Ce duel des deux gauches extrêmes menace le PS d’implosion
Ces lycéens criant des "hourra !" et des "Benoît président!" sont-ils électeurs ?
L'ex-premier ministre enfariné, giflé et chahuté a perdu de sa superbe
Manuel Valls, sonné..., quitte la scène à la fin de son discours,
le 22 janvier 2017 à la Maison de l'Amérique Latine à Paris
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Or, dimanche prochain, les électeurs devront choisir entre deux conceptions radicalement opposées de la gauche qu'avant le premier tour, l'arrogant Manuel Valls, présent au second tour, avait jugées " irréconciliables". Il est le challenger de son ancien ministre...
A 20 h 45, quand, président foireux de la Haute Autorité des primaires citoyennes, Thomas Clay annonce que Benoît Hamon vire en tête du premier tour, la péniche de bobos qui héberge pour un soir le QG du député PS des Yvelines chavire de joie en bord de Seine. La sono lance le tube hip hop qui a enfiévré les jeunes de ses meetings : Can’t Hold Us, de Macklemore et Ryan Lewis, ci-contre, de la Côte Est. Traduites, les paroles disent ceci : "Ce soir, c’est le bon soir/On se battra jusqu’à la fin/Alors on lève les mains en l’air comme si le plafond ne pouvait pas nous retenir." Tout est dit et reste à faire.
La dynamique que les sondages impulsèrent à l’éphémère ancien ministre de l’Education nationale
depuis plusieurs semaines s’est donc traduite dans les urnes dimanche 22 janvier. Benoît Hamon est arrivé en tête du premier tour avec 36,35 % des voix,
suivi de Manuel Valls (31,11 %, à plus de cinq points) et d’Arnaud Montebourg qui, avec 17,52 % des suffrages (selon des résultats provisoires distillés tout au long de la soirée de dimanche), stagne au fil des années, réalisant quasiment le même score qu’à la primaire de 2011.
Dernier candidat déclaré - en catastrophe pour combler le vide laissé par le président qui avait renoncé - , Vincent Peillon, qui a mené une campagne haut perchée sans jamais réussir à convaincre de l'utilité de sa sortie de sa réserve helvétique, arrive loin derrière le trio de tête, avec 6,85 % des voix. Une humiliation pour le candidat de l'Elysée et donc pour Hollande qui avait préféré poursuivre ses voyages lointains et détourner le regard de Paris et des militants dont il avait pourtant été, avec Stéphane Le Foll au pied, le premier secrétaire pendant onze années dorées.
Quant aux petits candidats, parce que non-socialistes,
et donc méprisés de la presse nationale, soigneurs dévoués des éléphants du parti hégémonique, ils se partagent les miettes, avec 3,88 % pour François de Rugy (Parti écologiste), 1,97 % pour Sylvia Pinel (PRG) et 1,01 % pour Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate). Moins de 7% qui pourraient se reporter sur Valls.
A l’issue d’une campagne éclair et taillée sur mesures pour Hollande, le président abdicataire sortant, cette primaire est une humiliation pour "Moi, je" qui braillait ses "fiers" "je refuse". Le brutal Valls est amené à débattre avec l'un de ses ministres les plus décalés et les moins expérimentés, un "frondeur".
La primaire, machine à perdre
Celui qui sort premier du chapeau n'a ni la tête de l'emploi, ni les comportements d'un président supposé représenter dignement les Français. Certes, Hollande lui a montré la voie de l'abaissement, mais Hamon est-il le mieux placé pour redorer l'image de la France ?
La (très) faible mobilisation au premier tour de la primaire à gauche et la fracture du PS en deux camps irréconciliables font planer la menace d’un échec à la présidentielle.
Les bras cassés du Parti socialiste sont dans le déni.
Les primaires sont des machines à gagner, assurait la Rue de Solférino (bientôt mise en vente). Elles peuvent toutefois se transformer en machines à perdre et les socialistes risquent fort d’en faire, cette année, l’amère expérience.
En 2011, la haine du président sortant Nicolas Sarkozy avait été assez puissamment orchestrée dans les media pour mobiliser les électeurs, malgré la crise (ou à cause de) la crise financière et économique depuis 2008, surmonter ambitions personnelles et divisions et offrir à François Hollande une rampe de lancement sécurisée à son pédalo présidentiel. Or, en novembre 2016, sa volonté de reconquête du pouvoir a permis à la droite de solder, au profit de François Fillon, la guerre des chefs qui la plombait depuis 2012.
Les primaires sont des machines à gagner, assurait la Rue de Solférino (bientôt mise en vente). Elles peuvent toutefois se transformer en machines à perdre et les socialistes risquent fort d’en faire, cette année, l’amère expérience.
En 2011, la haine du président sortant Nicolas Sarkozy avait été assez puissamment orchestrée dans les media pour mobiliser les électeurs, malgré la crise (ou à cause de) la crise financière et économique depuis 2008, surmonter ambitions personnelles et divisions et offrir à François Hollande une rampe de lancement sécurisée à son pédalo présidentiel. Or, en novembre 2016, sa volonté de reconquête du pouvoir a permis à la droite de solder, au profit de François Fillon, la guerre des chefs qui la plombait depuis 2012.
Le premier tour de la primaire socialiste (et apparentés), dimanche 22 janvier, est en passe de consacrer le rejet du candidat le plus compromis par l'exercice autoritaire et solitaire du pouvoir. Une faible mobilisation, comme au premier tour (plus d'un million de participants manquent au rendez-vous), un PS fracturé en deux camps irréconciliables par un premier ministre hystérique et intolérant font craindre la désignation d'un candidat mal élu et, au bout du compte, la menace d’un échec retentissant lors du scrutin présidentiel, un cas de figure annoncé et démobilisateur. L'épouvantail des terroristes islamistes ou de l'extrême droite ne tient plus qu'à un fil.17
Cette mobilisation, près de deux fois inférieure à celle de 2011 et trois fois plus faible que celle de la droite il y a trois mois, traduit, sans conteste, les désillusions, les frustrations, les colères et la honte qui prévalent à gauche au terme du mandat de François Hollande qui, mois après mois, promis pendant cinq ans le redressement de la courbe de l'emploi. Quel rôle positif son pompeux ministre de l'Industrie, intitulé ministre du "redressement productif" le gracieux "Petit père des peuples" Montebourg a-t-il joué en 2013 pour sauver Vivarte aujourd'hui groupe menacé de disparition, corps (de salariés) et biens (de financiers) ?
La seconde place de Manuel Valls confirme cette sanction.
Les termes de la déclaration du bourrin, dans la soirée du 22 janvier, laissent mal augurer de la suite.
Bureau de vote à Tulle, Corrèze, le 22 janvier 2017 |
Les électeurs exemplaires ont boudé le scrutin "citoyen" dimanche.
Les mots n'ont-ils plus de sens?... Au premier tour de la primaire de 2011, ils avaient été 2,6 millions. Le 22 novembre 2016, 4,3 millions avaient participé au premier tour de la primaire de la droite. Le 22 janvier, ill a d'abord été annoncé à 2 millions, puis de l’ordre de 1,6 millions, mais ne devrait pas atteindre 1,3 millions, malgré les tours de passe-passe encore en cours.
Et "quand c’est flou, c'est qu'il y a un loup…" (un "vice", une "tare", en clair)
Le fait même que la direction du PS n’a pas été en mesure de publier un résultat à peu près définitif dans les heures qui ont suivi un scrutin aussi peu mobilisateur ajoute encore le malaise à la confusion. Défaillance dans l’organisation ou insurmontable embarras à annoncer une participation très en deçà des objectifs espérés, chacun penche pour la seconde hypothèse. Comme on dit volontiers au PS, reprenant la fameuse phrase populaire de 2011 que Martine Aubry a dû entendre au bar du Commerce, devant une bonne bière bien fraîche: "quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup"…
Cette mobilisation, près de deux fois inférieure à celle de 2011 et trois fois plus faible que celle de la droite il y a trois mois, traduit, sans conteste, les désillusions, les frustrations, les colères et la honte qui prévalent à gauche au terme du mandat de François Hollande qui, mois après mois, promis pendant cinq ans le redressement de la courbe de l'emploi. Quel rôle positif son pompeux ministre de l'Industrie, intitulé ministre du "redressement productif" le gracieux "Petit père des peuples" Montebourg a-t-il joué en 2013 pour sauver Vivarte aujourd'hui groupe menacé de disparition, corps (de salariés) et biens (de financiers) ?
Ce scrutin a justement sanctionné un quinquennat pour le moins décevant et un ministre qui l'a marqué pendant cinq ans au fer rouge. En plaçant Benoît Hamon en tête du premier tour, avec plus de 36 % des voix, et en accordant 17,5 % des suffrages à l'ambigu Arnaud Montebourg (partie prenante et critique du bilan auquel il a contribué), les électeurs ont donné une claire majorité aux "frondeurs" qui ont contesté de plus en plus vigoureusement l’action du président de la République et du gouvernement depuis trois ans, singulièrement lors du passage en force - à six reprises pour deux projets - de la loi Travail de Valls, portée par une femme kamikaze, Myriam El Khomri.
La seconde place de Manuel Valls confirme cette sanction.
Ministre autoritaire et détesté à l'Intérieur, puis Premier ministre autocrate brutal à Matignon jusqu’en décembre 2016, le candidat Valls a tiré des bords, de gauche et de droite, surjouant l'agneau de la fable et pensant ainsi amener le militant au centre en lui donnant le tournis, puis assumant à grands cris pour enfin se discréditer : l' "homme fort" du gouvernement, selon la presse aux ordres (malgré le recours abusif à l'article 49.3) mais versatile, est devenu une girouette qui, de coups de menton en promesses trompeuses ("J'ai changé !") et de feintes métamorphoses en déclarations tonitruantes et obsessionnelles ("Nous sommes en guerre", neuf fois en moins de dix minutes, à la mi-novembre 2015), l'artiste transformiste paie aujourd’hui la facture de l’action menée sous sa responsabilité. Après tout, n'a-t-il pas lancé des "j'assume" à toute volée ?
Les termes de la déclaration du bourrin, dans la soirée du 22 janvier, laissent mal augurer de la suite.
En exerçant un chantage à la peur et au chaos, en assurant que le choix est désormais entre "une défaite assurée et une victoire possible", "entre des promesses irréalisables et 'infinançables' [le revenu universel] et une gauche crédible", il a creusé un peu plus le fossé entre deux camps socialistes qu’il jugeait, il y a peu, "irréconciliables". Quel que soit le vainqueur de ce duel, on voit mal comment les socialistes pourraient se rassembler de façon crédible et durable au lendemain du 29 janvier.
Les socialistes ont dès à présent tiré un trait sur l’élection présidentielle et ferraillent entre eux. Leur ambition ne semble plus être de désigner un candidat susceptible de l'emporter sur la droite, mais bien plutôt de sauver des positions personnelles, sous couvert de credo traditionnels et de "valeurs" éculées de la gauche sur le flanc, après ce que bon nombre d’entre eux considèrent comme les reniements du mandat de François Hollande et du gouvernement de Manuel Valls.
Dès le 22 janvier au matin, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, assurait dans Le Parisien " qu’on sonne le glas du PS trop tôt". Il ne manque pas de candidats pour sonner le tocsin : Emmanuel Macron ou François Fillon, Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon. On comptes divers types de volée, mais toutes les tonalités sont susceptibles d'éteindre le PS.
Le glas de la mort retentit trop tard pour les sourds...
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