lundi 29 février 2016

Nucléaire: affront de Royal aux nouveaux ministres écologistes

Présidente de la COP21, les jours pairs, et soutien du nucléaire, les jours impairs

La ministre de l'Environnement dissocie le climat et le nucléaire
 
En annonçant la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires pour 10 ans, Ségolène Royal est accusée de trahir l'esprit de la Loi de transition énergétique (LTE) qu'elle a elle-même portée en 2014.
La LTE vise à encourager une "croissance verte" en réduisant la facture énergétique de la France et en favorisant des énergies dites "nouvelles", propres et sûres. Elle comporte aussi des dispositions favorisant l'économie circulaire et une meilleure gestion des... déchets. Y compris nucléaires?
Ségolène Royal, la ministre de l'Écologie et de l'Énergie, s'est déclarée prête à donner son "feu vert" au prolongement de la durée de vie des centrales nucléaires françaises pour dix ansLes réacteurs verraient ainsi leur durée d'exploitation passer de 40 à 50 ans. Invitée ce dimanche du 12/13 de France 3 ce dimanche, la ministre a précisé que cette décision s'inscrit "dans le contexte de la baisse de la part du nucléaire de 75 à 50% dans la production d'électricité pour monter en puissance sur le renouvelable", une disposition prévue par la loi de transition énergétique (LTE) adoptée en août 2015.

Une provocation pour les écologistes, mais qui pourrait favoriser des énergies nouvelles à Europe Ecologie-les Verts et recoller ses morceaux. 

L'argumentaire de baisse de la part du nucléaire de 75 à 50% en faveur de 10 années supplémentaires ne convainc pas  les écologistes

Les effets de cette erreur politique sera elle aussi durable sur des écologistes jusqu'ici  partagés depuis le dernier remaniement entre le soutien au gouvernement et une "opposition de gauche" à la ligne de l'exécutif. 

Madame Royal finit de dresser les derniers écologistes socialo-compatibles contre Hollande. 
"J'apprends que Royal Ségolène met à mort la Loi de Transition énergétique en prolongeant les centrales nucléaires de 10 ans. L'écologie, c'est fini", s'est écrié le patron en CDD d'Europe-Écologie les Verts (EELV), David Cormand, ci-contre, sur Twitter

Selon le petit Julien Bayou, ancien conseiller d'Eva Joly, candidate d'EELV en 2012, et porte-parole du parti, Ségolène Royal est "irresponsable". "Prolonger les centrales nucléaires et retarder le développement des énergies renouvelables, c'est faire courir des risques aux Français. Le réalisme économique, c'est tourner la page du nucléaire cher et dangereux pour engager le développer des énergies renouvelables", a-t-il estimé sur le réseau social.

Royal sème la zizanie parmi les schizophrènes politiques

"Cette annonce est évidemment un mauvais coup pour l'écologie, mais aussi pour la population française. C'est surtout une humiliation pour les écologistes entrés au gouvernement, et cette annonce remise leur promotion à un débauchage individuel lié à leurs carrières", assène pour sa part le député-maire de Bègles Noël Mamère. 

EDF téléguide Royal 
"C'était un secret de polichinelle, car le patron d'EDF Jean-Bernard Lévy l'avait laissé entendre il y a quelques jours. Cela montre comment les politiques énergétiques échappent au politique pour être dictées par le lobby pronucléaire [EDF, en l'occurrence]. Nous sommes face à de la schizophrénie politique", poursuit-il, en irradiant Jean-Vincent Placé, Barbara Pompili et Emmanuel Cosse qui se sont reniés pour un maroquin. "Les engagements du président de la République ne seront pas tenables. Il faudrait en réalité fermer 25 réacteurs. La sécurité des Français est en jeu," a clamé le démagogue.

Interrogé par BFM ce dimanche, le député François de Rugy - ex-EELV et désormais au mouvement écologiste de centre gauche 'Écologistes !' - ne s'est pas non plus montré satisfait par cette annonce: "Ce qui est sûr, c'est que ça ne va pas dans le sens de la LTE qui a été adoptée l'année dernière et qui vise à rééquilibrer la production d'électricité en France entre renouvelable et nucléaire à l'horizon 2025". 
Bien que proche des secrétaires d‘État Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili, Rugy est très critique sur Europe 1: "Royal dit que cette annonce doit être compatible avec la loi de transition énergétique. Alors, cela veut dire qu'il faudra en parallèle fermer encore plus de vieux réacteurs. Le mieux est donc de commencer dès maintenant à fermer les plus vieilles centrales comme Fessenheim, puis le Tricastin, Bugey, etc. Comme la consommation d'électricité stagne, voire régresse, pour faire baisser la part du nucléaire de 75 à 50%, il faut fermer un certain nombre de réacteurs plutôt que de les prolonger, ce qui par ailleurs coûte très cher. Sans doute que Ségolène Royal dit cela pour montrer à EDF que toutes les options sont sur la table. Mais économiquement et financièrement, il n'y aura pas de miracles", estime le coprésident du groupe écologiste de l'Assemblée.

"Proche de la ministre du Logement Emmanuelle Cosse", le vice-président de l'Assemblée nationale Denis Baupin se montre moins critique sur Twitter, mais il est son mari (!) : "Le facteur le plus limitant pour la prolongation des réacteurs nucléaires, c'est qu'EDF n'en a pas les moyens"Pilier de la Bourse de Paris, le groupe détenu à 85% par l'Etat, a quitté l'indice CAC 40 le 21 décembre 2015. 
Il balaye les critiques visant la ministre de l'Écologie. "Les habituels protestataires protestent… Il ne faut pas s'en tenir au seul titre des dépêches de presse. Ségolène Royal n'a fait que préciser le cadre de la réduction de la part du nucléaire prévu dans la LTE. Pour accompagner une sortie progressive du nucléaire, il est nécessaire de prolonger la durée de vie de ceux qui existent, ce qui permet de ne pas en construire de nouveaux. Par ailleurs, la ministre a placé cette prolongation sous la supervision de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui doit déterminer le montant des investissements nécessaires. Confronté au manque de moyens, EDF ne devrait pas restaurer les centrales les plus anciennes", estime-t-il, avant de renvoyer ses collègues d'EELV "réviser leur dossier". 
Royal s'est trouvée un porte-parole inattendu parmi les écologistes radicaux. Les modérés vont-ils passer pour des extrémistes ?

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