De nombreux éléphants socialistes s'opposent à la décision de François Hollande
La récupération de l'électorat de gauche passé à l'extrême gauche vaut bien une déchéance morale...
Ainsi, l'ami du président, Julien Dray, et un ancien ministre, Benoît Hamon, frondeur de longue date, à l'image de Martine Aubry ou d'Arnaud Montebourg. Les nouveaux élus courbent l'échine mais les caciques ont fait part de leur ferme opposition à cette mesure, défendue par le Front national et une partie de la droite républicaine.
Au gouvernement, malgré les critiques de Christiane Taubira qui, depuis Alger, a tenté de torpiller l'idée (lien PaSiDupes) au cours d'un entretien à la télévision publique algérienne, le mardi 22, Manuel Valls a annoncé mercredi le maintien d'extension aux binationaux de la déchéance de nationalité dans le projet de réforme de la Constitution. Il s'est de surcroît déclaré "convaincu" d'avoir une "large majorité" au Parlement.
Les premières pressions de l'exécutif sont en effet arrivées
La décision de François Hollande d'étendre la déchéance de nationalité aux terroristes binationaux nés en France provoque des remous au Parti socialiste et plus largement dans la majorité. Les parlementaires PS ont reçu un vademecum sur la manière de bien penser et pour les convaincre du bien-fondé du projet de réforme de l'exécutif, un dispositif que le président de gauche a repris du Front National.
Sous la houlette supposée du garde-chiourme Pruneau Le Roux, il semble que ce soit le groupe PS à l'Assemblée nationale qui ait décidé de transmettre par mail un argumentaire de Matignon à l'ensemble des parlementaires socialistes, jeudi. Ce document de trois pages qui défend en six points la déchéance de nationalité est censé convaincre les élus réfractaires, mais peu futés. Si les représentants du peuple ne le savaient pas, il leur est rappelé que la mesure existe déjà, s'il ne lisent pas la presse, qu'elle s'inscrit "dans un contexte très particulier" et, s'ils ne pensent pas par eux-mêmes, qu'elle comporte des "effets concrets", à savoir la possibilité de la mise en place d'un éloignement.
Entre autres éléments de langage diffusés par Valls, ils devront propager un mensonge, puisqu'ils sont tenus de dire que la réforme est "bien comprise par l'opinion publique". L'opinion publique y est, à la vérité, de moins en moins favorable: 81%, ce jour, contre 94% en novembre (Elabe "L'opinion en direct" pour BFMTV). L'instauration de l' "état d'exception" appelé "état d'urgence" semble avoir éveillé les consciences...
La gauche du PS monte au créneau
"Tout responsable de gauche et tout responsable républicain doit s'opposer à la déchéance de nationalité", a affirmé Pascal Cherki, député PS frondeur et encore assez proche de Julien Dray depuis le temps de la création de SOS Racisme, et de Henri Emmanuelli, mentor de Hamon, et Jean-Luc Mélenchon, aujourd'hui animateur désabusé du Parti de gauche).
Pruneau Le Roux a indiqué mardi matin sur i-télé qu'il préférerait travailler "sur la peine d'indignité nationale", laquelle pouvant frapper tous les Français indistinctement, "plutôt que de faire de la déchéance de nationalité " le débat central" du projet de réforme constitutionnelle. Même formule pour l'avocat Jean-Pierre Mignard, un intime de François Hollande, sur France Inter.
Apparue après la Seconde guerre mondiale pour sanctionner le comportement des Français ayant collaboré avec le régime de Vichy pendant l'Occupation, elle était alors accompagnée d'une peine de dégradation nationale qui prévoyait la privation de tous les droits civils, civiques et familiaux, ainsi que diverses interdictions professionnelles dans les secteurs public et privé.
Bernard Roman, député proche de François Hollande, a résumé la situation dans L'Obs: "Près de 80% des députés socialistes sont contre, ainsi que tous les commissaires aux lois PS". Or, pour mémoire, le gouvernement a besoin du feu vert du Parlement, puis d'un vote à la majorité des 3/5e des députés et sénateurs pour faire adopter le projet de loi de réforme de la Constitution.
Hollande déclenche une nouvelle vague de migrants du PS
Dans le même temps, de nombreux militants et élus locaux, notamment Vincent Tison et le bi-national franco-algérien Mohamed Moulay, dont le père était membre du Front de libération nationale (FLN), deux conseillers municipaux de Joué-lès-Tours (PS de 1995 à 2014, en Indre-et-Loire), ont demandé aux parlementaires de rejeter le texte lors de son examen, en février. Pour mémoire, c'est dans cette banlieue sud de Tours que, le 20 décembre 2014, un homme avait fait irruption dans le commissariat de Joué-lès-Tours aux cris "d'Allahou Akbar". Il avait blessé trois policiers à l'arme blanche avant d'être abattu.
Au siège du PS, Rue de Solférino, les apparatchiks préfèrent le silence.
Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, n'a pas encore officiellement réagi. Soit il est en vacances loin de France, soit il a été sommé de se taire. Selon son entourage, il se serait en effet opposé "jusqu'au bout" à l'exécutif sur cette mesure. En décembre, Kostas - son pseudonyme trotskiste lambertiste - estimait que la déchéance de nationalité n'était "pas une idée de gauche".
Dans les colonnes du JDD, Benoit Hamon, ministre de l'Éducation limogé, tape sur le président de la République. "Commencer le quinquennat par la promesse du droit de vote aux étrangers lors des élections locales et le terminer sur la déchéance de nationalité des binationaux, une telle transhumance politique et intellectuelle déboussole", commente cet agitateur de l'aile gauche du PS. "En introduisant cette distinction, la République n'est plus indivisible. Le symbole choisi (…) envoie à des millions de nos compatriotes le message suivant: vous êtes des Français de seconde catégorie", a également souligné le député des Yvelines, qui a tenté de convaincre le maître en rétropédalage à l'Elysée de faire machine arrière.
Julien Dray a lui aussi fustigé l'instigateur de cette mesure, qui, à son sens, n'a "aucune efficacité, même symbolique, contre le terrorisme". "Je ne m'explique pas la décision du président, d'autant que nous étions nombreuses et nombreux à avoir le sentiment que l'exécutif se rendait compte des risques que représentait la mise en chantier concrète d'une telle mesure", a révélé le conseiller régional d'Ile-de-France, ajoutant préférer une "peine d'indignité républicaine".
Et des défections ...
Certains n'ont pas attendu la déclaration officielle de l'état-major du parti. Ainsi, membre du PS depuis 40 ans et vice-président du département de la Gironde, Jean-Marie Darmian a annoncé qu'il se met en congé du PS, afin de "pouvoir se regarder dans la glace". Dans son blog, il menaçait jeudi de quitter officiellement son parti si la mesure était effectivement adoptée (lien PaSiDupes ou libellé au nom du déserteur au combat).
Autre signe symptomatique du malaise ambiant: plusieurs militants PS de la Loire vont quitter le PS, comme le rapporte France Bleu Saint-Etienne Loire. Le bi-national franco-algérien Abdel Cherif, secrétaire général du MJS de la Loire, se dit "déçu" et même "dégoûté" du Parti socialiste dont il a annoncé sur Facebook qu'il claquait la porte, tout en se maintenant à SOS Racisme où il est... trésorier.
Il s'est également fendu d'un tweet éloquent sur son départ, se disant "libéré, délivré".
François Hollande "doit se présenter à la primaire de la droite," selon le bi-national Daniel Cohn-Bendit: Du FN, alors...
"Une constitution ce n'est pas une boîte à outils pour lutter contre le terrorisme, indique-t-il sur Europe 1. Une constitution c'est là pour définir les valeurs du vivre ensemble et les modalités du vivre ensemble" .
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