mardi 15 septembre 2015

Affaire du dessin de Chaunu: Aylan, à toutes les sauces aigrelettes

Depuis la tuerie de Charlie, le dessin de presse reste létale

Exercer une activité publique sans avoir à en assumer les contreparties, notoriété et déraillements ?
Dessin originel...
Suite à son dessin contesté du petit Aylan, FigaroVox offre à Emmanuel Chaunu la capacité de réagir après les insultes et les menaces dont il dit avoir été victime, alors que les 5èmes Rencontres internationales des dessinateurs de presse auront lieu à Caen ce week-end.

Vous avez publié un dessin du petit Aylan qui a suscité de violentes critiques sur les réseaux sociaux. On reconnait la position du petit garçon dont la photo a fait le tour du monde, allongé ["échoué", face contre "terre", si on veut bien faire face à la réalité cruelle de la mort d'un enfant, tout en se portant au secours d'un dessinateur vivant] sur la plage [en fait, "une plage" de Turquie et non celle que fréquentent les familles qu'il ne sert à rien de culpabiliser]. Au dessus on peut lire: «C'est la rentrée». 
Que désiriez-vous dire à travers ce dessin?
[Allons-y, mais si son auteur doit s'en justifier, le dessin n'est-il pas raté?]
Emmanuel Chaunu: Quand l'image est diffusée, on est en plein dans le grand marronnier de la rentrée. [Aïe, ça démarre mal: la période est propice au grand n'importe quoi...] Les reportages sur le stress des enfants, les angoisses des parents etc. se multiplient. [Aveu de l'hypocrisie de la presse qui contribue donc à ce malaise pour faire du papier et combler le vide de l'actualité !] Puis, cette photo déclenche un tsunami émotionnel et nous bouscule, nous renvoyant aux angoisses un peu futiles de notre monde. [Quelles sont précisément ces futilités floues? Le chômage des Français? La hausse déguisée des impôts et la baisse réelle du pouvoir d'achat? L'augmentation de la mortalité sur les routes et la traque des automobilistes? Les mensonges de la presse partisane?] Je ne donne pas de leçon, je me brocarde aussi car on est tous égoïstes et, parfois, éloignés des réalités. [Autocritique vague et indulgente] Pour la rentrée et mon dessin pour L'Union, j'ai voulu rendre hommage à cet enfant qui est le nôtre. [Car nous sommes "citoyens du monde" et tous des "êtres humains": le discours dérape dans la philosophie de comptoir !] Alors que la rentrée des classes fait l'actualité, il y a la guerre et la montée de Daesh. Des peuples vivent ce que nous avons vécu en 1940. [en termes à peine voilés, Chaunu suggère l'exode des Français à l'incontournable "période la plus sombre de notre histoire", mais  l'exorciste s'écarte ainsi de l'actualité en évitant d'ailleurs de désigner les "nazis" qu'il évoque pourtant: le "dictateur" syrien ou les islamofascistes?]

Etes-vous surpris par la violence des réactions ?


J'ai été littéralement surpris par ces réactions incroyables. On a des gens qui réagissent de façon épidermique, sans analyse, se revendiquant de l'esprit du 11 janvier, alors que c'est beaucoup plus complexe que ça. [Les réactions incriminées sont de celles auxquelles on doit s'attendre en considération du sujet abordé, du choix du support internet et de l'ampleur de la cible recherchée.] Mon dessin n'est pas une caricature: on est plus proche du dessin publié au lendemain des attentats (où l'on voit des crayons transformés en poteaux d'exécution, ndlr) [qui  se revendique de l'esprit du 11 janvier ?] et dans le registre du symbolique et du poétique. [comment peut-on assumer une proximité avec le dessin et se retrancher derrière le "symbolique"? Quant à la poésie de la mort violente d'un enfant, il faut être Victor Hugo pleurant sur sa propre fille disparue...] L'enfant est restitué tel qu'il est sur la plage. C'est un dessin hommage. [Avec le cartable bien en place, pour faire plus symbolique et poétique...]

Que disent-elles de la société française?

Ce n'est pas attaché uniquement à la société française mais signe des temps, la toile est un vide-ordures, une grande décharge. [Chaunu y porte ses dessins -  ses encombrants, parfois - , à charge de ne pas participer à la pollution] Plus rien ne se structure. On lapide, on dégobille. [Une prise de conscience salutaire: Chaunu est-il en train de nous dire que les internautes sont des lanceurs d'alerte utiles ?] Il est temps d'analyser les réseaux sociaux, cette fantastique technologie. 
Que peut-on opposer à cette diarrhée du net? [Ne pas distribuer des produits pourris, par exemple !] 
Cela pose aussi la question du temps long et celui de la réflexion. [Emmanuel le dessinateur, fils de l'historien Pierre Chaunu, va-t-il réserver sa production à l'édition? Fini le numérique; retour au papier ?] On réagit de suite, simultanément, ne donnant pas le temps à la pensée de se construire. [Reproche valable pour les dessinateurs qui, à la différence des historiens, collent à l'actualité] Or, cette question du temps, on se la pose, dans notre métier de dessinateur, en même temps que nous surfons sur l'actualité. On est à la croisée des chemins.

A propos, le dessin reproduit par francetvinfo est amputé...
Dessin tronqué: pourquoi? (lien)
Pourquoi, croyez-vous, le service public a-t-il cru bon de censurer le titre malsain non tronqué en tête d'article? 

Ce week-end auront lieu les 5èmes Rencontres internationales des dessinateurs de presse à Caen
[où est né E. Chaunu], dont vous êtes l'un des organisateurs. Les premières depuis les attentats. Quel message voulez-vous y faire passer ?

Le Mémorial nous donne la chance de
pouvoir tous nous retrouver pour pouvoir échanger sur notre métier, notre passion. Des dessinateurs du monde entier seront présents. Mon message? le dessin de presse comme toutes les œuvres réclame un peu d'éducation: Il n'y a pas de caricature sans culture !
[Bienvenue aux lecteurs de Télérama: les ferrailleurs de grandes décharges et les raclures de vide-ordures y sont indésirables ...]

Chaunu dessine mieux qu'il ne se justifie, mais "peut mieux faire" toutefois, en cette rentrée des enfants des écoles et ce retour des marronniers. Il le doit, en hommage authentique et durable à tous les Aylan dont on ne parle pas. Et aux innocentes victimes des dessinateurs.

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