mercredi 2 mars 2016

El Khomri, larguée par un conseiller du ministère du Travail

L’ex-conseiller de Myriam El Khomri explique pourquoi il claque la porte 

L'ancien conseiller stratégie de la ministre du Travail s'est mis en congé de la République
 
Pierre Jacquemain ne supportait plus les conditions de travail imposées par son patron. Il a démissionné début février, mais les Français ne l'on appris qu'un mois plus tard, quand le Canard enchaîné l'a révélé la semaine dernière. On pourrait en outre penser que son ancien conseiller au secrétariat d’Etat à la politique de la ville (2014-2015) pointe Myriam El Khomri, mais il dézingue en fait l'avant-projet de loien raison de son désaccord avec le texte et avec l'homme qui tient la main de la ministre, occupe son cerveau et tire les ficelles de sa marionnette. 

Pierre Jacquemain devait notamment se charger de la réforme du code du travail. 
Cependant, face à ce qu’il a considéré comme une trop forte ingérence de Matignon dans la conduite du projet de loi, l'ancienne "plume" de Myriam El Khomri s’est opposée aux orientations du premier ministre et de Myriam El Khomri, pour finalement claquer la porte du ministère du Travail début février et non pas "quitter sa fonction le lundi 29 février", comme l'affirme Le Monde, organe de presse officieux de l'Etat-PS. 
C'est de surcroît à L'Humanité que ce jeune homme  issu de la gauche radicale (il a été collaborateur de Clémentine Autain) et en charge de la stratégie publique de la ministre, livrait lundi les raisons de sa démission.

L'avant-projet de loi de Valls est contesté jusque dans l'entourage de Myriam El Khomri
"Peut-être ai-je été trop naïf sur la capacité de la ministre du travail, Myriam El Khomri, à faire rêver et progresser les travailleurs de notre pays" ? A incarner une parole de gauche, une parole libre, une parole utile, une parole forte. Une parole juste. Celle qui dénonce la paupérisation de la société, celle qui s’insurge devant la précarisation du monde du travail qui conduit des millions de Français à vivre au jour le jour – avec toujours cette peur du lendemain. La réforme de Myriam El Khomri devait porter l’exigence d’un nouveau modèle de société. C’était, je le crois, l’ambition de la huitième ministre du gouvernement." Une place de choix dans la hiérarchie gouvernementale. 

C'était sans compter avec l'autocrate Valls
 
"En réalité, la politique du ministère du Travail se décide ailleurs, à Matignon." C’est le Premier ministre qui  tire les ficelles de son âme damnée. Après le rapport Combrexelle, Myriam El Khomri avait pourtant une grande ambition. Elle a mené une concertation fructueuse avec les partenaires sociaux, qui a débouché sur de réelles avancées, estime son ex-conseiller. Malheureusement, aucune de ces avancées n’apparaît dans le projet de loi final. Le compte personnel d’activité n’est qu’une coquille vide, qui n’est que l’agrégation de droits sociaux déjà acquis. Par ailleurs, à qui veut-on faire croire que la dématérialisation des fiches de paie est une grande avancée sociale ?"
La confirmation que "c’est le premier ministre qui donne le ton" est arrivée ce lundi matin, car c'est bel et bien Manuel Valls qui a annoncé le report à la fin mars de la présentation du texte en Conseil des ministres, pour "lever un certain nombre d'incompréhensions". Les interlocuteurs de ce bac +3 ne comprennent rien à rien !...
 
"Un porte-voix exceptionnel pour donner le 'la' à une réforme majeure du quinquennat dans un gouvernement au parti pris libéral assumé ? Le président de la République lui-même avait fait de cette réforme l’un des tournants de son quinquennat. Ce devait être une réforme de progrès; ce sera au mieux une réforme de compromis – voire de compromission. Au pire, cela restera comme une trahison historique – et destructrice – d’une gauche en mal de repères. 
"Ce projet de loi est une erreur historique, assène le conseiller. C’est une régression en matière de droits sociaux, dans la mesure où de nombreux acquis des travailleurs pourront être renégociés à l’échelle des entreprises, où le rapport de force est systématiquement défavorable aux salariés. C’est un non sens économique, parce qu’il n’est pas prouvé que cette loi créera de l’emploi.
C’est enfin
un non sens politique: quand on se dit de gauche, quand on s’estime progressiste, je ne vois pas comment on peut soutenir un tel texte."
Myriam El Khomri était-elle la bonne personne au bon endroit ?

Fleur Pellerin était déjà une erreur de casting. Et c'est une femme de plus que Hollande a jetée comme un Kleenex. 
 
Après la franco-marocaine Najat Vallaud-Belkacem à l'Education, c'était, semble-t-il, au tour d'une autre trentenaire de prendre les commandes d'un grand ministère. Comme d'élire un métis à la Maison Blanche, en le faisant passer pour Black, et maintenant, la première femme, une septuagénaire, en la faisant passer pour agile et équilibrée. Dans dix ans, le PS pourra citer les noms de ces deux calamités, avec celui d'Audrey Azoulay, pour preuve de la promotion socio-politique du Maghreb sous une présidence socialiste, indépendamment de leurs accomplissements et de leur impopularité. 

N'est-ce pourtant pas cette même 
Myriam El Khomri, ministre de Hollande, il faut dire, qui, en novembre 2015, a étalé l'étendue de son incompétence sur le nombre de renouvellements d'un CDD ? Après s'être empêtrée sur ce nombre lors d'une entretien de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV et RMC, elle a ensuite avoué qu'elle ignorait la réponse.
En fin de matinée, depuis la cour de l'Elysée et en direct sur BFMTV, Myriam El Khomri avait commis l'imprudence de revenir sur cet échange, se disant "très sereine", et considérant qu'il n'est pas dans son rôle de "réciter l'intégralité des articles du Code du travail". Pffftttt....

Si El Khomri a trébuché dans sa douche, 
Trop drôle de gérer le chômage des Français !
c’est parce que c'est une militante fonceuse, nous assure-t-on, comme s'il s'agissait d'une qualité. A 38 ans, la franco-marocaine, qui dépasse Valls d'une tête, a moins que jamais la notion du possible et peut tenir tête au premier ministre, si c'est un petit zizi, ou au président de la République, si c'est un gros mou, car la bécasse a plus d'ambition que de perspicacité: c'est une arriviste à qui son militantisme a tout donné tout cuit, au nom de la promotion de la diversité. Son parcours depuis Rabat, son DESS acquis dans une université amie, au vu de "ses engagements, son expérience à la Ville de Paris et au secrétariat d’Etat à la politique de la ville auraient pu – auraient dû – la conduire à porter haut et fort les revendications des travailleurs, à défendre les salariés d’Air France quand 3.000 postes sont menacés", mais les petits gestes princiers de la main et la distribution de sourires ne règlent rien. S'est-elle fermement opposée au travail le dimanche? N'a-t-elle rien lâché sur les commandes patronales, notamment en matière de licenciement ? Son conseiller dit avoir cru en elle. "Et nous avons échoué", constate-t-il. 

Mais Myriam El Khomri y croit encore, constate son ex-conseiller.
Fonceuse du genre bourrin, ambitieuse qui accepte tout ce qui passe, elle n'a pas imaginé un seul instant que "petit zizi" la fourrait dans un mauvais pétrin, faisant d'elle la mère-porteuse de son projet de réforme du Code du Travail pour ne pas y laisser de plumes. La dinde, oui. Les féministes socialistes se sont mobilisées sur les plateaux de télévision pour faire croire qu'elle est plus maligne qu'elle en a l'air et qu'elle est victime de machisme et, pendant qu'on y était, de sexisme, car si on est une femme, on est forcément supérieure à l'homme. Au même titre que les attentats nous font quelque peu douter de Malraux assurant que "le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas", Najat Vallaud-Belkacem et Myriam El Khomri contredisent la maxime de Louis Aragon selon laquelle "la femme est l'avenir de l'homme"...

"Je n’étais donc plus utile à ses côtés. J’ai quitté son équipe sur un désaccord politique et stratégique majeur." Et Jacquemain d'ajouter: "D’ordinaire, un conseiller ministériel, petite main de l’ombre, ça ferme sa gueule." Mais la petite main prépare sa reconversion: un  changement de majorité est si vite arrivé...   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):