jeudi 16 mars 2017

Hamon amende son programme à un mois de la présidentielle, espérant reprendre la main

Le candidat du PS, à la dérive dans les sondages, revisite les grandes lignes de son programme

Jugés radicaux et utopiques, les choix du candidat socialiste refoulent l'électeur

A la traîne dans les sondages et lâché par Manuel Valls, le candidat officiel du PS espère reconquérir du terrain sur le candidat de l'Elysée. Benoît Hamon a présenté jeudi un programme revu et corrigé, enrichi des apports de ses adversaires de la primaire et davantage centré sur le travail et l'emploi.
Hamon et son équipe présenteront ce programme amendé à la Maison de l'Architecture à 11h00, deux semaines après un aménagement similaire d'Emmanuel Macron, désormais loin, dans les enquêtes d'opinion, devant le candidat désigné par une majorité de sympathisants socialistes. En février 2017 Benoît Hamon aurait enregistré une forte hausse de 10 points, à 33 %, alors qu'Emmanuel Macron serait resté, malgré un léger recul, le candidat  à gauche suscitant le plus d’adhésion, à 37 %.
Cette nouvelle version reprend les piliers du projet qui ont préféré Benoît Hamon (36 %) à Valls (31%) lors de la primaire socialiste: réforme constitutionnelle de l'article 49-3 décrié par les opposants à la loi Travail de Macron à l'Elysée et Valls au gouvernement, ambition écologique, sous la pression des Verts radicaux ralliés, et "revenu universel d'existence", minoré en "revenu d'existence".

Le candidat du PS à la présidentielle poursuit son effort de crédibilisation de ses propositions. 

Le populiste tente ainsi de prouver que le "futur désirable" qu'il appelle de ses voeux est aussi "possible" et finançable, tout  en respectant la contrainte européenne des 3% de déficit maximum, au moins à la fin du quinquennat.

Dans le souci de retenir les socialistes attirés par Macron,  Hamon a ouvert les tiroirs des programmes d'Arnaud Montebourg, de Vincent Peillon, de Manuel Valls et de Sylvia Pinel, la présidente du PRG, avec qui le PS est parvenu à un accord cette semaine.

Originellement conçu comme une réponse à une soi-disant raréfaction du travail, le revenu universel d'existence est désormais présenté comme une mesure de soutien du pouvoir d'achat des 19 millions de Français qui le toucheront, sous conditions plus encadrées, voire renforcées : étudiants, indépendants, salariés percevant moins de 1,9 SMIC et les bénéficiaires actuels du RSA, soit moins de deux millions de foyers à la fin du deuxième trimestre, selon la CAF, en octobre: un nombre en baisse pour la première fois depuis la création du dispositif en 2009. Le revenu (universel) d'existence devient une mesure moins dispendieuse, puisqu'à fin juin, 1,87 million de foyers touchaient cette aide, soit -47.000. Encore que "cette évolution puisse s'expliquer par le fait que la situation d'un bénéficiaire sortant de la prime d'activité n'ouvre droit au RSA que s'il en fait la demande, ce qui peut donc avoir un impact sur le recours au RSA", module la CNAF.
Evaluée à 35 milliards d'euros pour sa seule première étape, la mesure sera financée grâce à une réorientation de 10 milliards d'euros des crédits alloués au CICE (Crédit impôt compétitivité et emploi) et au Pacte de responsabilité, et par plus de déficit public (et non plus par une réforme de la fiscalité du patrimoine, comme Hamon en faisait la menace dans la primaire).

Hamon, candidat de l'emploi : un de plus, après Montebourg ou Valls...

Benoît Hamon tente aussi d'apaiser les inquiétudes liées à sa fameuse "taxe sur les robots", accapareurs d'emplois. Loin d'empêcher l'innovation, celle-ci viendra abonder un "fonds de transition travail", dédié à financer la formation et le retour à l'emploi des chômeurs. "Cette contribution ne concernera que les entreprises dont la robotisation s'accompagne d'une réduction des effectifs", précise Hamon dans un courrier adressé à Sylvia Pinel et à ...l'AFP, agence de presse et de diffusion des proches du Parti socialiste.

Autre mesure empruntée à Arnaud Montebourg, pourtant arrivé troisième à la primaire avec 17% (comme en 2011), la priorité accordée au Made in France et aux petites et moyennes entreprises, auxquelles 50% des marchés publics seront réservés. "Une mesure qui fait véritablement de la commande publique un levier à partir duquel nous pourrons stimuler le tissu économique local", promet le candidat dans Le Parisien de jeudi.

Hamon apparaît de plus en plus comme le clone de Montebourg

Car le Made in France n'est pas le seul emprunt de Hamon à l'ancien ministre de l'Economie. Le député des Yvelines promet aussi de taxer les superprofits des banques, et de renforcer le pouvoir des salariés dans les entreprises: ceux-ci représenteront la moitié des membres votants des conseils d'administration des grandes entreprises et des entreprises de taille intermédiaire.

La présentation de ce programme suffira-t-elle à calmer les inquiétudes des socialistes ? 
En fin de semaine dernière, BVA et Salesforce, en partenariat avec la Presse Régionale et Orange, publièrent leur 12ème sondage d’intentions de vote à l’élection présidentielle. Un sondage qui confirme la dynamique d’Emmanuel Macron, désormais à égalité avec la candidate du Front National au premier tour. L'ancien conseiller élyséen de Hollande est crédité de 26 % des intentions de vote, soit 2 points de plus en une semaine et 5 sur 15 jours. François Fillon, à qui le comité politique Les Républicains et l'UDI ont renouvelé leurs soutiens, résiste et connaît un premier rebond de 1 point, avec 20%, ce qui, compte tenu de la marge d'erreur, l'autorise à tous les espoirs. Quant à Benoit Hamon, il perd deux points et stagne à 13,5%.

Mardi, malgré les premiers reculs de Hamon, sur le revenu universel d'existence ou les déficits publics, l'ex-Premier ministre Manuel Valls a annoncé qu'il ne parrainera pas Hamon, dénonçant une "dérive" et une "forme de sectarisme" du candidat socialiste de la "Belle Alliance Populaire".
L'une de ses proches, la secrétaire d'Etat Juliette Meadel, s'est à nouveau fait l'écho de ces réticences, affirmant mercredi soir, se poser "de plus en plus (de questions) sur la stratégie et le programme" de B. Hamon.

Bernard Cazeneuve, Michel Sapin, Jean-Yves Le Drian ou Marisol Touraine invitant Benoît Hamon à défendre les résultats du quinquennat et à modifier les grandes lignes de son programme, pour unique soutien du gouvernement en exercice, Hamon n'a en effet reçu que le soutien sans équivoque de la ministre sectaire de l'Education Najat Vallaud-Belkacem.

Dès le mercredi 1er mars, elle avait apporté son soutien au candidat Hamon, contesté par l'aile droite de son parti. Pourtant isolée, la binationale a réitéré son soutien au candidat radical du PS, lors d'un meeting à Nice du 15 mars, se démarquant des propos tenus la veille par le Premier ministre Manuel Valls devant des parlementaires : "Oui, tu es cher Benoît le candidat de l'emploi et de la valeur travail (...) celui du travail choisi, celui du travail de qualité, celui des salariés bien rémunérés et formés", a-t-elle lancé, au candidat Hamon, un apparatchik du PS.
Pour mémoire, Hamon est un protégé d'Henri Emmanuelli, député des Landes (ci-contre, en pleine activité au Palais Bourbon). Or, en prévision des législatives 2017, le président sortant a fait réserver le siège d'Emmanuelli à l'Assemblée à son secrétaire général adjoint de la présidence de la République, un ex-directeur de cabinet du ministre ...Arnaud Montebourg, comparse de Hamon, et ce collaborateur n'est autre que Boris Vallaud, époux de la ministre Vallaud-Belkacem, soutien de Hamon: la boucle est bouclée !

 
  

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