j'ai cette relation. Nous n'avons pas ce type de relation avec Angela Merkel. Je l'ai par exemple avec Jean-Claude Juncker. Je l'ai avec le Premier ministre luxembourgeois. Ça dépend de la relation personnelle. Il se trouve qu'avec Roch Kaboré, nous nous entendons bien et donc, nous plaisantons et d'ailleurs, ça ne vous aura pas échappé que ça l'a fait rire." Son hôte africain n'a plus ri lorsque Macron a répondu à la question déjà en soi insolente d'ironie de l'étudiante sur la clim activée pour sa venue... 

Le JDD est péremptoire : "Macron n'a pas créé d'incident diplomatique"

Le groupe Lagardère ne s'interroge pas. 
Il est monté au créneau pour soutenir Macron. "Contrairement aux dires de plusieurs media et de personnalités politiques, le président du Burkina Faso ne s'est pas du tout indigné d'un trait d'humour d'Emmanuel Macron," affirme la succursale d'Europe 1. 
Le groupe propriétaire Lagardère Active a rapproché les deux rédactions (Journal du Dimanche et Europe 1) qui doivent emménager dans les mêmes locaux en 2018, alors que la radio continue de perdre des parts de marché. Un sondage officiel la place en terme d'audience après RTL, France Inter, NRJ, France Info et RMC, soit en sixième position. Les recrutements de Frédéric Taddéï, un protégé de Jean-François Bizot, fils de grand bourgeois d'affaires (Novapress et Actuel, cultures alternatives), ex-Radio Nova, de Raphaëlle Duchemin, qui est passée du service public au privé, serpentant de France Info à Europe 1, en passant par RMC, de Patrick Cohen, mistigri de la presse sur RTL, puis France Inter et Europe 1, puis France Inter et France 5, avant d'échouer sur Europe1, en perdition, des humoristes Mathieu Madénian (ex-chroniqueur à Charlie Hebdo) ou Camille Chamoux (qui s'est distinguée sur France 2 en agressant Alain Finkielkraut dans ONPC.
Quant aux journalistes vedettes du JDD, Hervé Gattegno et Anna Cabana, ils ont table ouverte à BFMTV qui est pareillement soumis au pouvoir, après Hollande, Macron, suscitant la critique du monde de la presse.
Comme à l'accoutumée, "Emmanuel Macron était plutôt satisfait de ce moment", assure le JDD qui n'en veut pour preuve que le fait qu' "'il l'a isolé sur son compte Twitter, même s'il ne montre pas le moment où le président Kaboré quitte la scène."

VOIR et ENTENDRE
la séquence en intégralité avec les plans de coupe sur le président Kaboré :

Macron sape les efforts de sa presse : il assure qu'il aurait fait la même à un dirigeant européen

Le président français a qualifié de "ridicule" le reproche d'indélicatesse qui lui est adressé. Dans un entretien avec France 24 et RFI, le banquier en gros sabots a estimé que l'humour est le signe d'une relation "d'égal à égal" avec le président détenteur d'un DESS de gestion...

Pour le président français, ce sont ses détracteurs qui sont "les vrais paternalistes qui considèrent que l’on ne peut pas faire de l’humour avec un dirigeant africain". Tentant de se justifier de ses remarques venues dans "l'énergie et la vitalité d'un moment", il a assuré qu'elles avaient amusé son homologue Roch Kaboré, qui aurait quitté la salle non pas en réaction, mais pour une "pause technique". Sur les images, on voit le président Kaboré faire un geste de la main, interprété comme un signe d'amusement par Macron.

Déjà connu pour son arrogance et sa désinvolture, Macron se défend de toute condescendance et soutient la thèse "d'une relation d’égal à égal". "J'aurais fait de l'humour avec tout dirigeant européen avec qui j'ai cette relation", tient-il à faire comprendre. "Nous n'avons pas ce type de relation avec Angela Merkel", qui n'est pas soupçonnée de problèmes de prostate, mais "je l'ai par exemple avec Jean-Claude Junker [63 ans]. Je l'ai avec le Premier ministre luxembourgeois [44 ans...]. Il se trouve qu'avec Roch Kaboré, nous nous entendons bien, et donc nous plaisantons." L'ennui, avec Macron, c'est qu'il plaisante aux dépens des autres.

Au final, 
le trentenaire a fait buzzer les media internationaux avec son manque de doigté sur la prostate du président burkinabè de 60 ans. Tout en finesse ?

En humiliant le président Kaboré, Macron met surtout l'équilibre politique du sub-saharien en péril

Plusieurs élus politiques et certains media ont dénoncé la plaisanterie relou du nouveau président français. 
Dans un communiqué, le groupe parlementaire d'extrême gauche mené par Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une parole "indigne de la part du président de la République française." 
Le numéro 2 du FN, Nicolas Bay, y a lui vu une "attitude assez scandaleuse" d'Emmanuel Macron. "Le voir sur la scène internationale aller critiquer ouvertement un chef d'Etat dans son pays, c'est comme si un chef d'État venait en France, devant des étudiants à la Sorbonne, pour critiquer ouvertement et insulter Emmanuel Macron en le méprisant", a-t-il observé.
Pour Debout la France (DLF), Nicolas Dupont-Aignan s'est également indigné mercredi matin sur Europe 1 : "Si un homme de droite, ou Donald Trump, s'était comporté comme Emmanuel Macron au Burkina Faso, toute la presse en parlerait ce matin. Il a été d'une arrogance, d'une violence à l'égard des autorités du Burkina Faso à la limite du racisme."

Thierry HOT
@Hotthierry1  [directeur camerounais du magazine panafricain Notre Afrik]
Pour rassurer ceux qui n'ont pas eu la bonne information [hautain...].
Pendant le discours de @EmmanuelMacron, le Président Kaboré s'était éclipsé juste pour une petite pause technique [à ce moment précis !] avant de revenir dans l'amphi.





@AvaDjamshidi 
[journaliste pour Aujourd'hui en France, diplômée de l'école supérieure de journalisme de Lille...]


Même pas.... On est plein de journalistes sur place. Vous voulez pas demander au lieu d’interpréter? [et avec ça, diplômée de l'école supérieure de journalisme de Lille...] Selon son entourage, le président Kaboré, qui est un être humain, a fait... une pause technique. [la journaliste cite l'entourage qui lui tenait la main]
https://

Plus grave encore est l'impact sur l'Ouest africain d'une fâcherie franco-burkinabée.
Politiquement, Macron est venu tirer les dividendes de l'installation de la centrale solaire de Zagtouli, la première dans le pays et la plus grande de toute l'Afrique de l'Ouest, à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Ouagadougou. Près de 13.000 panneaux photovoltaïques sont installés sur 55 hectares.
Financée par l'UE et par l'Agence française de développement, cette centrale doit favoriser l'indépendance énergétique du pays, qui importe actuellement 30% de son électricité de la Côte d'Ivoire voisine.
Stratégiquement, le pays hôte de Macron est situé à l'interface entre le Mali (où l'islam est la principale religion, à 90 %, au sud-ouest de l'Algérie, également en lutte contre le terrorisme islamiste) d'une part et la Côte d'Ivoire (islam, 43 % et christianisme, 34%) et le Nigeria (christianisme et islam, à part presque égales) d'autre part, si bien que les Etats-Unis, qui comme la France a des liens historiques avec le Burkina Faso, suit de très près la politique de ce pays chrétien à 24%, face à 60% de musulmans. Washington apporte un soutien financier en échange de l'autorisation d'espionner les mouvements islamistes.
Or, ce pays d'élevage, qui est l'un des moins développés au monde, compte une très forte diaspora : par exemple, trois millions de Burkinabè vivent au Ghana, trois millions en Côte d'Ivoire et 1.5 million au Soudan.
La "nouvelle politique" de Macron reste alignée, on le voit, sur celle ...d'Obama au Burkina-Faso. La France a fait en sorte que "l’évacuation de Blaise Compaoré puisse se faire sans drame", avait expliqué François Hollande, après le départ de l’ex-président du Burkina. Ensuite, la France a demandé au nouvel homme fort du pays,  le lieutenant-colonel Isaac Zida, désigné chef de l'État de transition du Burkina Faso par l'armée en novembre 2014, de rendre le pouvoir aux civils, mais il dut faire face au coup d'État du 17 septembre 2015. En décembre, le nouveau président de la République, Roch Marc Christian Kaboré, chargea alors Isaac Zida d'expédier les affaires courantes, mais il partit au Canada et Kaboré ordonna à la justice de le poursuivre pour "désertion". Il est par ailleurs accusé de corruption durant la transition, ainsi que de la répression de l'insurrection d'octobre 2014, en tant que chef des opérations de l'ex-RSP (Régiment de sécurité présidentielle dont des membres avaient retenu en otage Kafando, président de transition de 2014 à 2015), et Zida. En janvier 2017, le président Kaboré radie Isaac Zida de l'effectif des Forces armées nationales.
Deux semaines après son élection, le président Kaboré fait face à une première vague d'attentats islamistes. Le 15 janvier 2016, un restaurant et un hôtel du centre de Ouagadougou, notamment fréquenté par des expatriés, fut la cible d’une attaque terroriste revendiquée par Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Le bilan fait état de trente morts. Alors que les chancelleries du monde entier témoignent de leur solidarité avec le Burkina Faso, les forces de sécurité nationales sont mises en cause devant la facilité avec laquelle les trois assaillants ont manœuvré, pour leur temps de réaction ou pour la pauvreté du renseignement national. Cumulant le ministère de la Défense, Roch Marc Christian Kaboré a confié à son armée les moyens d’assurer la sécurité du pays et d’en faire une institution "apolitique".
Un pays politiquement instable à la portée des islamistes.
Et qui n'a pas les moyens de manier l'humour avec légèreté.

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